AU PRIX DE MON ÂME (Ep 6)

AU PRIX DE MON ÂME (Ep 6) | AfroRaise

   Deux semaines plus tard...

 

 

 

CYNTHIA

 

J’ai effectivement commencé par travailler et c’était un pur délice parce que c’était le moyen pour moi de mettre en pratique tout ce que j’avais appris, ça me plaisait d’être à la hauteur de toutes les petites tâches qu’on me confiait.

 

Elvire avait aussi commencé sa formation et je lui donnais aussi un coup de main pour que la formation réussisse bien pour elle. Après tout, je compte beaucoup sur elle et je crois fermement qu’elle y arrivera malgré le fait qu’elle ait abandonné l’école ça fait quelques années.

 

De son côté, Christophe le directeur continue de m’intimider mais je suis toujours sur mes gardes, jusqu’ici ça peut aller, je n’ai rien à craindre pour le moment mais on dit souvent qu’on ne chasse pas le naturel or mon naturel aime trop l’argent.

 

Pour mon petit patron qui était en voyage, on nous avait dit qu’il devrait revenir ce soir avant notre départ. Je compte bien le rencontrer pour savoir les petites choses à faire pour une meilleure performance, pas seulement pour moi mais pour toute l’entreprise. Cela devra être le but de chaque employé.

 

J’étais sur WhatsApp au service étant donné qu’à ce moment-là, je n’avais rien à faire. Un groupe qui regroupe tous les étudiants de ma promotion était à plus de mille (1000) messages, ce qui avait attiré mon attention. Je suis donc rentrée dedans histoire de lire les commentaires et de voir ce qui suscite autant de réactions parce que naturellement, nous sommes du genre à ne pas discuter dans ce groupe, les uns à cause de l’orgueil genre leur rang social et les autres à cause de leur paresse certainement.

 

Il y avait une information qui circulait effectivement, je prêtai attention et parait-il qu’un des nôtres venait d’avoir un accident. Je n’étais pas encore dans le vif du sujet, je ne pouvais pas non plus lire les 1000 messages en même temps or j’étais pressé de savoir ce qui s’est réellement passé. Du coup je posai la question aux amis toujours sur la même plateforme.

 

-Moi : svp qu’est ce qui s’est passé ?

 

-Agathe : un accident

 

Ça, je le savais déjà.

 

-Moi : de qui svp ?

 

-Momo : lis les anciennes discussions ou bien ?

 

Lui là, je le réponds même pas.

 

-Agathe : Cynthia, c’est le directeur.

 

-Moi (surprise) : Christophe ???

 

-Agathe : oui, oui.

 

Quoi ???? non, non il ne doit vraiment pas faire un accident, il doit vivre. Je veux qu’il vive pour voir comment je réussirai, il doit aussi vivre pour voir comment sera son avenir à lui, celui qui transforme les filles en prostituées, il doit vivre. Je parcours rapidement les discussions et je découvre qu’il est dans un état critique parce qu’il a été cogné par une très grosse voiture complètement chargée (un titan) juste en sortant de notre université, bref il est entre la vie et la mort. D’ailleurs Pourquoi permettre à un titan de passer devant une université au cours de la journée alors qu’il y aurait tout un monde là-bas. En réalité, je m’en fou s’il meurt mais je veux vraiment qu’il vive, s’il doit mourir, Dieu devrait le faire souffrir, c’est un con et un lâche, il ne fait que penser à son propre bien, Dieu devrait vraiment prendre soin de son cas.

 

« Il ne faut jamais souhaiter du mal à quelqu’un »me dit la partie Elvire qui était en moi. Aujourd’hui seulement, je ne peux pas donner raison à cette partie-là. Certaines personnes méritent la mort en étant même complètement écrasées, on ne devrait pas retrouver leur corps, Christophe le directeur fait partie de ces gens.

 

Dans mon bureau, je me lève et fais des 100pas, on n’est rien dans cette vie, pas du tout. Si on avait dit à Christophe tôt ce ma…

 

La sonnerie de mon téléphone me sort de mon monde de réflexions, je me précipite sur l’appareil et c’était le numéro de ma mère qui s’affichait. C’est bizarre, elle ne m’avait jamais appelé à cette heure. Je décroche vite pour voir si tout allait bien.

 

-Moi : allô maman

 

-Da-féli : pourras-tu revenir à la maison ?

 

-Moi : quoi ?? Je suis au service et on ne quitte pas le service comme on quitte la maison pour le champ

 

-Da-féli (triste) : c’est urgent, tu devrais demander une permission

 

-Moi : j’ai commencé il y a à peine deux semaines. Je ne peux quand même pas demander une permission juste comme ça. Il me faut une raison

 

-Da-féli : je te le dirai une fois rentré

 

-Moi : ah non, non. Da-féli, je ne peux vraiment pas.

 

-Da-féli : tu dois venir. Ce n’est pas toute chose qu’on peut dire par téléphone.

 

Non mais que veut-elle me dire réellement et qui ne peut pas être dit sur phone ? Demander une permission alors que je viens à peine de commencer ne serait vraiment pas joli à voir.

 

-Moi : vas-y, ils vont te l’accorder.

 

Je raccroche et je vais au niveau du secrétariat voir Latishia. Avant même que je ne commence, elle prend la parole ;

 

-Latishia : la plus belle cherche quoi au secrétariat ?

 

-Moi : j’ai un petit blem

 

-Latishia : avec les dossiers ??

 

-Moi : non, non. J’ai déjà fini avec ça.

 

-Latishia : ce qui veut dire que tu n’as pas de blem. Dis-moi ce qu’il y a

 

-Moi : ma mère m’a appelé, elle a dit que je devais urgemment rentrer sans me donner la raison précise.

 

-Latishia : on ne quitte pas une entreprise en plein midi tenant compte de la requête de sa maman

 

-Moi : je sais mais on dirait qu’elle a un problème

 

-Latishia : sa voix était comment ?

 

-Moi : elle était du genre triste. C’est une femme qui ne blague pas, du coup je peux t’assurer que quelque chose de sérieux se passe actuellement là-bas quoi que je ne sache quoi.

 

-Latishia :et le patron ou le DG qui doit venir, tu feras comment ?

 

-Moi : demain matin à la première heure, je le rencontrerai s’il te plait.

 

-Latishia : bon, ici c’est la famille. Je vais demander l’avis de l’assistant d’abord. Faudra vraiment que je le convainque. J’arrive.

 

Je prie intérieurement que l’assistant accepte parce que à part notre patron absent, c’est lui qui peut prendre les décisions. Maman aussi ne m’a jamais fait ce genre de choses, elle est sérieuse. Bizarrement un peu de peur me submerge quand même pensant à ce qui est peut-être arrivé à qui ? je ne sais pas. Je prends l’appareil pour rappeler ma mère quand la secrétaire réapparue.

 

-Latishia : il a accepté que tu ailles t’occuper de ta mère.

 

-Moi : merci infiniment, que Dieu vous bénisse. Et surtout, dites à mon patron que je ne suis pas une paresseuse, c’est plutôt un autre devoir qui m’a appelé à la maison.

 

-Latishia : considères que c’est fait.

 

-Moi : merci.

 

Je sors avec une allure pas possible de l’entreprise. Avec un zed (taxi moto), je rentre à la maison alors que je pouvais marcher. Je trouve ma mère en train de plier deux ou trois habits.

 

-Moi : c’est quoi ces habits ? Papa voyage ?

 

Elle lève son regard vers moi et son visage était tout rouge.. là je cours vers elle.

 

-Moi : maman, dis-moi ce qui se passe STP

 

A la place des mots, c’étaient des larmes, des reniflements, des soupirs… elle me prit dans ses bras, je ne comprenais rien.

 

-Moi : s’il te plait, dis-moi quelque chose, je pourrais t’aider à tout supporter. Libère toi maman stp, tu me fais de la peine.

 

Avec sa voix toute cassée, elle réussit à articuler quelques mots.

 

-Da-féli : ton père...

 

-Moi : oui, oui, il t’a fait quoi ? A-t-il déménagé sans nous ?

 

Je prêtai attention pour suivre un à un tous ces mots qui sortiront de sa bouche.

 

-Da-féli : il est entre la vie et la mort

 

-Moi : il est quoi ??

 

-Da-féli : il a fait un grave accident au niveau de ton université.

 

-Moi : non, non. C’est Christophe qui a fait l’accident

 

-Da-féli : c’est qui Christophe ??

 

-Moi : mon directeur

 

-Da-féli : ton père est directeur ?? ton père est Christophe ? n’est-ce pas ton père est Diallo ? Je dis qu’il est quelque part où on ne sait pas s’il sera toujours récupérable.

 

Là je venais de m’en rendre compte, mon père a eu un accident, des larmes commencèrent par couler, un hurlement fort sortit de ma bouche, je me retrouvais déjà par terre. Je refuse, mon père ne peut pas faire un accident, il doit vivre pour voir ma réussite, il a tellement fait, mon père entre la vie Et la mort ? c’est quoi ce truc ? Le malheur va toujours s’abattre sur les bonnes personnes ? j’avais l’impression que mon cœur s’est divisé en deux, je le sentais au fond de moi, oui il s’est divisé.

 

   CYNTHIA

 

Mon père a été victime d’un accident le même jour où Christophe en a eu, toutes les deux nouvelles ont eu don de m’immobiliser, de tuer à petit feu la petite joie qui était en moi ces derniers jours mais je ne comprends pas encore certaines choses et j’espère les comprendre bientôt. Que faisait papa au niveau de l’université ou il se baladait tout juste, à l’heure-là ? je ne pense même pas que Da-féli pourrait répondre à cette question parce qu’en ce moment-là, elle serait sûrement au marché.

 

Carrément mon père se trouve entre la vie et la mort, ça veut dire quoi cette phrase, se trouver entre la vie et la mort, ne pas être capable de respirer soi-même, ne pas être conscient, ne savoir rien de la vie, être dans un monde où les paroles des vivants ne peuvent pas t’atteindre, mon père est dans une situation incontrôlable. Nous étions déjà arrivés à l’hôpital et on ne pouvait pas encore voir mon père, décidément les infirmiers ne nous donnèrent pas l’occasion, sûrement pour le bien de notre papa.

 

-Moi : Da-féli, essuies tes larmes. Il va s’en sortir

 

-Da-féli : il va s’en sortir ? Par quel moyen ?

 

-Moi : on va en trouver.

 

-Da-féli : le fait que ton père soit couché là-bas, c’est déjà une très grande dette même si on ne nous a encore rien demandé. Ça viendra parce que on ne se relève pas d’un accident sans sous.

 

-Moi : on va attendre les docteurs et ensuite on ira cogner des portes, on trouvera une solution en tant que deux femmes fortes, on en trouvera certainement.

 

-Da-féli : aujourd’hui, les gens ne sont plus prêts à aider. Ils attendent juste quand une personne meure pour s’en soucier, parler de la personne haut et fort, clamer tout ce qu’il faisait de bien or que la personne a eu besoin des gens à ses côtés, il n’a vu personne.

 

Hum, je comprends très bien ce que ma mère veut dire par là, les gens verront leurs amis dans le besoin et ils les diront « courage » alors qu’ils peuvent mieux faire, ils ne le feront pas mais après la mort, tout le monde sera présent à vouloir donner quelque chose, à vouloir se faire remarquer en donnant la plus grosse somme, tchruu.

 

Elvire que j’avais informé fit son arrivée, elle demande les nouvelles et s’assieds finalement à côté de moi. Elle me tient ma main droite sans parler, la force qu’elle déverse en moi actuellement, je ne saurai comment vous la décrire. Elle tient fermement et assurément ma main en me regardant droit dans les yeux juste pour me dire « ne crains rien, je suis là, ça va aller, il va s’en sortir ».

 

Ma mère se lève brusquement et nous faisons pareil Elvire et moi, c’était l’un des médecins qui venait vers nous.

 

-Médecin : la famille de Diallo

 

-Da-féli : oui, oui c’est nous

 

-Médecin : suivez-moi dans mon bureau.

 

Elvire voulait se dégager de moi mais non je la tiens fermement à mon tour pour qu’elle puisse entrer avec moi. Mon cœur battait si fort qu’il n’y avait rien qui puisse le calmer. On prend notre courage à deux mains et on rentre dans ce bureau où des vérités seront dévoilées, ce bureau qui sera le siège de la vie ou de la mort de papa Diallo, ici, le lieu qui signifiera la fin ou le début d’une toute autre vie, ce moment où on évite les regards, on se pose les questions intérieurement et on essaie de lire sur les visages mais aucune réponse.

 

-Médecin : nous sommes des personnes âgées ici donc on ne va pas contourner le sujet. Aujourd’hui, votre papa a été victime d’un accident de route en allant je ne sais où. Ce même accident a occasionné un mort (le conducteur du directeur) et deux blessés très graves (votre papa et le directeur de l’Université d’à côté). Les faits racontent de n’importe quoi sur l’accident que je ne saurai vous expliquer, ce sera le travail des forces de l’ordre. Il est juste à noter que ce n’est pas une première fois sur cette route et surtout devant cette université.

 

Notre université ?? j’espère que ce n’est pas un pacte, j’espère qu’ils n’ont à avoir dedans. Non, non, s’ils avaient quelque chose à avoir là-dedans, Christophe ne devrait pas subir le même sort ou c’est juste une couverture ?

 

-Médecin : votre papa est dans un état critique, nous lui avons fait les premiers soins et vous devez premièrement payer pour ça. Le montant s’élève à 98.500f. j’espère que vous avez compris.

 

-Da-féli : oui, oui.

 

Déjà les 98.000 là, on va fouiller toute notre maison, on ne va pas trouver, hum.

 

-Médecin : depuis quand votre époux souffre du diabète ?

 

-Da-féli : de quoi ??

 

-Médecin : du diabète madame. Vous n’en savez rien ?

 

Mon père et diabète ? papa, mon Diallo, tu ne vas quand même pas me laisser seule. Je sens toutes mes forces me lâcher, juste à côté, quelqu’un me donna un peu de force pour pouvoir me tenir, le truc c’est que ça ne suffisait pas. Je commence par pleurer et ma mère aussi. Elvire essayait de nous réconforter sans pleurer mais peine perdue, elle a aussi sombré. Diallo ne doit pas souffrir de diabète.

 

-Médecin : désolée les dames, je croyais que vous saviez.

 

-Moi (en pleurs) : on va faire comment pour savoir ? papa garde tellement de choses pour lui-même. Il ne parle pas, il ne dit rien et après il dira qu’il l’a fait pour la famille. Comment ferons-nous pour deviner qu’il est diabétique ? Comment ferons-nous ? Sommes-nous des magiciens ? Papa, un diabétique, faire un accident grave, qu’est-ce que ça va donner ?

 

-Elvire (en m’ouvrant ses bras) : viens là...

 

Je m’y réfugie en même temps…

 

-Médecin : beaucoup de courage à vous. Comme je vous l’ai dit, il est dans un état pas net. Je vais vous le faire voir et on reviendra conclure notre discussion. Ame sensible s’abstenir.

 

Ah je ne peux vraiment pas m’abstenir de ça, quelle que soit comment je trouverai mon père, j’aurais une petite force pour supporter. Le docteur se lève et on le suit tous. Arrivée devant la porte, j’ai eu des frissons, j’ai eu envie de reculer parce que je ne savais pas dans quel état se trouvait mon père mais je devais aussi le voir et ça a pris le dessus. Je rentre, plutôt on rentre tous dans la salle…

 

Mon père avait un bandage sur tout son visage, on ne peut même plus le reconnaitre.

 

-Moi : papa… réponds-moi s’il te plait, réponds (pleurs). Merde ! qui t’a fait ça ?

 

-Médecin : il aura sûrement un autre visage s’il restait en vie. On l’a amené ici avec tout son visage ensanglanté, on aurait même dit qu’il a été frappé par un groupe de bosseurs.

 

Je touche son bras, il avait des déchirures partout sur le corps, c’est quoi ? Maman ne disait rien, elle coulait juste des larmes à la vue de son mari, ça me dépasse cette situation.

 

-Médecin : son bras gauche, je suis vraiment désolé, son bras gauche, on devra s’occuper.

 

-Moi : s’occuper de ça comment ?

 

-Médecin : on devra le couper.

 

-Moi : le quoi ?????!!!

 

J’ai crié de toutes mes forces mais le son n’est pas sorti, ça ne pourra pas sortir, j’ai trop mal.

 

Ma mère tombe et directement trou noir. Rapidement avec de l’eau froide, on la réveille, elle ne doit pas me faire ça.

 

-Moi : docteur, on peut s’en passer non ?

 

-Médecin : c’est pour son bien. C’est à cause du diabète qu’on va lui faire cette ablation, je vous assure que c’est mieux pour lui que de le garder toujours.

 

-Moi (essuyant mes larmes) : et si vous lui faites ça et puis il meurt…

 

-Médecin : il ne mourra pas, on va veiller à cela. On fera de notre mieux et Dieu fera le reste.

 

-Da-féli : Diallo, que t’ai-je fait pour mériter ceci ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit mon cœur ? Pourquoi as-tu supporté cette douleur tout seul ?

 

-Médecin : allez vous reposer, cet hôpital sera comme une seconde maison pour vous, juste pour un temps. Cherchez assez d’argent et on va faire de notre mieux.

 

Le médecin sortit et nous trois avions commencé par pleurer d’une voix forte, chacune de nous voulait se libérer suite au corps de papa Diallo qu’on regardait devant nous. La vie est injuste.

 

A SUIVRE


Ecrit par Esther AMETONOU

 

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