SURVIVANT (Ep 34) FIN

SURVIVANT (Ep 34) FIN | AfroRaise

 

Rolland se racla la gorge puis se tourna en direction de sa mère qui avait les bras croisés sur la poitrine, le regard vide

 

>J'ai trouvé votre numéro sur un papier dans un cube laissé par mon père. Avec une clé qui ouvre je ne sais quoi - dit-il en examinant la clé.

 

>J'attendais ton appel Richard GALLE. Je commençais à perdre espoir - dit le notaire.

 

>C'est Rolland, le grand frère de Richard.

 

>Ah d'accord. Mireille est avec toi ?

 

>Oui, elle est à côté.

 

>D'accord. Je te rappelle tout de suite pour que tu lui passes le téléphone.

 

 

Il raccrocha. Rolland demeura un peu bouleversé, le regard évasif.

 

 

Rolland : Maman, tu connais un notaire qui s'appelle Herman ?

 

Mme GALLE : Herman POFI ? Oui, c'etait un ami de ton père. Depuis qu'il est mort, il ne nous a plus rendu visite. Pourquoi ?

 

Rolland : Ah le voilà qui rappelle. Tiens.

 

 

Il lui tendit le téléphone après avoir décroché l'appel.

 

 

Mme GALLE : Allô ?

 

Herman : Bonjour Mireille. Comment tu vas ?

 

Mme GALLE : Herman ?

 

Herman : Oui, c'est moi.

 

Mme GALLE : Après tout ce temps, c'est aujourd'hui ça t'a plus de nous appeler ? Tu as rêvé de nous ? - dit-elle furieuse.

 

Herman : Ce n'est pas ce que tu crois Mireille. Tu sais bien que je ne sais pas mentir, j'ai donc voulu m'éloigner de vous pour ne pas dévoiler le secret de ton feu mari.

 

Mme GALLE : De quel secret tu parles ? Il a un testament ?

 

Herman : Pas en tant que tel. Sa mort a été soudaine. Néanmoins, il a laissé un cube à Richard. Dis le moi si je me trompe. Un cube avec des énigmes sur trois compartiments. Et au centre, une clé, un médaillon portant les symboles RG et une feuille portant mon numéro.

 

 

À ce moment, Rolland lui remit la clé et le médaillon

 

 

Herman : Cette clé sert à ouvrir un coffre que j'ai en ma possession, et dans ce coffre se trouve les papiers, le reçu et le titre de propriété d'un terrain de deux lots et demi qu'il avait acheté il y a seize ans. À l'époque où il travaillait encore. Il disait qu'il en aurait besoin un jour quand tout ira mal ou que peut-être ses enfants en auront besoin. Le terrain n'a presque rien coûté à l'époque mais actuellement, avec l'affluence des résidents dans cette zone, la valeur du terrain vaut actuellement vingt fois son ancienne valeur. J'attendais votre appel pour me libérer de ce fardeau. Mireille, je sais que tu es en colère après moi, mais comprends moi je n'avais pas le choix.

 

Mme GALLE : Je ne sais pas quoi dire - dit-elle troublée.

 

Herman : Il faut qu'on se voit pour en parler en détail, n'oublie pas de venir avec Richard. J'ai un plan d'investissement à vous proposer, soit le vendre entièrement, ou vendre une moitié. Bref, je vous attends. Je te laisse, j'ai une cliente. Ça m'a fait plaisir d'entendre ta voix et de savoir que vous allez bien. Un coucou aux enfants.

 

Mme GALLE : Merci Herman. Je n'y manquerai pas. Dieu te bénisse.

 

 

 

Elle remit le téléphone à son fils, secouée par cette révélation. Le téléphone affichage "batterie faible" puis s'éteignit.

 

 

 

Rolland : Grrr - fit-il énervé - Il a dit quoi ?

 

Mme GALLE : Que ton père a un terrain de deux lots et demi, et que cette clé permet d'ouvrir le coffre qui contient les papiers du terrain.

 

Rolland : Doux Jésus. Dieu a écouté nos prières. Que de bonnes nouvelles aujourd'hui, seulement…Richard.

 

Mme GALLE : Nous devons prier pour lui.

 

 

 

Une dizaine de minutes plus tard, le pasteur Malcom ouvrit la porte et émergea de la chambre. Une odeur nauséabonde envahit Mireille et ses enfants. Ils plaquèrent leurs mains sur leurs nezs en guise de filtres respiratoires.

 

 

Mme GALLE : Alors ? - fit-elle en se levant.

 

 

Eugénie et ses deux amis pénétrèrent, à leur tour, à l'intérieur du salon, n'ayant pu être retenu plus longtemps par Sylvestre.

 

 

Pasteur Malcom : Comme je vous l'avais dit, ça sera long. J'ai entamé la louange et l'action de grâce, mais j'ai besoin de vous pour la délivrance. Et pour que celà soit fait, il est le seul à l'accepter.

 

Mme GALLE : Il acceptera qu'il le veule ou pas.

 

Pasteur Malcom : La grâce et la bénédiction ne se forcent pas, tout comme la délivrance. Pour qu'une âme soit délivrée, il faut que son propriétaire le désir au plus profond de son cœur. Et c'est par là que les tréfonds de son âme seront touchés par la grâce lumineuse de notre Seigneur.

 

>Pouvons nous le voir ? - demanda Eugénie.

 

Mme GALLE : Pas maintenant, revenez plus tard.

 

Pasteur Malcom : Je crois qu'ils doivent y aller. Ils ne le reverront peut-être plus avant quelques semaines.

 

Mme GALLE : D'accord. Allez-y.

 

Pasteur Malcom : La chambre sent un peu mauvais les enfants - lança le vieil homme aux élèves.

 

 

Il lut l'inquiétude sur le visage de la mère et de ses enfants.

 

 

Pasteur Malcom : Il aura une raison de plus de vouloir vivre. Ses amis. Ne vous inquiétez pas. Il a retrouvé la vue. Je l'ai recouvert d'un pagne. Le fétiche aussi. Ils ne verront rien.

 

Mme GALLE : D'accord pasteur. Je ne sais pas ce qu'on aurait fait sans vous. C'est Dieu qui vous a mit sur notre chemin.

 

Pasteur Malcom : Je ne fait que l'œuvre de Dieu. C'est lui qui vous a mit sur ma route, pas l'inverse. J'aurai besoin de citrons verts non mûrs, de sel bénit et de feuilles d'hysope pour sa purification. Il me faut aussi de l'eau bénite, de l'huile d'olive sanctifiée, de la cendre d'hier, de trente quatre feuilles de l'arbre veuve pleureuse, de l'encens et de septs bougies.

 

Mme GALLE : Nous avons les bougies et la cendre. Du sel aussi mais non bénit.

 

Pasteur Malcom : Ne vous inquiétez, je vais cherchez le reste chez moi. Je ne suis pas loin. Jusqu'à ce qu'ils auront finit de discuter, je serai de retour.

 

Mme GALLE : D'accord pasteur.

 

 

 

Il s'éclipsa, laissant la famille GALLE en proie au désespoir et à l'espoir, aussi contradictoires soient-ils.

Aussitôt entrés dans la pièces, ils voulurent se couvrir le nez mais ne firent rien pour ne pas montrer leur gêne face à leur ami.

 

 

Richard : Vous êtes là ? - dit-il en réprimant un rire.

 

Romuald : Tu es aveugle maintenant ? Bien sûr que nous sommes là. Nous n'allions pas t'abandonner à cause d'une petite allergie.

 

Arthur : Est-ce vraiment une allergie ? - il demanda inquiet.

 

Richard : Pas vraiment. C'est le résultat de ma bêtise. J'ai…

 

Sylvestre : Richard ! - il coupa - Tu ne devrais pas.

 

Richard : Il faut que je le leur dise pour que ça nous serve de leçon à tous. J'ai voulu avoir de l'argent et je suis passé par ce que je peux appeler, la voie obscure. Un marabout. Romuald, tu te souviens des quarante mille que tu m'avais prêté ?

 

Romuald : Oui, j'attends toujours d'être remboursé.

 

Richard : Je les ai utilisé pour commander un portefeuille magique à un marabout - dit-il en terminant avec un rire.

 

Eugénie : Richard ! - fit-elle en se plaquant les mains sur la bouche.

 

Richard : Le porte-monnaie devait me produire cinquante mille par jour, seulement je n'ai pas respecté les consignes. J'ai menti sur mon âge, j'ai loupé une question, ma sœur a vu le fétiche, j'ai oublié l'amulette à côté du fétiche et voilà où j'en suis. Dans un sale état.

 

Arthur : Je suppose que c'est le fétiche qui est sous le pagne là.

 

 

Richard acquiesça de la tête en signe d'approbation.

 

 

Romuald : Donc, je ne pourrai plus récupérer l'argent ? C'est clair, le vieux va m'arracher les yeux.

 

Richard : Dis lui n'importe quoi, j'en assumerai l'entière responsabilité. Je travaillerai dans son garage pour le rembourser s'il le faut.

 

Romuald : Ce n'est pas seulement une question d'argent. Mais aussi de confiance. Même si c'était pour aider un ami, je l'ai fait dans son dos.

 

Richard : Je-sais-et-j'en-suis-vraiment-navré - dit il avec la voix entrecoupée de toux. Ces derniers jours, je n'ai pas été facile, je sais. Je vous demande pardon. Vous m'avez appris que l'on peut avoir des gens sur qui compter, même dans les pires moments. L'on peut beau être intelligent, seul, l'on n'arrivera à rien. Sylvestre, je ne saurai te remercier. Si je suis encore en vie, c'est peut être grâce à toi. Mais il me semble que tu disais quelque chose avant l'arrivée du pasteur Malcom.

 

Sylvestre : Je ne vois pas de quoi tu parles - dit-il avec fierté.

 

Richard : Bah D'accord. Eugénie, malheureusement on ne pourra pas travailler ensemble à cause de mon état.

 

Eugénie : Peut-être que si. À cause des examens régionaux qui se préparent, les dernières phases ont été repoussées d'un mois. Tu as intérêt à te rétablir avant ça.

 

Richard : Je ferai de mon mieux. Tu as également le professeur de français avec toi.

 

Eugénie : Je n'ai pas vu le professeur de français avant de te demander de m'aider ? - retorqua-t-elle furieusement.

 

Richard : Désolé - en éclatant de rire.

 

Arthur : On te laisse. Tu nous manques déjà.

 

Richard : D'accord.

 

 

Il sortirent en file indienne, Arthur en dernière position.

 

 

>Arthur - lança Richard.

 

 

Il revint sur ses pas.

 

 

>À mon retour, rappelle moi que j'ai quelque chose d'important à dire à Eugénie.

 

>J'en connais qui va déclarer sa flamme - dit Arthur en clignant d'un œil.

 

>C'est ça ! Continue et je finirai par me taire - termina Richard en riant.

 

 

 

Il prirent congés de la famille GALLE, après avoir adressé à la mère du surdoué, des mots de réconfort. Une fois hors d'atteinte de l'odeur maussade, Sylvestre tira Romuald à l'écart. Il sortit une enveloppe remplie de liasses de billets neufs et en un clin d'œil, il compta quarante mille et lui remit.

 

 

 

Romuald : C'est pour faire quoi ?

 

Sylvestre : L'argent qu'il te dois.

 

Romuald : Je ne peux pas...

 

Sylvestre : C'est un prêt, pas un don. Il me remboursera à son retour.

 

Romuald : Si tu le dis.

 

 

Il les empocha après l'avoir remercié puis s'en alla rejoindre les autres. Rolland toqua à la porte puis entra.

 

 

Rolland : Salut petit frère - dit-il avec un léger sourire triste.

 

Richard : Salut grand frère. Tu es rentré très tôt aujourd'hui.

 

Rolland : Oui, j'ai été embauché.

 

Richard : Où ça ? - en toussant violemment.

 

Rolland : Tu te rappelles d'IMEX International ?

 

Richard : L'histoire de détournement de fonds ? La société n'a pas été liquidée ?

 

Rolland : Non, elle a été rachetée par des étrangers. L'appel que je recevais sans cesse mais coupait avant que je ne décroche, c'etait eux. Je me demande quelle entreprise appelle plusieurs fois un candidat pour le recruter.

 

Richard : Ils ont été impressionné par tes stages kilométriques - dit-il en pouffant de rire.

 

Rolland : C'est ça ! Moque toi. Ils offrent un bon salaire. Je commence le lundi prochain. Contrat à durée indéterminée.

 

Richard : Ta persévérance a finalement payé. Ça y est, on pourra manger trois fois par jour nous aussi - laissant une larme couler.

 

Rolland : Tu l'as dit. Et ce n'est pas tout. Les pièces en métal qui raisonnaient dans le cube étaient une clé et un médaillon. En argent comme ta pièce. En la brisant tu les as fait sortir et il y avait un numéro. Quand j'ai appelé, je suis tombé sur un notaire qui a dit que c'était la clé d'un coffre qui contenait les documents d'un terrain de papa. Deux lots et demi. C'est là que mon téléphone…

 

Richard : …s'est encore éteint - il termina en riant - Si je savais, je l'aurai brisé depuis longtemps. Que de bonnes nouvelles aujourd'hui - pleurant et souriant tristement à la fois.

 

Rolland : Maman avait raison de dire de se munir de la prière et de l'espoir. Tu n'as plus à t'en faire. Tout ira bien maintenant.

 

Richard : D'accord grand frère.

 

 

Rolland se leva et marcha vers la porte.

 

 

Richard : Grand frère, j'ai peur. J'ai très mal partout, comme si on m'arrachait la peau.

 

Rolland : Je sais. Tout ira bien. Ah au fait, si maman ne punit pas c'est à cause de toi.

 

Richard : De moi ?

 

Rolland : Oui. Tu es celui qui ramène plus de problème à la maison. La plupart à cause de ta colère que tu ne maîtrises pas. Elle se dit que ce n'est pas de ta faute donc elle n'a pas de quoi te punir. Si elle ne te punit pas mais punit les autres, ça ne tiendrait pas la route. Alors au lieu de punir, elle donne un beignet et des heures de conseils et de réprimandes.

 

Richard : C'est elle qui te l'as dit ?

 

Rolland : Peut-être ou peut-être pas. Rétablis toi et tu le sauras.

 

 

Il sortit et vit sa mère et le pasteur tenant une petite sacoche. Les ingrédients réunis, il s'engouffrèrent dans  la chambre et fermèrent la porte derrière eux. Le pasteur Malcom déposa sa sacoche et la vida de son contenu. Il se plaça devant Richard et inspira un grand coup, une main posée sur la couverture de sa Bible.

 

 

Pasteur Malcom : Quand le Christ guérissait, il disait : Ta foi t'a sauvé. Il n'a pu accomplir ces miracles que parce-que ceux qui les recevaient croyaient en lui. Alors, je te pose la question mon fils. Veux-tu être délivré ? Veux-tu revenir auprès de Dieu ?

 

Richard : Oui. Oui, je le désire plus que tout pasteur.

Madame GALLE alluma les bougies et brûla l'encens sanctifié. Le pasteur enleva le pagne sur le fétiche et entonna des chants de louange, chants qu'elle reprit avec ardeur en balançant les bras dans le vide. Elle s'agenouilla, laissant couler des larmes imprégnées de multiples d'émotions, et pria pour son fils

 

<<Désormais, je ne serai plus un survivant mais un vivant>>

 

FIN

ECRIT PAR PRIVAS_WINNER

 

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