SI JE SAVAIS (Ep 8)

Denise : Non ça ira merci.
Karim : S'il te plaît j'insiste, on en profitera pour faire ample connaissance.
Tout semblait aller pour lui mieux pour Denise. Elle ne comprenait pas ce qui se passait mais elle aimait au fond ce retournement de situation. Elle était plus ou moins rassurée de ne plus avoir à rester constamment sur ses gardes avec une ennemie qui était à quelques centimètres d'elle du lundi au vendredi pendant les cours. Elle avait réussi à faire de son ennemie une potentielle amie. Elle se souvint qu'au début de lannee, Aïcha lui faisait la cour pour devenir son amie ; cette fois ci c'est elle qui provoqua cette amitié. Un mal pour un bien ? Denise ne pouvait pas encore le savoir, elle espérait que cette amitié sera durable et lui sera profitable en connaissance.
Denise et Karim marchaient pendant déjà une quinzaine de minutes, c'était la première fois que la fille de la couturière allait rentrer à la maison à pied. C'était une situation agréable, une sorte de confiance rapide s'installa entre eux deux, ils riaient comme des enfants au bord de la route. C'était le premier garçon de l'école avec qui elle avait une discussion aussi longue, le premier à la faire pleurer de rire. ‹‹ c'est ça s'ouvrir au autres et avoir des amis ? Si oui alors les jumeaux avaient raison, j'ai raté beaucoup de choses en restant dans mon coin››. À quelques corners de son domicile, Denise s'arrêta et demanda à prendre congé, Karim accepta sous condition qu'elle lui stoppe un Taxi et lui négocie le prix. ‹‹ Décidément, la journée d'aujourd'hui est dédiée aux conditions››.
Denise rentra chez elle en arborant un sourire lumineux que sa mère à l'atelier ne remarqua pas. Comme à l'accoutumée, elle fonça vers ses cahiers et documents, et fit ce que ferait tout élève autodiscipliné.
De l'autre côté de la ville, Aïcha n'avait pas encore digéré la refoulement de Rich. Elle se rendit au PDP, son centre commercial favoris et s'offrit toute sorte de choses extravagantes et coûteux dans l'espoir d'oublier.
La première semaine de cours de la nouvelle année venait de s'écouler, Denise prenait deux heures après chaque cours pour exécuter sa punition. Karim en fidèle ami attendait jusqu'à la fin et la raccompagnait dans un mélange de rire et de joie. Denise entama un grand changement intérieur et commença à s'ouvrir à ses camarades. Très vite elle fut appréciée et le nombre de ses amis se multipliait, autant de garçons, qui en profitaient pour la complimenter sur son énorme derrière, que de filles. Elle passa plus de temps avec les jumelles qui échafaudaient un plan pour faire tomber la métisse de son nuage de princesse. Quant à cette dernière, elle recommença à proposer de petites gâteries à Denise qui acceptait volontiers. Tout allait pour le mieux
Le vendredi, dernier jour de punition, Karim prit vite congé de la fille aux grosses fesses. Ayant fini plus tôt sa dernière séance de corvée, elle rejoignit la route principale et s'apprêtait à héler un conducteur de Taxi moto quand un véhicule s'arrêta devant elle. La vitre descendait avec lenteur dans un silence total.
Aïcha : Je te dépose quelques part ? ( En sortant la tête du véhicule noir)
Denise : Euh non merci ça ira.
Aïcha : J'ai vu que tu allais appeler une moto, aller monte on te dépose. Ne joue pas la fille timide.
Denise : Bon d'accord.
Aïcha : Tu habites où ?
Denise : pas moi du terrain national
Aïcha : Au terrain national s'il te plaît.
Chauffeur : D'accord mademoiselle.
Denise : C'est ton chauffeur personnel ?
Aïcha : Non, c'est il travaille pour mon père mais je peux m'offrir ses services quand je veux
Denise : Woaoh
Chauffeur : Mademoiselle, votre père m'a remis un paquet pour vous. Il voulait vous le remettre en main propre mais il a été appelé d'urgence au Bénin pour une affaire délicate.
Aïcha : Il a toujours des urgences ( en prenant le paquet sur le deuxième siège avant)
Denise : Attends ! C'est le dernier iPhone 11 ? ( les yeux presque hors des orbites)
Aïcha : Faut croire. (D'un air désinvolte)
Denise : Je peux le voir s'il te plaît ?
Aïcha : Je t'en aurais bien fait cadeau mais je n'en ai qu'un
Denise : De toute façon j'allais refuser ( en palpant le téléphone de tous les côtés avec concentration)
Aïcha : Dis, je t'ai jamais vu écrire dans le groupe WhatsApp de la classe. À croire que tu n'as pas d'Android.
Denise : Euh non j'en ai pas.
Aïcha : Vraiment ? T'es en terminale et tu n'as pas de téléphone ?
Denise : Détrompe toi, j'ai un téléphone à touche. Les Android ne sont qu'une distraction. Ma mère m'a promis de m'en offrir lorsque j'aurais le Bac.
Aïcha : Tu rates des choses je te fais pas imaginer.
Denise : Comme quoi ?
Aïcha : Par exemple le groupe n'est pas fait pour uniquement que des discussions, on y partage également des exercices et épreuves, on travaille ensemble en étant chacun chez soi. Si tu avais un Android ça serait tellement facile pour nous si tu savais.
Denise : Comment ça ?
Aïcha : Tu es là déléguée et la plus intelligente de la classe, tu pourrais nous expliquer mieux les cours et nous aider à comprendre les exercices difficiles. Chaque fois tu es la seule à aller au tableau faire les corrections. Les autres aussi veulent aller au tableau.
Denise : Hum. C'est vrai. Il est tant de commencer à former des groupes de travail. J'en parlerai demain aux autres.
Aïcha : Où alors ?
Denise : T'as une proposition à faire ?
Aïcha : Tu t'achètes un téléphone Android.
Denise : Tu rigoles j'espère (en éclatant de rire dans le véhicule.)
Aïcha : Suis très sérieuse au contraire. (se redressant contre le dossier du véhicule)
Aïcha : Conduits nous au PDP s'il te plaît
Chauffeur : D'accord mademoiselle.
Denise : Tu fais quoi ? Je veux rentrer chez moi (prise de panique)
Aïcha : Pas avant de t'avoir payé un Android
Denise : Je ne pourrais pas l'accepter
Aïcha : Oh que si. Je te laisse pas le choix.
Denise : Tu feras comment pour payer ?
Aïcha : Tu as vu mon sac (en le tapotant) dernière édition Gucci. T'en fait pas pour le fric. Mon vieux m'en donne assez pour acheter tout un magasin.
Denise : S'il te plaît Aïcha. Et comment veux-tu que je le dise à ma mère ? (Sa voix joviale avait changé en supplications)
Aïcha : Si tu veux pas qu'elle le sache tu n'auras qu'à la lui cacher.
Denise : Hum (d'un air pensif )
Aïcha : Tu fais que parler de maman maman maman. Faut convaincre ton père, ils sont tous comme ça, à offrir des cadeaux pensant que ça comblerait leur absence.
Denise : Mon père est décédé il y a quelques mois.
Aïcha : Owhh. Suis navrée ma puce, je ne le savais pas. (Elle prenait les mains de Denise entre les siennes et les caressait tendrement)
Denise : T'inquiète pas.(une sensation d'assurance naissait en elle)
Aïcha : Mais ce n'est pas une raison suffisante pour te laisser rentrer sans Android
Elles éclatèrent tous deux de rire dans le véhicule en attirant l'attention du chauffeur qui regarda par le rétroviseur. Il voyait là deux filles, plutôt deux sœurs qui semblaient se connaître depuis toujours.
*Deux semaines plus tard*
Jeannette : Noooonn Denise ne supprime pas la vidéooo.
Un véhicule noir stationna à quelques mètres de l'entrée du célèbre centre commercial. Deux filles en sortirent, une métisse dont la forme et la beauté faisaient tourner les regards des hommes, et une grosse fille noire mignonne aux pommettes bien dessinées et aux fesses généreusement grosses et molles. Aïcha et Denise avançaient toutes deux vers l'entrée du PDP où était posté un vigile qui troublé par la prestance des deux jeunes filles pris quelques secondes de réaction avant de se décider à leur ouvrir la porte vitrée.
Vendeuse : Bonjour mademoiselle
Aïcha : Mon amie veut s'offrir un téléphone
Denise : Euh Aïcha t'es sûre de toi ?
Vendeuse : Nouveautés ou anciennetés
Aïcha : Calme toi mon poussin. Nouveautés s'il vous plaît.
Vendeuse : Suivez moi s'il vous plaît, les nouveautés son à droite.
Denise :Tu as vu tous c'est téléphone ? Il y a les derniers modèles de tout. Woaoh ! Même le dernier Samsung et le dernier Infinix
Vendeuse : Faites votre choix mademoiselle
Denise : Aïcha, je ne peux pas. Tu as vu les prix ?
Aïcha : Faites nous voir le dernier Samsung et le dernier Infinix
Vendeuse : Très bien ( en ouvrant la vitrine. Elle sortit les deux téléphones et leurs boîtes)
Aïcha : Fais ton choix mon poussin.
Denise : Hum. (En tripotant tout à tour les téléphones.
Vendeuse : À droite vous avez le Samsung Galaxy S8+ qui à soixante quatre gigas de mémoire Rom et quatre gigas de mémoire RAM, Batterie quatre mille milliampères. Et à gauche vous avez l'Infinix S5 qui a soixante quatre gigas de mémoire Rom également et six gigas de mémoire RAM, batterie cinq mille milliampères. Je vous laisse comparer la netteté des caméras
Aïcha : Je pense qu'elle prendra celui-là mademoiselle. (En pointant l'Infinix entre les mains de Denise)
Vendeuse : Très bon choix pour votre sœur mademoiselle.
Denise : On peut encore faire marche arrière Aïcha. Tu as vu le prix ? Cent cinquante mille francs. C'est énorme. Je ne pourrais jamais te rembourser.
Aïcha : Qui parle de remboursement ? Et puis je le fais pour l'intérêt général de la classe. Tu pourras nous aider à traiter les exercices à distance.
Denise : Et dire que je vais commencer à faire des cachotteries à ma mère.
Aïcha : Arrivé à un moment tout le monde le fait. Sois pas gênée, elle aussi l'a sûrement fait quand elle avait ton âge.
Vendeuse : Tenez mademoiselle. ( En tendant le sachet contenant le téléphone en carton à Aïcha)
Aïcha : Remettez le au propriétaire. Voilà ma carte
Denise : T'as une carte de crédit ? (Avec Une mine qui laissait voir son étonnement)
Vendeuse : Tenez mademoiselle. Les cent cinquante mille ont été prélevés. Pas un franc de plus. Merci pour votre visite mes demoiselles.
Denise : Merci à vous.
Aïcha : Voilà c'est fait.
Denise : Je n'arrive pas à croire que j'ai un Infinix S5 entre mes mains et qu'il m'appartienne.
Aïcha : J'ai un iPhone 11 ma chère, te prends pas trop la tête.
Denise : Lundi je passerai à l'agence Togocel pour payer une nouvelle carte sim
Aïcha : Pourquoi une nouvelle ?
Denise : Tu oublies que j'utiliserais le phone en cachette ? Je pourrais pas me pointer devant ma mère et prendre un appel avec
Aïcha : Ah Oui. Pourquoi ne pas y aller en même temps ? Le chauffeur nous y conduira. (En ouvrant la portière du véhicule)
Chauffeur : Mademoiselle ?!
Aïcha : À l'agence Togocel la plus proche s'il te plaît. Au fait Denise pourquoi tu as choisi Togocel et non Moov.
Denise : J'utilise déjà un numéro Moov. Et toi ?
Aïcha : J'utilise les deux, bien évidemment.
Denise ne tarda pas à implanter sa nouvelle carte sim dans le nouveau téléphone avant même que le véhicule ne s'arrête devant l'atelier de sa mère. Les salutations quotidiennes faites, elle s'engouffra dans sa chambre qu'elle ferma à clé pour la toute première fois. ‹‹C'est peut être là fatigue qui la rend bizarre ›› avait pensé sa mère.
Chauffeur : C'est la nouvelle amie dont vous m'aviez parlé ?
Aïcha : Oui oui. Elle est adorable n'est-ce pas ?
Chauffeur : Si vous le dites ( le regard concentré sur la route )
Aïcha : Au début on a eu quelques petits malentendus, mais c'est de l'histoire ancienne maintenant. J'aime bien sa gaieté.
Chauffeur : Pensez à contacter votre père pour l'informer que vous avez bien reçu son cadeau.
Aïcha : D'accord d'accord. Je le ferais une fois à la maison. Dis, ça t'arrive de penser à nos moments de folies qu'on avait passé dans cette voiture ?
Aussitôt son téléphone se mit à vibrer sur la banquette arrière.
Aïcha : Oui allô papa ?
Père : Comment tu vas ma chérie ?
Aïcha : Bien et toi ?
Père : Ça peut aller, je suis actuellement très occupé, je t'appelle juste pour savoir si tu as bien reçu mon cadeau.
Aïcha : Évidemment ! Oui je l'ai bien reçu ton cadeau
Père : On en reparlera okay ? Si je cours de gauche à droite c'est pour vous offrir à toi et à ta mère le meilleur.
Aïcha : Ok ! (Elle raccrocha aussitôt sans écouter la suite)
Denise passa toute la nuit à configurer son nouveau téléphone pendant qu'Aïcha était braqué devant l'écran géant du salon qu'elle regardais à peine en tapant des doigts sur le clavier de son iPhone 11. Elle mis au parfum ses deux meilleurs amis à l'étranger qui étaient folles de joie et l'enviaient. Le téléphone vibra encore entre ses mains.
Aïcha : Oui allô ?
Rich : Ma puce, comment tu vas ?
Aïcha : Ça va bien et toi ?
Rich : Un peu mal à la tête à cause des fautes d'orthographe mais ça peut aller. Tu fais quelque chose ?
Aïcha : Non pourquoi ?
Rich : D'accord habilles toi, je viens te chercher dans une trentaine de minutes, j'aimerais qu'on dîne ensemble.
Pendant ce temps, Diane avait déjà fermé l'atelier et libéré les apprentis. Elle tourna la poignée de la porte quand elle remarqua que Denise l'avait fermé à clé.
Denise : Attends maman, je t'ouvres
Diane : C'est étrange, tu as fermé ta porte ?
Denise : Oui juste comme ça.
Diane : D'accord. Si tu as envie de parler de quelque chose je suis là. J'ai cru entendre la sonnerie d'un autre téléphone provenant de te ta chambre...
A suivre...
Ecrit par Privas_Winner