UNE AIDE QUI M'A TOUT COÛTE

UNE AIDE QUI M'A TOUT COÛTE | AfroRaise

 

<<L'aide, c'est comme une épée de Damoclès ou une médaille à double revers qui peut parfois se retourner contre soi et tout détruire en une fraction de seconde.>>

 

Verdo Lompiol...

 

 

Le commun des mortels dit que vous devez aider votre prochain lorsqu'il est dans le besoin si vous  avez les moyens mais est-ce pour cela qu'il faut se laisser piétiner par quelqu'un que vous avez aidé?

 

Je m'appelle Otniel; j'ai quarante trois ans et voici mes déboires.

 

J'avais perdu toute ma famille dans un tragique accident dans la fleur de l'âge et le bonheur de grandir à côté de mes parents fut étouffé dans l'œuf. Il me restait une tante maternelle mais cette dernière souffrait d'une maladie mortelle donc ne pouvait pas me recueillir. Même son fils unique trainait dans les rues et se démerdait pour s'en sortir. Dieu faisant bien les choses, je tombai sur une vieille famille allemande en mission chez nous à qui je rendis service.  En guise de remerciement, elle me recueillit. Elle m'apporta son aide et me traita comme si j'étais l'un des leurs. Elle m'amena en Allemagne où je continuai mes études jusqu'à ce que j'obtienne mes diplômes et que je devienne autonome. Je fus embauché par une compagnie aérienne dans laquelle je commençai à travailler. Plus tard, mes parents adoptifs aussi me quittèrent mais bien avant ils me confièrent toutes leur fortune. J'avais une situation on ne peut plus reluisante.

 

 

*Quelques années après*

 

Je rentrai au pays pour visiter ma tante et apporter un peu d'aide à mon cousin. Après plusieurs discussions avec eux, nous conclûmes que ce serait mieux que je l'amène avec moi en Allemagne. Cela lui permettrait aussi de sortir de la misère alors je commençai les démarches administratives avec lui pour qu'il ait au moins les documents nécessaires pour le voyage avant mon départ. Durant nos courses, je rencontrai une jeune femme au nom d'Abidé dans les vingt cinq ans environs qui vendait des ananas au bord de la route. Nous avions commencé à discuter et nous avions sympathisé. Elle me raconta son histoire. Elle avait perdu son père à son jeune âge tout comme moi et sa mère il y avait quelques mois. Elle a deux petites sœurs. L'une venait d'avoir son baccalauréat et l'autre de seize ans était en apprentissage avec deux enfants sans père. Seul son petit commerce lui permettait difficilement de subvenir au besoin de tout ce monde. Je me retrouvai quelque part dans ses dires. Au moins moi j'avais eu la chance que le bon Dieu me mette sur le chemin des personnes bienveillantes; ce qui m'avait permis de réussir ma vie alors, je m'engageai à lui venir en aide tout comme mon cousin. Je lui remis tout d'abord une énorme somme d'argent et payai ensuite tous le cursus universitaire de sa sœur cadette ainsi que les frais d'apprentissage de la benjamine. Je leur achetai également une petite villa pour qu'ils puissent vivre confortablement. Abidé et moi avions ensuite également discuté et nous nous  arrangeâmes pour un mariage qui lui permettra de se rendre en Allemagne. Le contrat stipulait que nous allions faire semblant d'être ensemble le temps que l'État allemand lui octroie la nationalité et nous devrions nous séparer une fois que ce fut fait.

 

Quelques mois après, nous célébrâmes le mariage. J'effectuai les dépôts de dossier de visa de mon cousin et d'Abidé à mes propres frais à l'ambassade puis je repartis en Allemagne. Ils me rejoindraient une fois que l'ambassade le leur aurait fourni.

 

*Six mois plus tard*

 

Abidé eut facilement le visa contrairement à mon cousin qui avait quelques petits soucis par rapport à son dossier. Elle me rejoignit donc seule. Je l'installai dans une chambre que j'avais pris soin de lui préparer et je lui trouvai plusieurs travaux bien payants en attendant qu'elle obtienne la nationalité et qu'elle devienne aussi autonome comme nous l'avions prévu.

 

Un soir, après que nous ayions assez bu, nous nous laissâmes emporter par l'alcool et nous avions couché ensemble jusqu'au petit matin. Je ne vis clair dans mes idées que lorsque nous avions terminé nos parties de jambes en l'air. Nous nous sentîmes gênés et dès lors nous avions fixé  des limites entre nous deux et nous avions juré que cela n'allait plus jamais se reproduire.

 

Deux mois passèrent, Abidé m'annonça qu'elle était enceinte. Ce n'était pas dans mes projets en cet instant de faire un enfant mais je lui promis de m'occuper d'elle comme cela se devrait.

 

Dans les mois qui suivirent, Abidé eut la nationalité. Elle accoucha également un petit garçon. Nous avions organisé une petite fête et invité certains amis pour partager avec nous ce merveilleux moment. Ce fut une très belle soirée. Après que les invités se soient éclipsés, mon cousin m'informa par téléphone  que l'ambassade allait finalement lui octroyer le visa à condition que je me porte garant de son logement pour une période de six mois. J'annonçai la nouvelle à Abidé mais malheureusement, elle la prit mal et m'interdit de donner mon accord. Elle prétendit que nous devrions maintenant penser au futur et au bien être de notre enfant. J'étais choqué par sa réaction. Tout d'abord, j'avais cru qu'elle me faisait une blague mais c'est lorsqu'elle commença à criailler que je me rendis compte que ce n'en était pas une. Lorsque je lui rappelai les termes de notre arrangement, elle me sortit que les choses avaient changé et que ce contrat ne valait plus ce que j'imaginais; que dorénavant si nous devrions parler du divorce, je devrais lui céder cinquante pour cent de ma fortune plus les allocations de notre enfant. C'était comme si le ciel me tombait dessus. Je ne pouvais pas croire que quelqu'un que j'avais sorti de la misère pouvait tout d'un coup se retourner contre moi.

 

Abidé changea de comportement. Elle sortait chaque soir et des fois ramenait ses amis que je ne connaissais pas à la maison. Des fois, c'étaient des hommes avec qui elles papotaient jusqu'aux heures tardives de la nuit et lorsque je la lui reprochais, cela se transformait en de violentes disputes où elle m'exhibait ses droits en pleine face. Ce qui me foudroya le cœur, ce fut lorsqu'elle fit les papiers de sa sœur cadette sans m'informer et la fit débarquer chez moi. 

 

Réflexions après réflexions, j'appelai l'ambassade et me portai garant pour mon cousin et quelques semaines plus tard, il me rejoignit. La nuit même de son arrivée, j'eus des problèmes avec Abidé. Nous nous disputâmes longuement et ne pouvant plus supporter ses insultes, je lui donnai une gifle. Le lendemain, elle fit débarquer la police à la maison. Je fus incarcéré pendant quelques jours et plus tard elle demanda le divorce. Le fait d'avoir porté la main sur elle me fit perdre 90% de mes biens en sa faveur lors du procès. Le juge lui confia aussi la garde de notre fils à qui je devais payer des allocations par mois. Le plus dure c'est lorsque mon patron m'annonça que je n'avais plus le droit de mettre les pieds dans son entreprise.

 

Mon cousin et moi nous nous retrouvâmes à la rue. 

 

 

Ecrit par : Koffi Olivier HONSOU

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