LE TEST (Ep 9)

LE TEST (Ep 9) | AfroRaise

 

LE TEST chapitre 9: Le sosie.

 

        

           **Rose**

 

Dieu merci, mon fils va beaucoup mieux. Dès mon arrivée, je l'ai amené à l'hôpital et après quelques injections, il s'est presque rétabli. Il faisait une sévère crise de palu. Heureusement que je suis arrivée à temps. Un jour de plus et je risquais de le perdre. Les médecins m'ont révélé qu'il a vraiment tenu bon sinon avec le taux de plasmodium qu'il avait dans le sang, pour un enfant c'est un peu trop. Ils auraient pu quand-même l'emmener à l'hôpital, les premiers soins sont gratuits. Au lieu de ça, ils disaient que c'est juste de la fièvre en lui préparant des infusions à la maison. Après cette histoire, l'idée de laisser Alphonse ici ne m'enchante guère désormais. Mes parents sont vieux et ils n'arrivent pas vraiment à  canaliser le petit et à l'éduquer avec fermeté comme ils l'ont fait avec moi. Et pour un enfant, c'est très mauvais de grandir ainsi. Il a besoin que quelqu'un s'occupe vraiment de lui. Son père lui, n'a pas l'air de savoir qu'il a un fils. Bof, qu'il aille loin, lui. J'élèverai seule mon fils comme il le faut. Le souci est que je vis aussi chez quelqu'un. Mme Akossiwa a un très bon cœur, c'est vrai mais de là jusqu'à accepter que mon fils vienne aussi habiter avec nous, j'hésite un peu. Ça doit donner l'impression que j'abuse de sa gentillesse. Pourtant, je ne vois aucune solution. J'ai besoin de ce travail et mon fils lui a besoin de grandir aux côtés de sa mère. Depuis hier après qu'elle m'ait appelé pour avoir des nouvelles de mon fils, je réfléchis sérieusement quant au fait de rentrer en parler avec ma patronne et de le faire venir ensuite si éventuellement, elle donne son accord. Dès demain, je repartirai en ville.

 

 

           **Arielle**

 

Mon deuxième jour de stage s'est bien déroulé et je m'intègre tout doucement à leur environnement. Toute la journée, j'ai guetté Cédric mais je ne l'ai aperçu nulle part. Probablement qu'il doit être occupé car même à l'heure de la pause à la cantine, je ne l'ai pas vu. Ce n'est pas grave. On est dans la même boîte et forcément, on se recroisera.

 

Ma voiture est encore tombée en panne ce matin. Ce tas de ferraille là que père a fait semblant de m'offrir pour se débarrasser de moi, me dérange énormément. Le mécanicien est venu l'embarquer à la maison et c'est ma sœur qui a été obligée de faire un détour pour venir me déposer au boulot. C'est elle que j'attends justement quand je vois Cédric sortir du hall. Il m'a tout de suite aperçu et se dirige vers moi. Mon cœur cognait fort dans ma poitrine au fur et à mesure qu'il avançait. Qu'il est charmant, cet homme!

 

-Lui: Salut Arielle. Comment a été ta deuxième journée parmi nous ?

 

-Moi: ça s'est plutôt bien passé, je dirai. Beaucoup de boulot, c'est vrai mais ça a été.

 

-Lui: ah c'est comme ça ici. J'en suis ravi.

 

-Moi: et vous comment vous allez?

 

-Lui: ça va, journée assez épuisante aussi. Toute la journée, j'étais en séance de travail avec le DG.

 

-Moi: ah d'accord.

 

-Lui: tu ne rentres pas ou tu attends quelqu'un?

 

-Moi: ma voiture est encore tombée en panne et c'est ma sœur qui m'a déposé ce matin. C'est elle que j'attends.

 

-Lui: ah sacré engin, n'est-ce-pas? Elle arrive déjà? Sinon, je peux vous déposer quelque part si vous voulez. Moi je suis à l'autre bout de la ville.

 

-Moi: merci mais non, ne vous dérangez pas monsieur. Elle m'a appelé il y a quelques minutes qu'elle est déjà en route. Ah, c'est elle qui arrive justement.

 

-Elle: Bonsoir! (a-t-elle dit en arrivant à notre niveau)

 

-Moi: Monsieur Cédric, je vous présente ma grande-sœur Nadine.

 

Il se tourna pour la regarder.

 

-Lui: Bon Dieu, Naomi ?

 

 

          **Nadine**

 

Qu'est-ce que je ne ferais pas pour ma petite sœur adorée? Sa carcasse de bagnole refusait de démarrer alors bien que j'étais un peu en retard, j'ai dû rallonger mon trajet pour la déposer avant de me rendre au boulot. J'ai promis de revenir le soir la chercher et c'est dans leurs locaux que je suis justement entrain de garer.

 

Je la vois tout de suite au loin devant le hall d'entrée entrain de discuter avec quelqu'un. Je gare en pleine cour puisque je compte repartir aussitôt et je m'approche d'eux pour jouer à la curieuse. Vu l'allure du type, je serais prête à parier que c'est le fameux directeur financier qui a tapé dans l'œil de ma sœur.

 

-Moi: Bonsoir!

 

-Arielle: M. Cédric, je vous présente ma grande-sœur sœur, Nadine (dit-elle dès qu'elle me voit).

 

-Lui: Bon Dieu, Naomi?

 

Euh, qu'est-ce qui se passe là? Quelqu'un peut-il éclairer ma lanterne? Le gars recule en arrière et paraît vraiment stupéfait, un peu comme s'il venait de croiser un fantôme en plein minuit. Il a même laissé tomber son sac et tremblait telle une feuille.

 

-Arielle: M. Cédric, vous allez bien ?

 

Après quelques secondes, il déclara:

 

-euh oui-oui, je vais bien.

 

-Arielle: mais vous êtes tout pâle tout d'un coup. Et pourquoi vous appelez ma grande-sœur Naomi?

 

-Lui: désolé. C'est parce qu'elle ressemble beaucoup à quelqu'un que j'ai autrefois connu.

 

Il ramasse son sac par terre et dit ensuite:

 

-désolé les filles, je dois vous laisser.

 

Juste avant même qu'Arielle n'ait le temps de répliquer, il s'éclipse à la vitesse de la lumière.

 

-Moi: Mais dis donc. Drôle de présentation. Il a quoi?

 

Arielle hocha simplement les sourcils en guise de réponse. Elle aussi ne comprenait absolument rien. On aurait dit qu'il avait peur de moi.

 

-Moi: En tout cas, il est plutôt bel homme ton type. Mais pas de bol pour toi, il est marié. Règle n°1: toujours analyser les doigts.

 

-Arielle: donc en l'espace de quelques secondes, t'as eu le temps de vérifier tout ça?

 

-Moi: bien sûr. Et un conseil, fais-le toujours. Conseil de grande-sœur. Bon, allons-y. J'espère que maman a un truc en stock hein. Moi j'ai une faim de loup.

 

 

          **Jordan**

 

Pamela est encore passée hier les larmes aux yeux. Ça me fend le cœur de la voir ainsi. La voir pleurer ainsi, mon cœur ne le supporte pas du tout. C'est toujours le statu quo chez son père. Elle a dû finalement quitter la maison parce que son père lui a donné un ultimatum pour avorter et rompre avec moi. Mais elle tient toujours à garder son enfant alors elle est partie chez une amie à elle en attendant que son père se calme. J'aurais bien aimé qu'il vienne vivre avec moi puisqu'elle porte mon enfant mais je n'ai pas encore demandé sa main et ça risquerait aussi de plus envenimer la situation. Je n'ai plus goût à rien et j'arrive plus à bien me concentrer sur mon boulot. N'eut été la réflexe d'un de mes collègues hier, un brigand aurait pu sérieusement blesser le fils du boss. Pourquoi le père de Pamela me déteste autant? Depuis les débuts de notre relation, il ne m'a jamais apprécié. Selon Pamela, ma tête ne lui plaisait juste pas; mais là c'est carrément de trop. On pourrait croire qu'il me hait. On s'était déjà rencontrés et je lui ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Je n'y comprends plus rien. Je ne suis pas hyper riche mais j'ai quand-même largement de quoi m'occuper de sa fille. Hum Seigneur, viens-moi en aide.

 

Je me préparais pour me rendre au boulot ce matin quand j'entendis la sonnette. Je pars donc ouvrir pour voir qui c'est. Il y avait un type en costume noir et des lunettes de soleil à l'entrée. Le cliché type d'un garde du corps, un peu comme moi quoi! Je reste sur la défensive en étant paré à toute éventualité.

 

-Bonjour Monsieur. Que puis-je faire pour vous?

 

Sans même prendre la peine de me répondre, il se dirige vers un 4×4 noir garé un peu devant. Il ouvre la portière et qui je vois en sortir? Mon dur à cuir de beau-père habillé en un complet bazin. Par respect, je sors carrément de la maison et je vais vers lui.

 

-Bonjour papa. Soyez le bienvenu.

 

-Lui: épargne-moi les civilités jeune homme. Je ne suis pas venu pour ça. Je vais aller tout droit au but. Combien?combien veux-tu pour laisser ma fille en paix?

 

-Moi: mais Monsieur. J'aime votre fille et je désire vraiment l'épouser. Ce n'est pas une question d'argent.

 

-Lui: Ouais, tu parles. Dis plutôt que c'est ma fortune que tu vises donc tu fais tout pour t'en accaparer. Je vois clair dans ton jeu. J'ai dit combien ?

 

Alliant le geste à la parole, il sort son chéquier et poursuit:

 

-j'ai dit combien ? Dix, vingt, trente, quarante, cinquante millions ? parle, gamin, je n'ai pas toute la journée.

 

-Moi: avec tout le respect que j'ai pour vous, si c'est l'objet de votre visite, je vous prierai qu'on en reste là. Vous voulez m'acheter? Non, soyons sérieux. Il s'agit du bonheur de votre fille quand-même. Et cela ne s'achète pas.

 

-Lui: petit insolent, à qui parles-tu ainsi ? Toi, épouser ma fille, ça n'arrivera jamais. Tant qu'on m'appellera Anani KONDO, ça ne risque pas de se produire. Fais juste attention à toi.

 

À peine, il termine sa phrase qu'il retourne vers sa voiture accompagné de son garde du corps. Et ils démarrent en trombe pour repartir dans le sens inverse.

 

Mais ce n'est pas croyable. Cet homme a du béton à la place du cœur ou comment ? Je n'en revenais toujours pas. Si sa fille l'apprenait, elle en serait très peinée. Il vaut mieux qu'elle n'apprenne rien de tout ceci. Je reste planté là quelques minutes avant de retourner à l'intérieur.

 

 

          **Cédric**

 

Comment est-ce possible qu'on puisse autant ressembler à quelqu'un? Je pensais avoir laissé tout ces remords derrière moi. Mais à la vue de cette fille, tout est revenu à la surface. Naomi, Naomi, est-ce toi qui revient du royaume des morts me hanter ainsi ? Je pensais avoir tourné la page en essayant d'avancer mais là, je me rends compte que je me suis complètement trompé sur toute la ligne. On ne tire jamais un trait sur le passé aussi facilement.  Si Bryan en vient à être au courant, je ne suis pas certain qu'il me le pardonnera. J'ai essayé de me convaincre que ce n'était qu'un fâcheux concours de circonstances mais tout au fond de moi, je sais que c'est de ma faute.

 

Bryan ne l'a jamais su mais c'est à cause de sa sœur que je me suis rapproché de lui. Je la voyais circuler dans le quartier sans pour autant avoir le cran de l'aborder. J'étais très timide à l'époque et à vrai dire c'est grâce à la compagnie de Bryan que je me suis un peu ouvert d'ailleurs. Ce gamin a toujours eu un don pour la bêtise. Un jour par hasard, je faisais un tour dans le quartier quand j'ai vu trois gamins qui l'agressaient. Je ne sais pas où j'ai trouvé le courage mais je leur ai tenu tête et ils l'ont laissé tranquille. Ce fut le début d'une très belle amitié. Grâce à lui, je me suis rapproché de Naomi et au fil du temps, elle aussi a fini par tomber amoureuse de moi. On a commencé à sortir ensemble quand j'étais au lycée. Mais on a préféré garder le secret puisque leur mère me considère quasiment comme un membre de la famille à part entière. Entre-temps, on a commencé à se prendre la tête pour des futilités. Quand elle a débuté ses études de médecine, elle n'avait plus trop le temps et on se voyait rarement surtout que je bossais aussi. On a fini par se comprendre mais à un moment donné, j'avais l'impression qu'elle exagérait un peu. Je croyais fermement qu'elle voyait quelqu'un d'autre (un collègue avec qui elle était tout le temps; je les ai même croisés par hasard dans un bar une nuit), alors pour me défouler ou soit-disant me venger d'elle, quand j'ai rencontré Marina (meilleure amie de Naomi) à cette fameuse soirée d'anniversaire, bah on a couché ensemble. L'alcool et la colère, ça fait pas très bon ménage. Très tôt, j'ai réalisé que c'était la plus grosse connerie que j'ai jamais eu à faire de toute ma vie. Naomi est venue me voir le lendemain et on a tout réglé. On prévoyait même tout officialiser auprès de nos familles respectives quand mes conneries m'ont rattrapé.

 

     **Il y a cinq ans**

 

-Marina: la nouvelle ne me réjouit pas autant que toi mais telle est la réalité.

 

-Moi: non, pas maintenant bon Dieu. Ça ne peut pas arriver maintenant.

 

-Marina: pourtant c'est arrivé. Cette seule nuit a suffi Cédric. Tu crois que je ne suis pas consciente de la gravité de la situation? J'ai déjà trahi ma meilleure amie en couchant avec toi. Je ressens un tel remord depuis cette nuit mais là j'apprends que je porte un enfant de toi, ça c'est le comble.

 

-Moi: Hum. On a vraiment merdé tous les deux. Naomi serait anéantie si elle apprenait cela. C'est radical mais il faut que tu avortes.

 

-Marina: Si c'était possible, crois-moi, je ne t'en parlerais même pas. Malheureusement dans notre famille, c'est un tabou. Je perdrais ma vie si je le tentais.

 

-Moi: Eh! Je suis dans la merde jusqu'au cou. Juste au moment où je commence à entrevoir un avenir avec Naomi, toi tu attends un enfant de moi. Putain de nuit…

 

A peine j'eus terminé la phrase, je tourne la tête que je vois Naomi devant la porte. Vu l'expression de son visage, j'ai aisément deviné qu'elle avait écouté notre  conversation.

 

-Naomi: je n'arrive pas à y croire. Vous, deux des personnes en qui j'ai le plus confiance le plus au monde, comment avez-vous pu me trahir de la sorte?

 

Marina baissa la tête n'arrivant pas à regarder en face son amie. Naomi, en ce temps s'avançait doucement vers elle. Et tout d'un coup, elle bondit sur elle tentant de l'étrangler en hurlant toutes les obscénités possibles.

 

-sale pétasse. De tous les hommes qu'il y a sur cette terre, c'est sur mon Cédric que tu jettes ton dévolu ? Je vais te tuer. Tu es le diable incarné Marina.

 

Avec toute l'énergie dont je disposais, j'ai réussi à les séparer. De toute ma vie, je n'ai jamais vu Naomi dans cet état. Dès que je la dépose au sol, elle me flanque une de ces gifles dont la douleur m'a pénétré tout au fond de mon âme. Elle s'effondra ensuite sur le sol et a commencé à pleurer. Je ne me suis jamais senti aussi mal de toute ma vie. J'aurais bien aimé aller la consoler ou aller la serrer dans mes bras mais j'étais comme paralysé tout d'un coup et aucun mot ne sortait de ma bouche. Soudain, le téléphone de Naomi sonna. Elle le laissa sonner pendant un bon moment avant de décrocher.

 

-(snif) Allô… Le docteur Kenny n'est pas là ?Hum Ok.  J'arrive tout de suite.

 

Elle se leva sur le coup et s'en alla. Je l'ai suivi jusqu'à la terrasse et le seul truc que j'ai pu réussi à dire c'est:

 

-Je suis désolé Naomi.

 

Elle me regarde pendant quelques interminables secondes avant de répondre:

 

-Tu me dégoûtes Cédric...

 

Je l'ai regardé s'en aller sans savoir que c'était la dernière fois que je la verrais vivante. Quelques heures après, Bryan m'appelle pour me faire part de la nouvelle. Elle a eu un accident de la circulation en se rendant dans une clinique où elle travaillait pour une urgence. C'était donc ça l'appel. Vu l'état dans lequel elle était avant de me quitter, c'était logique. Le patient en question n'a également pas survécu.

 

J'ai vécu la plus douloureuse épreuve de toute ma vie. J'ai deux morts sur la conscience depuis tout ce temps et je crois que cette culpabilité, je la ressentirai à vie.

 

Quelques mois après, mon précieux Kylian est né. C'est grâce à lui que j'ai réussi peu à peu à tourner la page et à entrevoir le bout du tunnel. Le plus difficile a été de le cacher à Bryan tout en souffrant seul en silence. Mine de rien, cinq années sont passées et je me suis surpris à vraiment aimer Marina, je l'ai donc épousé.

 

J'avais l'impression d'avoir oublié ce douloureux passé une fois de bon mais cette fille vient de rouvrir de très profondes blessures...

 

À suivre

 

#Nick LEGONOU

Share this