LE TEST (Ep 49)

LE TEST (Série Littéraire) Chapitre 49 :
*Emefa*
- Jeune fille, vous jouez à un jeu très dangereux vous savez ? L’amour qui lie ces deux-là est très fort. Vous entêter à les séparer, c’est quasiment défier le destin. Mais si vous êtes certaine que vous saurez respecter mes prescriptions, peut-être que ça pourrait marcher. Dans le cas contraire, vous perdrez tout. Peut-être même votre vie.
- Ne vous en faites pas pour ça baba. Je gère la situation.
- Voici donc de nouveau cette poudre que vous devez verser dans sa nourriture durant trois jours sans exception et cette amulette que vous devez garder quelque part dans votre chambre à l’abri de son regard. Je précise bien à l’abri de son regard parce que si ses yeux se posent sur cette amulette, le charme n’aura plus aucun effet et se retournera contre vous. Vous pouvez même jusqu’à en perdre la tête. Donc veillez à tout cela. Je vous aurais averti de tous les risques en tout cas.
- J’en suis consciente mais je suis prête à les assumer. Merci beaucoup.
Je sors une grosse liasse de billets violets de mon sac à main que je lui remets. Il me fit signe de les déposer dans la calebasse et commença à réciter des incantations et en projetant en l’air du gin qu’il venait juste de boire.
- Vous pouvez vous en aller jeune fille…Gbo fiètè ! dit-il en buvant de nouveau son gin.
Après quelques minutes de marche en pleine brousse, je retrouve le goudron. Je trouve tout de taxi un taxi qui me ramène à la maison. Je m’empresse tout de suite d’aller cacher l’amulette dans un endroit assez insolite et je file vers la cuisine lui préparer son dîner. Jordan, tu es désormais à moi et personne ne va te reprendre…
*Tony Mé*
- Koffi, as-tu appris la nouvelle de l’arrestation de Robert Lawson et de ses associés ?
- Comment le rater puisque tout le monde en parle ? Sur tous les médias, les réseaux sociaux, l’info passe en boucle.
- Tu ne peux pas savoir à quel point cela me ravit. Ce qui me plaît le plus, c’est que ce vent a également emporté cet enfoiré de Max Lo, mon plus grand rival. Lui hors circuit maintenant, je crois qu’on va régner sur cette ville sans partage.
- Mais il paraît que c’est son bras droit qui va reprendre les rênes. Quoi tu parles de Rick ? il n’a pas les couilles pour ça. On va s’en débarrasser vite fait. N’as-tu pas envie de devenir une légende dans ce pays ?
- Si si. Et tu le sais.
- Alors, réunissons nos forces. Il faut qu’on saisisse cette aubaine pour régner sans partage sur cette ville. C’est pour ça que je t’ai fait appeler.
- Mais j’ai aussi un gros coup à vous proposer.
- Laisse ces petits coups pour se débrouiller quelques jours. Je te parle de pouvoir maintenant. Il faut qu’on vise plus grand.
- Je suis à fond avec vous boss. Dites-moi par où commencer et je m’y mets tout de suite.
- C’est exactement comme ça que je veux t’entendre parler…Oui Pablo, qu’est-ce qu’il y a ?
- Il y a mademoiselle Vanessa qui attend pour vous voir aussi.
Je me tourne instinctivement vers Koffi qui change toute de suite de mine à l’appel de ce nom.
- Ah, ta meilleure amie veut me voir. Dis-je pour le taquiner. Bien évidemment, ça ne l’a pas fait marrer.
- D’accord Pablo. Dis-lui de venir.
Elle arriva quelques secondes après et Koffi se leva au même moment. Ils n’eurent aucun regard l’un pour l’autre.
- Boss, on continuera cette discussion quand vous le désirez. Je suis à votre disposition.
- Ok. Ça marche. Mais tu ne la salues même pas ? Ce n’est pas gentil, ça.
Il se contenta juste de me sourire assez faussement avant de s’en aller. Ces deux-là, même s’ils se retrouvent en enfer ne cesseront jamais de se battre.
- Que me vaut l’honneur de ta visite miss Vanessa ?
- Ecoute Tony. Je ne suis pas d’humeur pour tes sarcasmes. Je suis juste venu te dire d’accélérer le mouvement avec ta boniche sinon je risque de prendre des mesures pas très conventionnelles. Tu me connais très bien pour savoir que je ne plaisante pas quand mes intérêts sont en jeu.
- Ne t’ai-je dit pas la même chose il y a quelques jours à propos de ton petit toutou ? Alors fais ta part aussi.
- Il ne veut même plus me voir. C’est certainement parce qu’elle lui fait les yeux doux. A toi donc de la tenir éloignée.
- Ok. Je vais mettre le paquet de mon côté. Mais si ton gars doit jouer à l’emmerdeur, je n’hésiterai à sortir les griffes d’accord ?
- Tu n’as pas intérêt à toucher à un seul de ses cheveux sinon…
- Sinon quoi ? Tu vas publier une vidéo de moi ? Puisque c’est ce que tu sais faire le mieux.
- Je préfère ne pas te répondre. Contente-toi juste de faire ton boulot. Tu sais très bien que je peux m’attaquer à ta boniche aussi.
- Tu as vraiment du cran, toi. Tu ne peux pas savoir à quel point ça m’excite.
- Il est permis de rêver en tout cas. Bon, je te laisse.
Sans ajouter un mot de plus, elle se lève et s’en va. Son déhanchement, la vache. Cette fille est une vraie bombe et son caractère de lionne enragée la rend encore plus séduisante. Comment peut-on laisser une beauté pareille, bon sang ?
*Judith*
- Toc toc. Grande-sœur chérie, Es-tu déjà réveillée ? Comment te sens-tu ce matin ?
- Bof, je ne saurai même pas quoi te répondre en réalité. Chaque jour qui passe sans que j’aie des nouvelles de Jordan, c’est l’enfer. Malheureusement les jours passent et se ressemblent tous enfin de compte.
- Te voir comme ça m’attriste tellement tu sais ? Jusque-là, je n’arrive toujours pas à admettre qu’on parle du même Jordan. L’homme que je connais n’aurait jamais pu permettre te voir autant souffrir.
- Pourtant c’est bien lui sœurette. Je suis plus étonnée que toi par son attitude. On dirait qu’il n’a quasiment plus de cœur.
- Je ne sais pas exactement mais moi je pense qu’il y a quelque chose d’autre derrière tout ça.
- Comment ça ? Je ne te suis pas.
- Qu’il ne soit peut-être plus lui-même. Il perd la tête ou on lui a jeté un sort, je ne sais pas trop. Sinon comment peut-on expliquer que l’homme qui a affronté papa et le monde entier pour votre amour il y a quelques mois, mette tout ça à l’eau tout d’un coup ? Et puis, quel est cet amour soudain pour Emefa ? Il la connaissait même bien avant toi. Pourquoi ce n’est que maintenant qu’il va officialiser leur relation. Réfléchis bien Pam. Avant d’abandonner, assure-toi au moins d’avoir fait ce qu’il fallait. Vous vous êtes battus corps et âme pour qu’aujourd’hui votre enfant naisse, alors il faut continuer par le faire pour lui. Un si grand amour comme le vôtre ne peut pas s’éteindre juste sur un coup de tête comme ça.
- Hum, au fond tu n’as pas du tort Judith. Tout ce que tu dis est bien plausible. Mais comment puis-je savoir ce qui lui arrive exactement ?
- Chris me parle souvent de son oncle prêtre qui l’aide beaucoup spirituellement. Je peux peut-être lui en parler pour qu’on aille le voir.
- Ok. Il n’y a pas de soucis. Dès que tu auras de ses nouvelles, tiens-moi informée alors. Je ne perds rien en essayant en tout cas.
- Effectivement.
- Ah en parlant de ce dernier justement. Comment se porte votre relation ? Je suis tellement absorbée par mes problèmes que je t’ai un peu négligé dans la foulée ces derniers temps.
- Chris est un amour je t’assure. Il me comble de bonheur. A l’écoute, doux, attentionné, bref, il est à ma juste mesure quoi !
- Hmm sœurette ! Tu es amoureuse deh ! En tout cas, ça me fait plaisir de l’apprendre. Je vous souhaite beaucoup de bonheur. Tu sais bien que tu pourras toujours compter sur mon soutien.
- Oui je le sais. Bon, il faut que je te laisse. J’ai cours dans une heure.
- Ok. Tu passes une excellente journée alors.
- Merci !
Je fais un bisou à mon neveu chéri avant de filer. Je l’aime trop ce petit boud’chou…
*Rose*
J’ai eu des frissons dans tout le corps l’autre jour quand monsieur Bryan m’a fait des compliments. Pour la première fois depuis que je suis ici, c’est la première fois qu’il m’a regardé comme une femme, pas comme une domestique ou juste comme la maman d’Alphonse. Mais je me fais juste des idées probablement. Regardez le genre de femmes avec qui il sort ; je n’ai rien à voir avec elles ; le genre qui respire la classe ; comme celle qui était là hier. Mais il l’a envoyé balader juste comme ça, imaginez un peu. Il a été un peu dur avec elle je pense mais bon, je ne devrais pas le juger puisque je ne sais pas ce qui s’est passé entre eux. Peu importe, je devrais normalement commencer à ne plus trop rêver. Les hommes comme Bryan ne s’intéressent pas aux femmes comme Rose. J’ai pris cette décision il y a bien longtemps mais dès que je le vois, je m’oublie carrément. Et surtout quand il se met à sourire, walaye, mon cœur fond littéralement. Je l’entends m’appeler justement depuis le salon.
- Rose, peux-tu m’apporter du sucre s’il te plaît ? Il n’y en a plus dans la boîte ici.
- Bien monsieur.
D’habitude, je range les paquets dans un tiroir qui se situe en haut du lave-vaisselle. C’est toujours la croix et la bannière quand je dois prendre un truc dans ce tiroir. C’est là que madame Akossiwa les rangeait depuis toujours alors quand je suis arrivée, j’ai continué ainsi. Or, la patronne est assez élancée contrairement à moi. Je devrais peut-être trouver un autre emplacement pour ces denrées usuelles comme le sucre justement. Je prends le grand tabouret de la cuisine et je monte dessus. Olala, je l’ai poussé jusqu’au fond ; la galère. Je tends mon bras pour m’en saisir et juste au moment où je pose la main dessus, je perds l’équilibre et je glisse du tabouret pour tomber à la renverse. Le temps de réaliser que je décollais déjà vers le sol et juste au moment mes pieds quittent le tabouret, deux puissants bras avec un torse d’athlète me rattrapent de justesse. C’était Bryan.
*Bryan*
- Rose, peux-tu m’apporter du sucre s’il te plaît ? Il n’y en a plus dans la boîte ici.
- Bien monsieur…
- Je pense que tu devrais aller le chercher fiston. Elle a souvent du mal à prendre les choses dans le tiroir. Après, je vais tâcher de vider ce tiroir d’ailleurs. Dit ma mère qui arrivait juste au salon.
- D’accord maman.
Je me dirige vers la cuisine et je la vois de loin sur un tabouret en train de tendre le bras à l’intérieur. Maman avait bien raison. J’arrive à l’entrée et je m’apprêtais à lui dire de me laisser le prendre quand elle commença à perdre l’équilibre. Je me précipite aussitôt vers elle et heureusement je pus la rattraper.
Elle a dû avoir la peur de sa vie, vu le cri qu’elle a poussé. Elle atterrit dans mes bras et quand elle réalise qui c’est, elle pousse un ouf de soulagement et sourit. Wao, quel sourire ! Qu’est-ce qu’elle est mignonne, putain ! Elle plonge son regard dans le mien et on s’observe dans les yeux pendant d’interminables secondes. Je peux même sentir son souffle sur ma peau. De toute ma vie, je n’ai jamais ressenti un tel frisson pour une femme. Je me perds complètement dans ce regard si innocent.
Je n’arrivai pas à résister à l’envie de l’embrasser. J’approche mes lèvres des siennes et à peine je les effleure que la voix de ma mère se fit entendre au loin.
- Bryan, vous avez pu le retrouver ?
On sursaute tous les deux et comme premier réflexe, je la pose par terre. Je prends quelques secondes avant de répondre.
- Oui maman, c’est bon.
Gros mensonge, puisqu’on n’avait même pas encore pris le sucre. Rose de son côté ne sut plus où se tenir. Et comme d’habitude, elle baisse la tête un peu gênée. Moi je pousse le tabouret sur le côté et je récupère le paquet sucre dans le tiroir.
Je me retourne ensuite vers Rose et la seule chose que je pus réussir à dire après quelques secondes d’hésitation c’est :
- Merci.
- Je vous en prie monsieur. Répondit-elle en ayant toujours les yeux baissés.
En cet instant précis d’ailleurs, Alphonse arriva dans la cuisine en courant. Dès qu’il me voit, il se précipite vers moi.
- Bonjour tonton.
- Ah bonjour poto ! Tu as bien dormi ?
Il hocha la tête en guise d’acquiescement.
- Super alors. Il faut te brosser les dents et tu vas m’accompagner acheter du pain pour mémé d’accord ?
- On ira en voiture ?
- Oui oui.
Il sourit aux éclats quand il entend ma réponse. Ce petit et son amour pour les voitures ! Un peu comme moi.
- Vas saluer maman maintenant…
Avant de quitter la cuisine, j’ai un dernier regard pour Rose. Nos regards se croisent d’ailleurs quelques secondes. Je me retourne brusquement et je m’en vais. Qu’est-ce qui vient de se passer là, bordel ?
**Bernadette*
Ça fait quelques semaines que je n’ai plus croisé ce fichu Raymond nulle part. Tant mieux alors. Peut-être qu’il a compris qu’il fallait mieux en rester là. C’est bien mieux pour tout le monde ainsi.
Aujourd’hui mon mari veut qu’on se fasse une petite sortie en famille. Chose qu’on n’a pas fait depuis un certain temps. Il a réservé une table dans un chic restaurant et nous passons un très agréable moment.
Ma vessie commence à faire des siennes et je me rends aux toilettes. A peine je sors que je tombe nez à nez sur Raymond dans le couloir.
- Toi encore ? Tu m’espionnes ou quoi ? ça commence à bien faire hein ! Je ne peux plus sortir de la maison sans risquer de te croiser quelque part ?
- Ne te mets pas dans tous tes états s’il te plaît. Je ne savais même pas que tu étais ici. Crois-moi.
- Donc tu vas me dire que c’est le fruit d’un hasard que je te croise ici ? Et pire encore pile au moment où je me lève pour me rendre aux toilettes.
- Je te jure que je ne savais pas que tu étais là. Je me rendais tranquillement aux toilettes aussi.
- Tu n’as même pas honte de mentir ainsi ? Qu’est-ce que tu me veux à la fin Raymond ? Me gâcher la vie, c’est ça ? Tu crois que c’est évident que je dise à ma fille que le père qu’elle a toujours connu n’est pas en réalité son vrai père et que je dise à mon mari que je l’ai laissé élever l’enfant de quelqu’un d’autre ? C’est ce que tu veux vraiment ? Oui, je l’avoue Nadine est ta fille, que vas-tu faire maintenant ? Et crois-tu que ça lui ferait du bien de l’apprendre ?
- Qu’est-ce que tu dis maman ? Ai-je bien entendu tout ce que tu viens de dire ? Cet homme est mon père ? Fit une voix derrière Raymond. Et cette voix que je reconnaîtrais même parmi des milliards, c’est ma fille ; Nadine…
A suivre
Nick Legonou