CONFESSION D'UNE INSATIABLE (Ep 10)

CONFESSION D'UNE INSATIABLE (Ep 10) | AfroRaise

*Jour 10 : Flirts à volonté*

 

 

```J'ai eu connaissance de l'existence de ces couples dont la relation s'apparente à une démarche de crabe sur le sable, un zigzag. Même si j'en ai pas personnellement fait les frais, j'ai l'opportunité d'entendre un récit de cette trempe. Est-ce de l'opportunité ? Tout est relatif.

Je suis enfoncé dans mon siège bourré les coudes sur les manches du fauteuil, une main sur l'autre sous mon menton quand ma collègue Sarah dépose avec un bruit sourd une pille de dossiers devant moi, pour la troisième fois. Je sors de mon état de réflexion en sursaut et me met à lui sourire sans raison.

 

- Ton enfant est malade ? (Demande-t-elle pour me taquiner, les cheveux retenus en chignon derrière son crâne)

- Non mais justement, (dis-je en me redressant) je pensais à lui acheter de nouvelles couches. Le stock est épuisé et je me demande si ça te dirait de m'accompagner au marché.

- T'es pas croyable toi ! (Dit-elle en riant) Dis moi, à quoi tu penses ?

- Rien de spécial mais je n'arrive pas à trouver une réponse logique à ma réflexion.

- Dis voir.

- Vu que tu as une certaine expérience dans le domaine relationnel, peut-être que tu trouveras une réponse adéquate. Pourquoi certains couples ne cessent de rompre ou de faire des pauses et se retrouvent après ? J'essaie de trouver des mots justes. Par exemple, vous êtes ensemble, vous vous faites du mal, vous faites une pause et chacun va s'adonner à ses activités furtives puis vous revenez ensemble. Et la boucle reprend.

- C'est un peu comme mon homme et moi.

- Ah, tiens donc. Qu'elle étrange coïncidence (dis-je avec moquerie)

 

Elle se fige un moment puis se met à sourire en me regardant. La climatisation a asséché une bonne partie de ses lèvres et ses joues ont une couleur pourpre.

 

- Je ne sais pas quoi te répondre. L'amour, je dirai. On se fait du mal, on sort peut-être avec d'autres mais cet amour est si fort qu'on fini toujours par se retrouver. Tu comprends non ?

- Que vous vous faites copieusement tourmenter par l'un et l'autre, vous faites des galipettes avec X et Y puis au nom d'un certain amour vous vous retrouvez et vous vous pardonnez ? Non, désolé je comprends pas. (Je réponds avec un regard questionneur) Quoi qu'il en soit, je te remercie pour ta réponse.

- Ok. Traine pas sur les dossiers.

 

Elle avait dit un truc comme : malgré tout je l'aime dis-je à voix basse.

 

- Tu as dit quelque chose ?

 

La main sur la poignée de la porte en bois, elle se retourne vers moi.

 

- Non, je parlais seul.

 

N'est-ce pas plutôt la manifestation  d'une incapacité à tourner la page ? Je suis de ceux qui préfèrent abréger les souffrances d'un animal plutôt que de l'entendre se débattre et hurler sans fin son désespoir. Mettre les points sur les i. Queen, bien qu'elle ait fait souffrir Rémi, ce n'était rien en comparaison de ce qu'elle a subit. Étrangement, son quotas de supportabilité de la douleur est élevé.

 

L'odeur du sol mouillé soulevée par le vent frais de la soirée de ce vendredi me chatouille les narines. Une goutte d'eau se libère de l'emprise d'une tôle au-dessus de moi et s'écrase sur mon gilet noir. Aucun doute, il a plu. Je suis absorbé par la douce image d'une mère, une bassine de citron sur la tête, traînant chèrement son fils de trois ans environs après elle, quand mon téléphone se mit à vibrer.

 

- Tu as fini ? (Demande Queen au téléphone)

- Je viens juste de sortir, un soucis ?

- Non aucun, je suis venue plus tôt aujourd'hui, heureusement que toi es déjà là sortie.

- Je suis en route.

 

Je raccroche. Le petit garçon suit toujours docilement sa mère à l'autre bout de l'avenue.

J'arrive devant la crèmerie quand je remarque que celle-ci est gorgée de monde. Je me fraie un passage et après avoir remarqué Mary au fond de la salle, deux coupes de glaces déjà vides, je me dirige vers elle, compressé de part en part par ces gens qui s'empressent et s'agitent comme s'ils ont eu vent de la venue du Christ et se sont dit : Une dernière glace pour la route.

 

- Tu étais là depuis ? (Je demande en prenant place)

- Oui, un moment. Je n'ai pas été aujourd'hui.

- Tout va bien ?

- Oui, très bien. Je réglais quelques petits trucs pour ma boutique. J'ai demandé une permission.

-Et qu'est-ce que tu vas vendre ?

- Des mèches, des articles de beauté pour dames.

- Ah ! Au prix de combien d'hommes saignés ? (Je demande sur un ton taquin)

- Seulement cinq. Il n'ont que faire de leur argent et espèrent coucher avec moi juste en mettant la main à la poche.

 

Simple et rayonnante, Mary dégage une assurance qui semble affecter tout ce quelle touche. Elle racle le fond de son bol pourtant vide puis revient à moi.

 

- J'ai l'impression que ça ne t'enchante pas ou que tu es déçu.

- Non, ce n'est pas ça (dis-je avec ferveur) C'est un très bon projet je t'assure. Je souhaite que ça marche pour toi.

- D'accord. Ça te dirait de faire de la pub pour moi ?

- Quoi, sur ma page ?

- Oui.

- Désolé chérie. Tu peux me menacer de m'embrasser, me piper, tout ce que tu veux mais tu connais la réponse.

- D'accord. Je sais que tu changeras pas d'avis. Tonton rentre la semaine prochaine,  avant Noël.

- Super. Martine aussi.

- Tu sais ce que ça veut dire j'espère.

- Non. Quoi donc ?

- Que tu as jusqu'à la veille de leur retour pour me donner ma réponse. Tu as dit qu'elle sera favorable.

- Sans soucis. (Je répond avec un sourire sournois). Passe moi ton téléphone s'il te plaît.

 

Elle pousse son iPhone 11 sur la table comme une vulgaire ardoise. Je le saisit et une joie indescriptible m'envahit.

 

 Avez-vous déjà eu en votre possession quelque chose que vous n'êtes pas censé avoir avant quelques années ? Si oui, c'est l'effet que me procure son téléphone, même s'il n'est pas mien.

 

Je rentre dans son appli Snapchat et je prends quelques photos puis lui remet.

 

- Tu t'es reconverti ? (Me demande-t-elle ébahie) Aux dernières nouvelles tu détestais les snap.

- Je les ai prises pour toi.

- Awnnn, c'est trop chou. J'oubliais, le billet que j'avais déposé sur la table hier avant de partir, je l'ai retrouvé dans mon sac. Comment tu as fait ?

 

Je souris, plaçant mes coudes sur la table, ce qui, je devine, intensifie sa curiosité.

 

- Secret professionnel (dis-je de vive voix en souriant)

- Bon, revenons à notre histoire (dit-elle suffisamment fort pourque ses mots traversent les bourdonnements et murmures qui emplissent la salle pour me parvenir).

 

Rémi s'était retourné et me regardait dans les yeux : je lisais dans son regard le désir d'un dernier baiser ou un câlin. Quand on était ensemble, il racontait des trucs comme après l’amour ce n’est pas la guerre et consorts et moi je lui disais essaies seulement et tu verras. Il était fou, qui allait lui donner sa bouche et lui ouvrir ses bras après ça ? Pas moi en tout cas. En plus il pourrait me mettre un vent pour se venger de mon indifference quand il m’annonçait que c’en était fini de nous.

Bref je l’ai regardé heun. Si mes yeux étaient des  revolvers, je te jure qu’il allait mourir remourir trimourir. Bref tu as compris. Et puis j’avais fermé mon portail gbammmm.

Et direct une larme est tombée de mon œil. Je ne sais plus lequel.

Ne pense pas que j’ai pleuré heun (dit-elle en cherchant une serveuse du regard). Bon on peut dire que j’avais pleuré. Mon deuxième œil n’avait pas fait tomber même une seule goutte de larme oooo

 

 - Oui toi le grand Privas, amévi pluridisciplinaire que tu es là tu dois m’expliquer ce phénomène. Comment on peut pleurer d’un seul œil ? Faut chercher explication là sinon moi ça me depasse.

 

Je me mets à rire

 

- Tu as dit que c'était une seule goutte de larme qui t'avait échappée au début. Je pense que c'est pas sorcier, tu avais les deux yeux mouillés de larmes et les paupières et cils d'un œil n'ont pu la contenir. Et comme la ligne était déjà tracée, c'était facile pour les larmes de  découler de cet œil. Avec le vent et l'humidité, l'autre s'est mise à sécher ce qui a fait que cette larme n'a pas coulé.

- Anh, je comprends. Je savais que toi au moins tu allais trouver une explication.

 

Trois boules de vanille pour moi et trois boules de chocolat pour monsieur s'il vous plaît, dit Queen sans attarder son regard sur la serveuse

 

- Trois boules de la même saveur ? (Je demande à la fois surpris et presque furieux)

 

Donc (continue-t-elle en ignorant ma question) mon œil là a fait couler quelques larmes. J'étais allée me coucher, j’étais façon soulagée mais le lendemain matin éé fallait me voir, on dirait j’allais mourir. Donc je n’avais pas rêvé dèh, gars là m’avait laissée comme ça ? Ou bien je dors maa ? C'était difficile à croire.

Bon j’avais fait l’effort de respecter ma routine matinale, douche, maquillage etc... Mais malgré mon maquillage là, mes cernes se faisaient voir. J'étais partie à l'université et oo journée là Mawuuu (Traduction : Dieu) j’étais tellement morose, énervée, tellement j’étais sur mes nerfs qu’un tout mini truc pouvait me transformer en boubou méchant.

Je me retenais je faisais l’effort pour ne rien exprimer mais mon entourage proche, Nathalie et Rodolphe l’ont vite remarqué.

J’avais prétexté avoir passé une mauvaise nuit que j’étais pas bien mais que ça allait passer.

Il suffisait d’un rien du tout pour me faire pleurer, j’étais trop mal en point. Heureusement 17h avaient vite sonné et j'étais rentrée chez moi.

 

Nos commandes atterrissent sur notre table. Queen s'empresse de nettoyer sa petite cuillère avec son kleenex et la plonge dans mon pot.

 

Deux semaines sont passées, j’allais toujours trop trop mal, j’avais même commencé à dépérir. Hum oui oo Jacintha l’a remarqué, je lui ai tout raconté. Façon elle s’était énervée. Que de quel droit il rompt avec moi ? Qu’elle s’en veut tellement de m’avoir poussée dans ses bras. Bref elle m’a calmé et m’a dit de prendre soin de moi que le meilleur restait à venir.

Haha après cette discussion avec elle ooh vient me voir, j’avais carrément changé la moitié de ma garde robe. J’ai bataillé avec mes grands frères les essimélans (Traduction : Résidents à l'étranger, particulièrement en Europe ou en Amérique) pour me mettre vraiment dans la tendance. Tissage naturel par ici, iPhone par là. Même si c’était juste un iPhone 8, haha j’enchaînais les sorties pouaaa non quoi je sortais tellement. Chaque week-end était pour moi un moment de détente et ça m’allait bien. Mais à un moment la daronne ne supportait du tout plus tout ça. J’avais un peu circulé. Je t'explique. Une nuit, un gars burkinabé était venu me déposer en voiture. Comme la majorité du temps j’avais oublié mes clés, ouchh j’ai sonné, on m’ouvre et c’est la vieille je vois, mine toute renfrognée. Ayiiii calme toi la mère, elle ne rigolait pas hun.

Elle m’a questionnée que d’où je venais. J’ai répondu : Ayii tu ne vois pas, suis sortie. Hééé elle a envoyé ses gros doigts là sur ma joue gauche seignaiiiire j’ai eu trop mal. (Elle sourit légèrement tout en aspirant le quartier de glace couché à l'intérieur de sa cuillère)

Je n’avais pas bronché, j'étais allée dans ma chambre et m'étais posée dans mon lit de princesse. J’avais commencé à pleurer. Si Rémi ne m’avait pas laisser j’allais foutre quoi dans cette nuit et être mal giflée par la vieille ? Je me disais. J’avais trop pleuré, bien pleuré même. Le jour qui a suivi, grève de faim. J'étais sortie faire mes courses : un plateau d’œufs, du lait, du sucre, des cacahuètes, du beurre, du chocolat, des cookies, du pain... J’ai fait ma cuisine, j’ai graillé super bien, fait ma vaisselle, pris ma douche puis me suis casée dans la chambre écouteurs dans les oreilles. J’avais fini par m’endormir. J’ai senti qu’on cognait à ma porte, j’ai fait comme si de rien n’était car je savais déjà qui cognait: la daronne.

 

Ma coupe est vidée au tiers. Silencieux, je la regarde sans réagir, plonger et replonger sa cuillère dans mon bol avant de s'acharner sur le sien.

 

Je savais (reprend-t-elle avec un air insouciant) qu’elle voulait s’excuser car c’était sa première fois de me gifler. Mais je n’ai pas réagi. À midi j’ai commandé, on est venu me livrer. La vérité est que le burkinabé m’avait gâté le soir là côté argent quoi. Maman me regardait façon façon, je l’avais même pas calculé.

Le soir elle avait fait exprès mon plat préféré : riz au gras poulet, piment vert, du jus de tomate avec Malta et lait peak Dieuuuuu.

 

-Selon toi j’ai craqué ou pas ?

- Tu ne peux pas résister à une bonne bouffe donc...

- Non hein j'étais sortie. Noukaaaaa ??!!

 

J’ai fait genre je sortais payer un truc.  Elle m’a encore appelée que ma part était dans ma chambre. Eé j’ai souris dans mon cœur. Pas le moment de lui faire la gueule, après aussi on allait gérer affaire là mais elle allait me le payer très cher je me disais.

 

- Oui je sais je suis une vendue Privas et je l’assume aussi.

 

Je demeure amorphe.

 

J’ai même pas répondu, je suis sortie, j'ai refermé le portail. Où aller ? J’ai fait genre cinq minutes derrière le portail puis j’ai ouvert. Elle était là et a commencé à rire, qu’elle savait que j’allais nulle part, que je faisais juste genre pour la punir. J’ai ri aussi. C’était bien si elle a réagi comme ça. Je l’avais arrêtée direct, que c’est bon que je ne veux plus rien écouter, que ce n’est pas à cause de petit riz gras là qu’elle va m’avoir.

 

Je m'apprêtais à manger le plat quand j'ai vu le nom de Rémi s'afficher en appel.

J'étais énervée, la bouffe était là mais je pouvais plus manger. Je voulais d'abord faire passer ma colère.

Je n’avais pas décroché car fallait que je sois zen dans appel là, ce qui n’était pas le cas. Je suis allée me rincer, j'ai allumé mon phone que : "oui salut, c’est juste pour voir comment tu allais, passe une bonne soirée". Éé hummm il veut quoiii celui là ? J’étais tellement remontée, ce qui m’a empêché de bien savourer mon plat mais je l’ai  fini quand même. Ah oui, on ne gaspille pas de la nourriture surtout si c’est une bonne bouffe.

 

En décembre c'était toujours la même chose. Un jour j'étais rentrée et le portail était fermé, je savais pas où aller en attendant que les autres rentrent.

Y avait un grand frère d'église, je peux dire qu'il m'a vu grandir. Il raccompagnait une go et il ma demandé pourquoi j'étais sous le chaud soleil. 13h. J'ai dit que le portail était fermé. Il m'a proposé de venir chez lui, j'ai réfléchi, j'avais très chaud et j'ai accepté. J'étais allée, y avait personne.

 

On discutait et il m'a demandé si j'ai un gars, j'ai répondu "non". Il avait un restaurant et il voulait préparer pour moi. j'avais refusé. Il a sorti un des amuse-gueules. Il avait une petite cave à vin. Je m'y connaissais un peu en vin. Je sais pas comment mais on a fini une bouteille. Il m'a demandé si j'avais un ex que de lui parler de lui, j'ai dit que c'est personnel. Il m'a aussi demandé si je sais préparer. J'ai dit oui, que comment je peux pas savoir préparer à mon âge ?! Il avait encore insisté sur le fait de prépareeerr. C'est là j'ai su qu'il parlait de sexe et j'ai dit non. Il a dit que c'est sûrement pour ça l'autre ma quittée.

On a sorti une autre bouteille de vin, déjà ouverte et on l'avait fini également.  Il a commencé à dire que je lui plaît mais que ma maman était tyrannique et puis on est dans la même église.

Il m'a proposé du whisky, c'est là j'ai vu dans son jeu. J'ai dit niet. Il m'a proposé du gingembre, un aphrodisiaque. J'en ai pris, j'ai goûté au whisky et j'étais devenue bizarre, excitée. On a commencé à s'embrasser. Du salon on est allé dans sa chambre. On s'embrassait et il a voulu me déshabiller. J'étais en robe, la robe était partie, il a commencé à glisser sa main sur mon ventre puis je l'ai senti dans ma culotte. J'adorais ce qu'il me faisait. Quelques instant après, j'ai senti ses doigts à l'intérieur de moi. Il m'a légèrement doigté et quand il voulait aller plus loin je l'ai stoppé. Il a commencé à faire des promesses, qu'il m'aime bien, qu'il ne me fera jamais de mal, qu'il me donnera de l'argent...Il racontait sa vie.  Je l'écoutais mais ça ne me disait rien. Mon téléphone a sonné, c'était maman. Je m'étais habillée, j'avais demandé un peigne pour être au propre et j'étais partie. Il ne m'avait pas raccompagnée. C'était excitant, ça m'avait fait un bien fou que je ne comprenais pas.

 

- Éé j’ai laissé Karl où ?

 

Voyant que je n'ai pas touché à ma glace, elle tend vers mes lèvres sa cuillère pleine du mélange des deux saveurs. Je montre ma réticence puis finis par céder fasse à son insistance.

 

On s’écrivait toujours mais y’avait rien de nouveau. Et puis je flirtais de tous les côtés moi

 

Je n'ai pas le temps de déglutir qu'elle tend à nouveau sa cuillère pleine devant mes lèvres. J'ouvre la bouche et j'avale délicieusement le mélange. Elle recommence.

 

- Tu vas finir par m'étouffer (dis-je les joues pleines, arrondies par le contenu frais)

- Shuut. Tais-toi et avale. Après tout, c'est toi qui déboursera.

 

Donc j'étais rentrée, douchée puis au lit. Je n’avais même pas fait attention à ce que le gars m’écrive. L'essentiel est qu'il s’est rien passé. Ah oui disons que embrassé un gars ou se laisser aller n’étaient plus vraiment des trucs que me complexaient.

Il avait pris mon numéro et moi le sien mais pff j’avais même pas temps pour lui écrire, on s’est mis bien et c’est passé voilà.

 

J’étais à l'époque dans quatre flirts comme ça. Y’avait Alfred, le burkinabé friqué, le grand frère de l'église là et un autre il s’appelle Jude. Donc je ne ressentais pas un grand besoin quoi.

Alfred, bon je l’aimais bien. Le burkinabé me gérait bien. Le grand frère façon là aussi me faisait sortir quelques rares fois ou me couvrait auprès de la daronne quand je devrais aller voir Jude donc c’était xa.

Jude était Jude heun rien de plus. Bon il était pas mal non plus mais trop de gbévouu (Traduction : Banditisme) donc je limitais carrément tout avec lui. Mais ça n’empêchait pas qu’on s’entende super bien, il est drôle donc ça m’allait bien.

 

- Cette partie est une confession dans ma confession (dit-elle en gloussant) donc faut pas qu’elle s’affiche dans l’anecdote sinon le jour où tonton tomberait dessus, je peux dire à dieu à notre mariage.

 

Elle rit. Je continue d'avaler les glaces malgré moi.

 

En fin décembre Karl et moi sommes un peu rapprochés. J’ai découvert le gars plus ou moins en profondeur, j’ai compris que malgré qu’il était une p*te au masculin, un gros dur, il pouvait aussi se montrer très doux. Il était en quelque sorte mon confident. Je ne lui racontait pas mes flirts heun mais des trucs qui m’étaient personnels. Ma relation avec la tante, bref des trucs hyper hyper perso. Il faisait aussi l’effort de me parler de lui.

 Un jour il m’a proposé de venir chez lui, qu’il avait envie de me voir et tout j’ai accepté car je voulais aussi le voir. Les discussions via WhatsApp ne me suffisaient plus vraiment. Je n’étais pas accro à lui. Non !! Mais un lien était entrain de se créer.

Suis allée, il vivait seul donc pas de protocoles. On était posé dans son salon on discutait un peu et il s’est rapproché de moi et à commencer par m’embrasser, je l’ai reçu.

 

- Tu parles comme s'il s'agissait d'une onction (ai-je dit en manquant d'avaler de travers)

 

D'une main, je repousse sa cuillère, mettant fin à l'alimentation du bébé que je suis devenu malgré moi. Elle sourit, jette un œil à son téléphone et continue.

 

j’ai répondu à son baiser au calme, c’était bien, on s’est retrouvé dans sa chambre. Il a enlevé son haut, ce que moi je n’ai pas fait. Je savais que les choses risquaient de déraper. Avec lui, je n'arrivais pas à résister. Pour prendre le contrôle de la situation, je me suis retrouvée au-dessus de lui, j'ai ouvert sa braguette et ai fait sortir son phallus. Il était moins équipé que Rémi mais il en avait une belle, avec un champion qui tire un peu vers le rose. J'ai donc caressé ses boules et j'ai pris sa Tronçonneuse en bouche. Bien que j'étais excitée, l'image de Rémi me revenait à l'esprit. J'ai pas prolongé son plaisir. C'était une légère fellation.

 

- légère fellation hein ? (Je reprends avec sarcasme)

- Je parle souvent d’assumer ce qu’on est et tout, si quelqu’un, et je sais qu’il y’aura un connard ou une connasse désolée pour le terme, qui va me juger alors ce que je dis je l'assume. C’est moi Mary Queen. (Dit-elle sans expression faciale)

 

bref allons y.

Après j'étais rentrée chez moi. En période de fête de Noël, on était pas sorti lui et moi en tout cas. Notre relation n’était pas un coup de foudre ou sur un coup de tête. Moi en tout cas je fous rien dans coup de foudre et consorts là.

 

- Non non, faut pas je vais aller ramasser un esprit ajouter à ce que moi même je traîne.

 

Nous éclatons de rire. Ce qui ne semble gêner personne avec tout ce boucan qui s'aplatit à mesurequele temps s'évade àtravers nos montres.

 

C’est un truc qu’on a plus ou moins construit petit à petit. On faisait nos bails mais personne ne se disait concrètement ce qu’il éprouvait pour l’autre. Moi en tout cas, au début je ne savais pas ce que je ressentais pour lui. Tout se confondait, admiration, attirance, passion, amour _ peut-être _ ou juste parce qu’il me faisait me sentir beaucoup mieux. Ah ça j’avoue, oui Karl m’a vraiment aidée à mieux me sentir, à m’estimer beaucoup plus, à être fière de moi.

Pas qu’avant j’étais laissée à moi même heun, je t’explique : à la base on peut dire que je n’étais pas son genre, oui, et les très rares personnes qui ont su qu’il y’avait un truc entre nous, même s’ils ne savaient pas quoi exactement, étaient du même avis.

 

- Imagine qu’un de tes potes te mette au défi, genre qu’il y’a une go comme moi que tu ne peux pas avoir et toi après quelques approches tu vois que la go commence à s’accrocher à toi. Tu vas y aller encore encore plus aloo !? (Traduction : N'est-ce pas ?) Peut-être c’est ça qui m’a poussée vers lui. Karl, c’est le genre de gars que tout le monde devrait kiffer, ah oui car il est trop posé.

 

- tu as compris posé là non !?

 

Je fais "oui" de la tête.

 

Et puis tout le monde le kiffe aussi heun, juste qu’ils font genre genre... Quoi qu'il fasse actuellement, qu’il sache qu’il m’a marqué et qu'il continue de le faire. Il est bien sûr égoïste et tout et tout mais tout ça lui confère une grande et belle personnalité.

 

Il est 22h quand nous réussissons à glisser hors de la crèmerie. Moi, avec soulagement. L'amas d'odeurs corporelles avait réquisitionné la salle et expulsé celles des glaces et cornets de biscuits.

 

- Privas, tu fais quelque chose demain matin ? (Demande-t-elle en passant son bras dans le creux de mon coude)

- Pourquoi ?

- J'aimerai t'inviter à l'inauguration de ma boutique. Ce sera pas extraordinaire mais je tiens à le faire, c'est important pour moi.

- Quelle heure ?

- 10h. Il y aura un petit cocktail.

 

Nous nous arrêtons à quelques mètres d'un lampadaire solaire, laissant à volonté le pénombre et la lumière se partager nos corps. L'obscurité nous caresse le dos et dresse, sur l'asphalte creux par endroit, nos ombres.

 

- Ok. J'irai à un mariage mais c'est un peu plus tard, dans la soirée.

- Tu seras mon invité d'honneur. Y'aura également mes courtisans, ceux qui ont tout financé, ils savent que j'ai quelqu'un dans ma vie sauf qu'ils ne l'ont jamais vu.

- Le même scénario que l'année passée ? (Je demande en plongeant une mains dans la poche de mon pantalon noir)

- Oui mais t'inquiète, tu ne seras plus cogné, je vais gérer.

- Je vais y réfléchir.

- Si tu pouvais faire un petit discours pour l'occasion, je t'en serai reconnaissante (sur un ton doux)

- Ça peut se faire.

 

Je ferme les yeux, j'inspire profondément en me représentant à l'esprit la mascarade que je jouerai demain. Je sens des lèvres se coller légèrement aux miennes.

J'ouvre aussitôt les yeux.

 

- Merci chérie (fait-elle avec un tendre et fier sourire sur le Visage)

 

Une légère brise fraîche trace sa route entre nous. Ses mèches s'agitent quelque peu et retombent dans son dos, nous maintenons nos regards et je lui sourit vaguement. Ses fin yeux m'absorbent et son agréable parfum fait chavirer mes sens.

Mon téléphone se met à vibrer.

Je l'éteint après avoir lu le nom de l'appelant.

 

- Tu cherches la peau de l'ourse sans l'avoir tué (dis-je en souriant du coin des lèvres)

 

 Je m'éloigne d'une démarche rassurée, pas moins troublé.```

 

A SUIVRE…

 

Ecrit par PRIVAS_WINNER

 

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