C'ETAIT POUR TOI, PAPA... (Ep 6)

C'ETAIT POUR TOI, PAPA... (Ep 6) | AfroRaise

Deux années s'étaient écoulées sans qu'Aaron ne change sa décision. Je ne pouvais que prier jours et nuits pour espérer un changement.

Ma vie était compliquée ; devant tout le monde je devais faire semblant d'être une femme heureuse dans son foyer mais la réalité était que je n'avais même pas la paix du cœur.

 

En dehors du jour de mon mariage, le jour qui a changé complètement ma vie fut celui où j'ai appris les intentions nettes d'Aaron vis-à-vis de toi, papa. Certes, je savais qu'il avait l'intention de se venger ; mais je ne savais pas comment il allait s'y prendre.

Ce jour-là, je les ai surpris lui et sa mère en train de discuter de leur plan.

 

- Aaron, je m'inquiète vraiment pour toi mon fils, disait sa mère.

- Maman, arrête s'il te plaît. On en a déjà parlé et je t'ai bien fait comprendre que je n'allais pas épargner cet homme ! avait-il répondu.

- Je ne te demande pas de l'épargner. Mais penses-tu que le tuer serait la meilleure solution ?

- Je n'ai pas prévu le tuer que physiquement maman. J'ai prévu le faire mourir moralement d'abord, comme il l'a fait à papa. Laisse moi honorer la mémoire de mon père. Demain à 08h du soir, toute cette histoire sera terminée et elle passera aux oubliettes.

- Et Mica ?

- Elle finira par s'en remettre.

 

C'était là que j'avais compris que lorsqu'une personne nourrit en elle une mauvaise décision, elle finit par devenir l'esclave de cette décision qu'elle a engendrée elle-même.

Les années étaient passées mais Aaron, n'avait rien oublié de sa soif de vengeance...

 

J'avais réfléchi  toute la nuit pour trouver une solution afin d'empêcher  Aaron de faire ce qu'il avait prévu. Hélas ! je n'ai rien pu trouver. C'est alors que j'ai décidé d'aller sur les places moi-même en vue de l'entraver dans la réalisation de son plan.

 

J'avais fait coucher ma fille dans son lit et je me suis rendue chez toi papa. Il sonnait déjà 08h du soir.

Quand je suis arrivée, Aaron était déjà sur les lieux. Vous étiez en train de discuter et toi tu étais joyeux de voir ton beau-fils chez toi. Tu ne te doutais de rien. À ce moment ton téléphone s'était mis à sonner et pendant que tu t'étais levé pour aller répondre à ton appel,  Aaron avait pointé son arme sur toi et s'apprêtait à tirer discrètement.

C'est là que je suis sortie de ma cachette et j'ai couru de toutes mes forces pour te pousser de côté. Le coup de feu avait évidemment retentit mais c'était de justesse que je t'avais tiré d'affaire. Malheureusement, en tombant au sol, tu t'es cogné la tête et tu es resté inconscient...

 

Dans ton état d'inconscience, Aaron n'a pas abandonné ; il était plus que déterminé, et a pointé son arme sur ton corps qui était par terre. C'est là que je me suis interposé entre vous deux.

 

- Si tu veux tuer cet homme, tu vas d'abord me tuer Aaron ! Lui avais-je craché au visage.

 

Il me regarda droit dans les yeux.

 

- Mica, pousse-toi de là ! ordonna t-il.

- Je n'irai nulle part !

- Si tu te mets en travers de mon chemin Mica, je ne t'épargnerai pas !

 

Sans crier gare, il s'avança vers moi, me poussa et m'écarta de ton corps inconscient.

Il brandit une fois de plus son arme vers toi, et cette fois-ci, je savais qu'il n'allait pas rater son coup.

Je n'avais pas eu d'autres choix que de sortir l'arme que j'avais sur moi, cette arme que je n'ai jamais pensé m'en servir un jour.

Prise de panique, juste avant qu'il ne puisse appuyer sur la gâchette, je lui tirai une balle qui part s'enfoncer directement dans sa chair.

Il se retourna pour me regarder droit dans les yeux, la main sur son cœur. Sa veste s'était recouverte de son sang,  et il tomba à genoux à mes pieds, puis s'écroula au sol en fermant ses yeux.

 

C'est à ce moment que je me rendis compte que je venais de tuer une personne.

J'avais enfin compris que chaque être humain a un animal sauvage qui sommeille en lui, et qui n'attend qu'un petit élément déclencheur pour se réveiller et agir...

 

Les bruits lointains des sirènes des voitures policières me sont parvenus à l'oreille ; je savais désormais ce qui allait se passer...

 

Les policiers me menottèrent les mains et m'amenèrent avec eux.

 

J'ai été jugée coupable. Ça m'avait fallu beaucoup de temps pour m'avouer à moi-même que j'avais réellement commis ce meurtre. Je ne savais pas que j'en étais capable.

Tu sais papa, il y a deux sentiments les plus forts ; l'un est l'amour et l'autre est la haine. Que ce soit l'amour ou la haine, ces deux sentiments nous poussent à faire des choses auxquelles on ne s'attend pas. Dans mon cas, ce fut le premier qui m'a poussé à devenir une criminelle.

 

La famille d'Aaron était très puissante. Cela a été très aisé pour sa mère de me faire accuser injustement. Certes, j'assumais le fait d'avoir tué mon mari, mais je voulais au moins qu'on sache que c'était pour une légitime défense, chose qui était impossible à cause de ma belle-mère qui s'était juré de me faire regretter la mort de son fils bien aimé. Finalement, tout le monde a cru que j'avais assassiné mon mari pour pouvoir hériter de ses biens, chose purement insensée.

Crois-moi papa, que la version qui t'a été donnée à ton réveil de ton inconscience est fausse. Voici ce qui s'était réellement passé.

Je ne t'en veux pas d'avoir été déçu de moi ; mais si seulement tu avais voulu, ne serait-ce que m'écouter un tout petit peu, alors tu aurais compris que je suis toujours ta petite adorable fille que tu as éduquée selon le bon chemin ; mais seulement, c'est cette autre face dangereuse de l'être humain qui sommeille en moi, qui a commis ce meurtre...

Vois-tu papa, nous commettons certains actes avant de nous rendre compte de notre propre nature. Le mal et le bien sont deux faces de l'Homme, appelées à cohabiter ensemble. Et chaque humain a le pouvoir de décider de la face par laquelle il veut être dominée. Je me disais que je n'avais pas d'autres choix cette nuit-là. Peut-être qu'à ma place une autre personne aurait choisi de laisser son père mourir. Et là encore, ça aurait été un autre choix. On dit que le cœur trahit ; mais moi j'ai préféré suivre aveuglément ce cœur qui trahit.

 

Durant tout le temps passé en prison, je n'ai rien regretté de mon acte. Avais-je perdu tout état de conscience ? Je n'en sais rien. Tout ce que je regrettais était ton absence. J'avais juste voulu que tu prennes le temps de m'écouter, et non de me renier sans avoir entendu ma version.

Aujourd'hui, il ne me reste que deux jours avant mon exécution. Tout ce que je souhaite est que tu me pardonnes pour t'avoir ainsi déçu.

Je voudrais également te demander ceci : lorsque je partirai, s'il te plaît, continue de vivre et d'être cet homme joyeux que tu as toujours été avant mon arrestation. Papa, je laisserai derrière moi une petite fille qui grandira avec les épines que ma belle famille aura planté en elle. Elle me haïra, elle ne voudra rien savoir de moi, car on lui dira que je suis la meurtrière de son père. Mais, dis-lui ceci de ma part papa : l'amour qu'elle ressentira pour son père au point de haïr l'assassin de son père, c'est cet amour que j'ai ressenti pour mon père, et c'est cet amour qui m'a poussé à tuer celui qui allait mettre fin à la vie de mon père. »

 

           De la part de ta

           Chère Mica.

 

A SUIVRE…

Ecrit par DEBORA_SYLVANA

 

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