L'AMOUR D'UN SOIR (PARTIE 2) FIN

L'AMOUR D'UN SOIR (PARTIE 2) FIN | AfroRaise

Trois semaines passèrent, je n’eus pas de nouvelles d’Aline. Elle ne répondait ni à mes messages ni à mes appels. Je passai plusieurs fois chez elle mais pas de ses traces. J’esquivai les appels de Soraya. Du matin au soir, elle ne cessait de m’écrire :

« Bb t’es à la maison ? J’ai envie de te voir, je ne fais que penser à toi. Je veux te voir s’il te plaît… ».

Sincèrement, je ne voulais plus revoir la revoir. Mais un soir alors que mes amis et moi causions dehors, je vis de loin sa voiture. Arrivée près de nous, elle ne sortit pas. Ce qui me parut bizarre, elle me demanda par message de venir la rejoindre, ce que je ne fis pas. Elle resta plus d’une demi-heure et repartit. C’était offensant de ma part qu’elle se comporte de la sorte. Au moins elle pourrait descendre et venir nous saluer avant de remonter. Pour moi c’était un manque de respect.

Elle essaya maintes fois de me joindre au téléphone mais je ne décrochai pas. La colère me monta à la tête. J’éteignis mon téléphone et restai silencieux. Un de mes amis ayant remarqué mon silence et ma distance s’approcha de moi et me demanda :

-Hey mec ! Qu’est ce qui se passe ? As-tu des soucis ?

-Oui, je suis dans une impasse actuellement.

-Quel que soit ce que tu as, sache que tu peux compter sur moi.

-Merci mon frère. Mais dis-moi un truc. Entre une fille que t’as connue à peine et vous couchez ensemble et une autre à qui tu as fait des avances mais qui a préféré être ton amie pourtant elle vient tout le temps chez toi, laquelle choisirais-tu pour une vraie relation ?

-Sacré dilemme. Mais sans te mentir, j’opterai pour celle qui a préférée être mon amie. Tu sais les filles d’un soir ou d’une nuit ça ne colle pas avec les vraies relations amoureuses. Mais l’autre qui te propose une relation d’amitié te fait un test pour voir si tu as les qualités d’un mec avec qui elle pourrait entretenir une vraie relation. Dis-moi, si elle ne voulait rien que viendrait-t-elle souvent faire chez toi ? Un adage africain dit que l’amitié entre un homme et une femme n’existe pas.

-Un test ? Donc elle m’a étudié !

-Oui, exactement. C’est ça, Tu es devenue Josey.

-C’est qui Josey ?

-Une artiste ivoirienne. Elle a écrit une chanson à ce sujet.

- Me compares-tu maintenant à une femme ?

-Non mec, c’est juste que ton problème cadre avec le thème de sa chanson.

-Non, ne t’inquiète pas frangin et merci pour le conseil. Tu viens de me donner une idée.

Dans la soirée, je repassai chez Aline, elle n’était toujours pas là. Son frère qui est un ami à moi me confia finalement qu’elle avait quitté la ville, histoire de changer d’air et aussi de passer à autre chose. Ce fut comme un coup de poing dans ma poitrine. Mes yeux étaient trempés de larmes et quelques gouttes s’échappèrent.  Je me rendis compte que j’étais toujours amoureux d’elle. Son absence, son sourire et sa simplicité me manquaient. Tout ce temps passé avec elle et je n’avais pas pu l’apprécier autrement. Je n’avais pas pu la convaincre que j’étais fait pour elle. Eh bien voilà juste un mois qu’elle est partie que je commence à pleurnicher comme un bébé. Sacré connard que je suis… Mais ce n'était pas trop tard, son frère eut l’amabilité de me dire où elle se trouvait. Je décidai de partir à sa recherche.

Il sonnait onze heures trente mais le soleil était déjà au zénith. Je descendis du taxi que j’avais pris, marchai sur le sable mou de la plage. L’air était frais malgré le soleil. Aline faisait dos à la mer ; Vêtue d’une petite culotte jeans et d’une camisole qui couvrait à moitié son abdomen, elle admirait les vagues qui se succédaient et s’aplatissaient au sol dans le vacarme de la mer.

 

-Une jolie demoiselle fait quoi en plein midi sous ce soleil à la plage ? Lui lançai-je.

-Verdo ! Que fais-tu ici ? Comment m’as-tu retrouvée ?

-Qui cherche trouve, ma chérie. A force de te chercher j’ai fini par te retrouver. Tu fais quoi ici à cette heure ?

-Je suis venue prendre de l’air et réfléchir un-peu. D’ailleurs je ne voulais pas te voir c’est pour cela que j’étais partie.

- Aline, je le sais et je suis désolé. J’ai essayé en vain de te joindre durant tout le mois. J’avoue avoir passé de pires moments sans toi.

-Tu essaies encore de me flatter comme d’habitude, n’est- ce pas ? Mais où as-tu laissé ta Soraya ?

-Ça n’a pas d’importance chérie. Et en plus je t’ai déjà dit qu’elle n’est qu’une amie.

-Arrête tes balivernes !

-S’il te plait Aline ne parlons pas de Soraya. C’est pour toi que je suis là. J’ai réalisé tout ce temps passé sans toi que tu es plus importante pour moi que je ne le pensais. Je n’ai pas arrêté de penser à toi, à ton charme, ton sourire, ta simplicité et ta tendresse. Tu me comprends bien et tu me guides lorsque je me sens égaré. Tu me ramènes sur le droit chemin. Et tout ce temps je ne suis pas arrivé à te prouver que tu es la meilleure. Tu es la première à qui je pense à mon réveil chaque matin et la dernière avant de m’endormir toutes les nuits. Laisse-moi maintenant prendre soin de toi. Je te promets que tu ne le regretteras pas. Je serai ton Clyde et toi ma Bonnie, ton Roméo et toi ma Juliette, ton Jay-z et toi ma Beyoncé, ton Jack et toi ma Rose… Bref chérie tout ça pour te dire que je suis désolé et je regrette amèrement de t’avoir blessée. Je t’aime Aline.

 

-Sacré Verdo ! Je ne te crois pas.

-S’il te plaît ma chérie laisse-moi te prouver cela. Je ferai tout ce que tu voudras.

-Je voudrais que tu me présentes à tes parents.

-Oui, je le ferai.

-Verdo, je ne suis pas convaincue. Laisse-moi réfléchir s’il te plaît.

- D’accord, je m’en vais…

Je ne fis même pas dix pas quand elle me rappela. Elle courut à ma rencontre et se jeta dans mes bras. Elle m’embrassa pour la première fois.

-Promets-moi que tu ne me feras plus souffrir.

-Je te le promets chérie.

     Elle retrouva le sourire. Nous rentrâmes ensemble et passâmes du temps chez elle avant que je ne rentre tardivement chez moi.

Au portail, le vigile me remit une enveloppe de la part de Soraya. Je m’installai au salon, l’ouvris et y jetai un coup d’œil. Il y était écrit :

« Bonjour Verdo, j’ai essayé en vain de te rencontrer. Finalement j’ai conclu que tu ne voulais plus me voir. Je voulais juste t’informer que je n’ai pas eu mes menstrues après que nous ayons été ensemble. Je crois que je suis enceinte ».

         Abasourdi, je restai longtemps immobile dans le canapé, la lettre à la main. Je mis en marche mon poste téléviseur, c’était l’heure des informations. Je fus accueilli par une triste nouvelle. Une jeune demoiselle a perdu la vie dans un accident de circulation. Selon le journaliste, elle serait en état d’ébriété et aurait perdu le contrôle de son véhicule. A ma grande surprise c’était Soraya.

Je me plongeai dans une profonde mélancolie. Je, pleurai amèrement pendant plus de deux heures. Mais mes larmes n’étaient pas en mesure d’apaiser ma souffrance ni de ramener Soraya et mon enfant en vie

Quelques mois plus tard...

Je n'avais toujours pas digéré le fait que Soraya soit morte quand bien même que j'étais avec Aline. Je me remettais sans cesse en cause. Si et seulement si je n'avais pas rejeté ses appels, si je lui avais au moins laissé l'opportunité de me parler, elle serait probablement en vie avec mon bébé. Voilà que le pire s'est produit et cela ne cessera jamais de me submerger.

Aline, contrairement à ce que j'avais imaginé m'apporta tout son soutien dans cette histoire. Elle était carrément venue habiter chez moi pour me porter son aide. Et dans ces moments difficiles où je passais des nuits blanches à me  lamenter, elle me cajolait, me prenait dans ses bras tout en adoucissant mes peines. D'une part, elle se sentait aussi responsable de la mort de Soraya. Même si elle ne pouvait pas me le dire ouvertement, elle le laissait paraître à travers ses comportements. Mais n'eut été le nombre de mois, il n'y aura plus de retour en arrière. Nous devrions faire avec. Il fallait tourner la page.

Un matin de bonne heure, je partis en compagnie d'Aline à la recherche de la famille de Soraya pour partager leur peine. J'avais son adresse en tête. Elle me l'avait donnée lorsque nous avions couché ensemble ce matin là. À ma grande surprise, le vigile qui  gardait la maison nous annonça qu'il n'y avait plus personne et que la maison était mise en vente. Nous sommes alors donc retournés et avions décidé de ne plus aborder ce sujet.

Une année s'était écoulée. Nous avions passé à autre chose. Aline et moi sommes maintenant mariés. J'avais demandé sa main auprès de ses parents un mois après que nous étions partis à la recherche de la famille de Soraya. Puis quelques mois après, nous avions célébré nos fiançailles et tout dernièrement, nous sommes mariés. Elle tomba enceinte. C'était la meilleure des choses qui pouvait m'arriver. Peu de temps après, elle accoucha un petit garçon. Nous l'avions nommé Marcel.

Quelques années plus tard...

Nous avons maintenant pris de l'âge. Notre fils a vingt huit ans. À l'âge de dix sept ans, il avait déjà eu son baccalauréat. Sa mère et moi l'avions inscrit en médecine en une université prestigieuse en Europe où il décrocha son diplôme. Un centre hospitalier de renom de la place l'embaucha. Il ne revenait que dans ses périodes de congés pour nous rendre visite. Tout était accompli pour moi. Disais-je souvent. Dieu m'a redonné l'enfant que j'avais perdu avec Soraya à travers Aline. Je ne pouvais pas cesser de le louer et de crier son nom même s'il était le seul fils que nous avions pu avoir. L'essentiel c'est que nous lui avons inculqué les bonnes manières, nous l'avons comblé d'amour et grâce à cela, il est devenu un grand homme.

Marcel rentra avec une jeune femme  au nom de Pamela lors de ses congés et nous la présenta comme  sa fiancée. Selon ses dires, il l'avait rencontrée à l'hôpital où il exerçait. Elle avait amené aux urgences sa maman infirme des membres inférieurs. Cette dernière  était en train de faire un arrêt cardiaque. Après l'avoir soigné, compte tenu de son état de santé fragile, il s'était proposé de le suivre jusqu'à son rétablissement. Pour cela, il l'avait gardé longtemps en observation et même lorsqu'elle était sortie de l'hôpital, il lui rendait visite à son domicile. Un soir lorsqu'il lui avait fini de l'ausculter, Pamela lui demanda de rester dîner avec eux. Une fois à table, elle lui raconta l'histoire de sa mère qui l'avait profondément touché. Ils s'étaient donc rapprochés et plus tard une histoire d'amour était née entre eux. Pamela est une avocate de renom. Ses grands parents s'étaient occupés d'elle depuis toute petite vu que sa mère en était incapable à cause de son état de santé.

 Marcel voulait se marier avec Pamela et fonder une famille. Pour cela, il nous avait demandé notre bénédiction mais l'histoire de Pamela avait commencé à me faire réfléchir. Je la comparais à ce qui était arrivé à Soraya et je me demandais s'il n'y avait pas un lien intrinsèque entre elles. Aline aussi fit la remarque mais nous avions dit que cela ne pouvait pas être possible d'autant plus que Pamela appelait sa maman Gisèle. Je répondis donc à mon fils qu'avant de leur donner ma bénédiction, moi et sa mère devrions rencontrer les parents de Pamela ; ce qu'ils ne refusèrent pas.

Quelques semaines plus tard, nous prîmes ensemble le vol pour l'Europe. Seuls Aline et moi savions ce pourquoi nous voulions rencontrer les parents de Pamela. Et à vrai dire, mes idées étaient dans tous les sens. J'implorais silencieusement le tout puissant que cela ne soit pas ce à quoi nous pensions tous les deux. J'imaginais le chagrin d'amour dont souffriront mes deux enfants au cas où notre doute s'avérait vrai. Mais là n'était pas le problème. Le pire était l'inceste qu'ils auraient commis.

Nous atterrîmes à la tombée de la nuit. Pamela reçut un appel de ses grands parents. Sa mère avait fait une nouvelle chute mais cette fois ci, c'était grave. Marcel nous conduisit à sa demeure et une fois nous avoir installés, il alla rejoindre Pamela à l'hôpital. Le lendemain, Aline et moi avions décidé de rendre visite au malade. Pour cela, Pamela était venue nous prendre. Sa mère était réveillée mais très faible. Mon cœur battait la chamade. Je dévisageais Aline et par un hochement de tête, elle m'encouragea. Nous montâmes dans la voiture et partîmes.

Marcel vint nous accueillir à l'accueil de l'hôpital et nous conduisîmes jusqu'à la chambre de la mère de Pamela. Nous avions juste cinq minutes à faire avec elle. Je m'approchai d'elle et la saluai. Elle était très vieille. Sa peau était très sèche totalement couverte par les rides et les vergetures.

- Verdo ! Cria-t-elle en m'apercevant. Toi ici ?

C'est en écoutant sa voix que je la reconnus. C'était Soraya. La seule chose que la maladie n'avait pas réussi à lui prendre, c'était sa magnifique voix.

 

Marcel et Pamela me regardèrent tous en même temps et me demandèrent d'où est-ce je  connaissais Gisèle et pourquoi elle m'avait appelé par mon nom. Aline par contre était Abasourdie ; les deux mains sur la tête. Je n'en pouvais toujours pas le croire. Ce jour là à la télé, ils avaient bel et bien dit qu'elle était morte !

Je m'assis à côté d'elle et la pris par les mains. Je pouvais lire toutes ces années de souffrance sur son visage. L'accident de ce jour là avait complètement bousillé sa vie. Elle nous narra tout du début à la fin sans omettre un détail. Je versais les larmes en la regardant articuler difficilement.

Après l'accident, elle s'était retrouvée dans un coma profond. Les secours l'avaient crue morte et l'avaient amenée à la morgue. C'est à ce moment qu'ils s'étaient rendus compte qu'elle respirait encore mais très faiblement. Pour cela, ils l'avaient conduit sur le champ aux soins intensifs où elle avait passé plus de six mois. Dès qu'elle avait commencé à aller mieux, les médecins lui annoncèrent qu'elle ne pourra plus jamais marcher. Ses parents l'amenèrent en Europe où elle avait été auscultée par les meilleurs médecins mais sans résultat. C'est dans cette amertume et de dépression qu'elle fit venir au monde Pamela. Plus tard, la dépression la conduisit à l'hypertension artérielle grave. Maladie dont elle n'avait pas eu le courage et la force d'y faire face. Elle m'avait tenu responsable de tout et m'avait détesté au plus haut point. C'est pour cette raison qu'elle avait changé de nom et autres mais à présent, le simple fait de me voir la fait sourire ; ce qu'elle n'avait plus jamais fait il y a des années.

- Je t'ai toujours porté dans mon cœur malgré le fait que je te tenais responsable de tout ce qui m'était arrivée. Cette soirée que nous avions passée était le meilleur de mon existence. Et Pamela est le fruit de cet amour dont tu m'avais privé. Je ne t'en veux plus Verdo. Cela ne m'a servi à rien toutes ces années. Néanmoins, j'aimerais que tu veilles sur notre fille. Je te la confie.

J'avais aussi du mal à lui répondre. Je me mis à genoux et lui demanda pardon pour toutes ces années de souffrance. Je demandai également pardon à Pamela et aussi à Marcel de lui avoir caché cette histoire. Mais cette dernière très remontée sortit de la chambre en pleurant. Soraya me lâchait petit à petit. Elle respirait difficilement et bien avant que Marcel ne s'occupe d'elle, elle nous quitta.

- Tu as tué ma mère pour une seconde fois. Cria Pamela en rentrant de nouveau dans la chambre. Et voilà qu'à cause de toi, je suis tombée amoureuse de mon propre frère. Dieu merci que nous n'avions pas couché ensemble. Mais je ne te pardonnerai jamais de ma vie.

-Je...je

- Écoute Papa, Pamela a raison. Regarde la situation dans laquelle  tu nous as mis ? Je ne veux plus jamais vous revoir toi et maman. Plus jamais de ma vie.

- Non, ne fait pas ça Marcel. Essaie de comprendre... Intervient Aline.

- La ferme maman. Fichez-moi la paix.

À genoux près de Soraya, je ne savais plus quoi faire. Ma respiration s'accéléra tout d'un coup avec des douleurs thoraciques. J'avais du mal à respirer. Je transpirais abondement. Je me plongeai dans un trou noir.

À sa place, qu'auriez-vous fait ?

Ecrit par Verdo Lompiol

Share this