SURVIVANT? (Ep 9)

SURVIVANT? (Ep 9) | AfroRaise

Une lueur d'espoir semblait naître pour la famille GALLE. Après la première séance de TD qui fut pour Richard et ses amis une réussite, Rolland annonça à ses frères la nouvelle qu'ils attendaient depuis toujours, mais qu'ils ont fini par oublier par la force du temps.

 

<<J'aimerais tellement lui dire. J'aimerais tellement qu'il sache qu'il est le seul à me plaire, que j'aime toujours être à ses côtés, lui dire que je vois dans ses yeux une lueur indéfinissable que je ne vois pas dans le regard des autres garçons, lui dire que je suis amoureuse de lui.>>

 

Richard : Eugénie, tout va bien ? Lança Richard qui s'était arrêté plus tôt, voyant qu'elle ne lui prêtait plus attention depuis un moment.

 

Eugénie : Oui oui, ça va. Répondit-elle en se retournant. Excuse moi j'étais pensive. Tu disais ?

 

Richard : Tu murmurais quelque chose et tu souriais à je ne sais quoi.

 

Eugénie : Ce n'est rien. Juste des trucs de filles.

 

Le soleil commençait à se faire plus intense. Ils  s'assirent sur un des bancs non occupés et regardèrent dans le vide comme s'ils attendaient une révélation. Certains élèves s'activèrent auprès des bonnes dames pour leur commandes pendant que d'autres y venaient pour la énième fois, tout cela dans un mélange de brouhahas quelque peu perceptibles ça et là. Il vit Sylvestre et sa bande venir par l'entrée, il devina qu'ils étaient, comme d'habitude, sortis pour s'offrir un resto. Les regards de Richard et de Mirabelle se croisèrent l'instant d'une seconde, la seconde d'après Richard vira le sien.

 

>Doyen, je veux participer à vos TD, dit un élève de seconde sortit de nulle part.

 

Richard : Qui t'a apprit que je fais des TD ? Questionna Richard qui lui porta son attention.

 

>Mes amis. Ils ont dit que vous avez bien expliqué le cours. Stéphane a eu quatorze sur vingt à l'interrogation d'aujourd'hui. Il n'avait jamais eu la moyenne avant. Moi aussi je veux suivre vos TD.

 

Richard : Je n'ai pas donné de remède miracle, il suffit de s'appliquer. Va dans la première classe des Terminal scientifiques et demande d'après Arthur et Romuald, dis leur ce que tu viens de me dire et ajoute que tu m'as déjà vu. Ils vont te dire quoi faire.

 

>D'accord, merci doyen.

 

Eugénie : Ça fait le sixième élève qui t'a approché pendant cette récréation.

 

Richard : Faut dire que l'annonce du proviseur ce matin n'arrange pas les choses.

 

Eugénie : C'est une sorte de coutume ici. Quand un élève ou une équipe représente l'école toute entière, on les présente au mât devant les autres élèves pour qu'ils obtiennent autant de soutien que possible.

 

Richard : … silencieux.

 

Eugénie : Nous avons réussi à passer les éliminatoires du concours de dictée par chance. Les choses sérieuses vont commencer. Il y a aussi l'appellation des mots compliqués et leurs origines en latin. J'espère qu'on gagnera la prochaine épreuve, dit-elle en regardant le ciel sans nuage.

 

Richard : Ce n'était pas de la chance.

 

Eugénie : Tu as peut-être raison, les élèves des autres écoles sont nuls.

 

Richard : Ce n'est pas ça non plus. Nous sommes meilleurs.

 

Eugénie : Où est la différence ? C'est la même chose.

 

Richard : Tu vois les choses sur un angle restreint.  Le concours de dictée inter-écoles est censé réunir les meilleurs élèves dans la langue, les établissements qui les ont envoyé ont sûrement vu en eux du potentiel ou ils ont peut-être organisé un match délimitation entre eux. Tout ce qui étaient présents ce samedi étaient de bons candidats. Ça puait la confiance ce jour là. Nous sommes juste meilleurs qu'eux.

 

Eugénie : Je suppose que tu as raison comme d'habitude. J'espère qu'on gagnera.

 

Richard : Pourquoi tu espères ? On gagnera ! Conditionne-toi à la réussite et non à la chance, ça te donnera plus d'assurance.

 

Eugénie : C'est mort pour moi. Je n'ai que deux semaines et même moins pour apprendre de nouveaux mots et leurs origines.

 

Richard : Tu y arriveras, j'en suis persuadé. Tu n'es pas là meilleure élève de la classe pour rien.

 

Eugénie : Jusqu'à ce qu'un génie ne débarque de nulle part - répliqua-t-elle en lui jetant des regards indiscrets du coin de l'œil.

 

Richard : Je ne sais pas de qui tu parles, dit-il en détournant le regard.

 

Eugénie : C'est ça ! Reprit-elle avec ironie.

 

Richard : Je t'aiderai à te préparer si tu veux. Ça me servira aussi. Malheureusement l'école n'a qu'un seul dictionnaire.

 

Eugénie : Ce serait génial, dit-elle avec euphorie. On ira à la bibliothèque nationale, c'est pas loin de chez moi. On trouvera tout ce dont on a besoin là bas.

 

Richard : Plus que douze jours avant la deuxième partie, on a plus le temps. On doit se préparer dès aujourd'hui.

 

Eugénie : Et les TD ?

 

Richard : On les maintient. On ira à la bibliothèque après.

 

Eugénie : Je dois aider ma mère à la cuisine les soirs.

 

Richard : Une heure trente suffiront. Tu prendras le reste en photo avec ton téléphone pour pouvoir les apprendre chez toi.

 

Eugénie : Dommage que tu n'en aies pas.

 

Richard : J'en vois pas l'utilité de toute façon.

 

Eugénie : C'est tout toi, dit-elle en affichant un léger sourire.

 

Richard : Ils étaient vraiment obligés de nous faire venir devant tous ces élèves ?! Dit Richard avec une grimace.

 

Eugénie : Je trouve que c'est un avantage. Si les élèves parlent du TD, ils seront plus crédibles si leurs camarades savent que c'est toi et plus d'élèves vont vouloir suivre.

 

Richard : C'est pas faux.

 

Eugénie : Tu es particulièrement content aujourd'hui.

 

Richard : Oui. Je sens que les choses vont s'améliorer pour ma famille et moi, donc j'y crois.

 

# Quelques heures plus tôt #

 

Richard : Pourquoi Rolland sourit seul depuis votre arrivée ? Questionna Richard qui remarqua que son grand frère était animé d'une joie inhabituelle

 

Rolland : J'ai eu un entretien aujourd'hui avec un chargé de recrutement d'une société d'importation.

 

>Vraiment ? Demandèrent Richard et sa mère au même moment.

 

Richard : Tu n'étais pas au courant ?

 

Mme GALLE : Il a refusé de me le dire. Il voulait qu'on rentre d'abord, petit cachottier, en lui tirant légèrement sur la joue.

 

Rolland : Bon, c'est vrai c'était un peu à l'improviste mais j'ai fait de mon mieux, je suis confiant.

 

Rachelle : C'est quoi un entretien ? Questionna Rachelle de sa voix fine en tirant sur la culotte de son frère adoré.

 

Richard : c'est un jeu de questions-réponses entre le patron et le nouvel arrivant. Si le nouveau gagne, il a le boulot. S'il perd, il n'a pas le boulot

 

Rachelle : C'est difficile un entretien ?

 

Richard : Non, je ne crois pas.

 

Rachelle : Tu peux me montrer ?

 

Richard : Le moment venu je te montrerai. Pour l'instant trouve la solution de ce problème, répondit-il en lui montrant le cahier posé sur le tabouret.

 

Rolland : Je sens que ça va être une bonne nouvelle.

 

Richard : Raconte-nous comment ça s'est passé.

 

Rolland : C'était à midi, j'avais fini d'aider un monsieur et ses ouvriers à charger un conteneur. Je transpirais de partout. Je pensais que la journée était finie et que j'allais rentrer sans recevoir aucun appel. Vous savez, mon téléphone (en le montrant) à peine quelques minutes allumé et il se décharge donc j'évite de l'utiliser, même pour connaître l'heure qu'il fait je demande à un passant. Et donc j'avais fini d'aider et j'ai reçu ma paye quand mon téléphone à sonné. C'était un numéro inconnu, j'ai lu le numéro et je me suis demandé qui ça pouvait bien être. Quand j'ai décroché, c'était le chargé de recrutement de IMEX International. Il m'a demandé si j'avais déposé une demande d'emploi à leur service courrier, j'ai dit oui. Il m'a demandé si je pouvais être disponible pour un entretien aujourd'hui. C'est vrai, c'était brusqué mais il fallait que j'y aille. Une telle opportunité est une aubaine. Il s'apprêtait à me donner l'heure quand mon téléphone s'est éteint.

La mère de Richard s'assit auprès de son fils et prêtait oreille attentive au récit de son aîné.

 

Richard : Attends, ton téléphone s'est éteint à un moment pareil ?

 

Rolland : Oui. J'étais en colère. Je paniquais, je pense que j'ai même failli pleurer.

 

Richard : Tu as pu mémoriser le numéro avant ?

 

Rolland : Patiente, j'y viens. J'étais affolé. Je commençais à me morfondre quand le monsieur que j'ai aidé m'a tendu son téléphone pour que je rappelle. Je vous dis, le téléphone était tellement joli et tellement class que j'avais peur de le salir en le touchant. J'hésitais à le prendre mais il a insisté. C'était le dernier iPhone, tellement c'était extraordinaire que j'avais peur de le prendre. Je pense même que mes mains tremblaient quand je l'ai pris. Il a su que je n'ai jamais utilisé d'android puisque je ne savais même pas où entrer le numéro et lancer l'appel. Mais malheureusement je n'avais réussi qu'à retenir les six premiers chiffres du numéro. Je pensais que c'était fini, c'est là le chauffeur du camion qui m'avait écouté quand je lisais le numéro m'a donné les deux derniers chiffres. Le numéro terminait avec un cinquante-huit. Donc j'ai réussi à les recontacter et ils m'ont dit de venir à quinze heures. Je n'ai même pas payé le coût de l'appel au monsieur, au contraire il m'a ajouté cinq mille pour les frais de déplacement.

 

Richard : Quelle chance tu as eu.

 

Mme GALLE : Ce n'était pas de la chance. Dieu sait bien faire les choses. Je vous avais dit de garder espoir et de continuer à prier.

 

 

# Maintenant #

 

Eugénie : Donc Ton grand frère a eu du boulot ?

 

Richard : Non pas encore, mais un entretien. Pour lui c'est plus qu'un simple espoir, c'est comme s'il reprenait vie et confiance en lui. Plus le temps passait, plus il s'enfonçait dans un abysse si profond que même notre mère n'arrivait plus à le motiver. À ce stade tu remets en doute ton existence toute entière.

 

Eugénie : Je vois, dit-elle attristée.

 

>Richard, tu pourras m'aider à la fin des cours en sciences physiques, s'il te plaît ? Demanda Mirabelle qu'ils n'avaient pas vu arriver.

 

Le cœur de Richard fit un bond dans sa poitrine en écoutant cette voix s'adresser à lui.

 

Richard : Aujourd'hui ?

 

>Oui, nous avons une interrogation demain et je ne maîtrise pas encore le chapitre sur les poulies.

 

Eugénie : Je ne pense pas que ton copain acceptera, Richard est déjà occupé aujourd'hui. On travaille déjà ensemble, dit-elle avec un bouquet de jalousie.

 

Richard : Eugénie ! Dit-il en la regardant pour qu'elle se taise. Ok c'est d'accord, viens me voir après les cours.

 

>Merci. Je te paierai à manger s'il le faut, repris Mirabelle.

 

Eugénie : Il n'aura pas faim. Tu veux lui créer des problèmes pour rien. Dit-elle sur un ton glacial et agressif. Viens Richard, on s'en va, la récréation est presque finie, en se levant et en le tirant par la main.

 

Richard : Qu'est ce qui te prend ? En retirant sa main de la sienne.

 

Eugénie : Tant mieux, reste avec elle alors. Pff. En partant en rogne.

 

Mirabelle : Elle a quoi ? Demanda Mirabelle, étonnée par la vive réaction de sa camarade.

 

Richard : Je ne sais pas ce qui lui prend tout d'un coup. Elle est peut-être méfiante.

 

<< Pff, quel con. Il ne voit pas le danger venir. Je suis sûre qu'elle veut juste le séduire, elle va lui attirer plus d'ennui avec Sylvestre.>> Pensa Eugénie en colère une fois dans son banc.

>Il est aveugle n'est-ce pas ? Dit Arthur qu'Eugénie n'avait pas vu s'assoir.

 

Eugénie : Pardon ?

 

Arthur : Je parle de Richard. Il a beau être un génie, il reste aveugle face à tes sentiments.

 

Eugénie : Qu'est ce qui te fait dire que j'ai des sentiments pour lui ?

 

Arthur : Je t'en prie Eugénie. Tout le monde l'a remarqué sauf lui. Je ne suis pas si aveugle. Je vois la manière dont tu le regardes, la manière dont tu le soutiens, tu es toujours présente pour lui. Ce sont des choses qui se remarquent vite. Je vois l'intensité avec laquelle ce regard s'illumine quand il n'est pas loin de toi.

 

Eugénie : Ça se voit tant que ça ?

 

Arthur : Mais il court après l'impossible.

 

Eugénie : Comment ça l'impossible ? De quoi tu parles ? C'est quoi cet impossible ?

 

Voyant le professeur, Richard et Mirabelle entrer au même moment dans la salle de classe, Arthur se leva et regagna sa place. Le professeur s'excusa auprès des élèves en leur demandant une dizaine de minutes pour aller chercher un document qu'il avait oublié.

 

Richard : Qu'est ce qui t'a pris tout à l'heure ? En se posant sur la le banc en bois

 

Eugénie : … silencieuse

 

Richard : Elle voulait juste de l'aide et tu la repoussée ?

 

Eugénie : Elle veut te créer des problèmes. Tu as déjà du mal à gérer avec lui. Il va l'utiliser comme un autre moyen pour te faire du mal.

 

> HÉ LE FILS DU MENUISIER, J'AI APPRIS QUE TU FLIRTES AVEC MA COPINE ?! TU VEUX ME PIQUER MA COPINE, C'EST ÇA ? lança Sylvestre qui quitta le fond de la salle en direction de Richard.

 

>Et voilà, ce que je disais ! Murmura tout bas Eugénie

 

Richard : … silencieux sans lui prêter la moindre considération.

 

Sylvestre : TU N'AS MÊME PAS DE QUOI PAYER À MANGER PENDANT LES RÉCRÉATIONS ET TU PENSES POUVOIR ME PIQUER MA COPINE. TU PENSES POUVOIR LA GÉRER ? Continuait de vociférer le métis qui se rapprochait de Richard.

 

Mirabelle : SYLVESTRE ! Gronda furieusement la Miss de l'école.

 

Richard : Si tu pouvais te payer un cerveau avec ton argent, elle ne viendrait pas demander mon aide pour le cours de physiques, répliqua t-il d'une voix calme mais assez audible pour que la classe toute entière se délecte punch qui exhibait son sang-froid.

 

Sylvestre : Tu viens de lâcher quoi sac à merde ? Gronda furieusement le métis qui se trouvait désormais devant lui.

 

Richard : Je dis que ton argent ne te servira pas à te payer un cerveau, raison pour laquelle tu as redoublé la Terminal. Reprit-il avec un sourire narquois sur le visage.

 

 

Hooouuuuu ! Des hurlements sourds se firent entendre dans toute la classe. Les propos de Richard enflammèrent ses camarades qui touvèrent la réplique incroyable.

 

 

>Richard, murmura Eugénie étonnée qui se plaqua les mains sur la bouche.

 

Sylvestre se saisit violemment de son col. Il le fit lever sans grande difficulté à cause de son allure de basketteur. Il leva son poing et s'apprêtait à l'abattre sur le visage de son camarade.

Les élèves se mirent à taper sur les bancs en un rythme régulier afin de les encourager à continuer. L'excitation planait dans l'air tel un voile transparent.

Purge ! Purge ! Purge ! Purge !….Grondait sans fin la bande de Richard du fond de la salle.

 

>Que se passe-t-il ici ? Lança le professeur qui fit irruption dans la salle. Encore vous deux ?

 

Silence s'y fit.

 

Sylvestre : Rien monsieur, je lui apprenait à bien placé son col, dit-il en le reposant sur le banc. Il est toujours froissé, par manque de fer à repasser je suppose, termina t'il en murmure pour que Richard soit le seul à l'entendre.

 

>Bande d'inconscients, gronda le professeur à la classe toute entière, indigné par leurs comportements.

 

>Veuillez nous excuser professeur, fit le proviseur en pénétrant dans la salle accompagné.

 

>Je vous en prie proviseur.

 

>Bonjour à tous chers élèves, lança t'il

 

 >Bonjourrr, répondit la salle d'une même voix

 

>J'ai le plaisir de vous annoncer que vous avez un nouveau camarade à partir de maintenant.

 

>Carlos Golder, à vôtre service, fit le nouveau métis en se courbant pour tirer révérence.

 

Il se redressa avec un sourire plein d'assurance, passa sa main sur ses cheveux lisses et remit sa queue de cheval en position.

 

<<Il ne manquait plus que ça ! Un deuxième Sylvestre ! Pensa intérieurement Richard.>>

A SUIVRE…

ECRIT PAR PRIVAS_WINNER

 

 

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