SURVIVANT ? (Ep 6)

SURVIVANT ? (Ep 6) | AfroRaise

Richard posa très lentement sa bouille sur le canapé. Au léger bruit de la cuillère, la souris se mit à paniquer

 

>C'est maintenant ou jamais, se dit-il.

 

Il se précipita sur le balai derrière le buffet et se lança après la souris qui paniquée, essayait de ramener son butin dans sa cachette. À peine avait-il levé le balaie qu'il glissa et s'écrasa au sol.  Il se releva en vitesse et se lança après la souris qui tirait son butin à reculons. Il leva le balaie et s'apprêtait à assener un puissant coup à cet assaillant importun quand sa jambe heurte violemment le rebord du canapé dans tout son élan. Il s'écrase de nouveau au sol en laissant un grognement de douleur. Dans sa chute, son talon écrasa le beignet que la souris avait laissé de justesse pour ne pas se faire aplatir. Elle revint mordre le talon de son trouble-fête, qui peinait à se relever, pour que ce dernier lâche prise sur le beignet. Il retire son talon par réflexe, Aïe lâche-t-il.

Elle continua de tirer la moitié du beignet jusqu'à disparaître sous le yeux impuissants de Richard qui se massait le talon.

 

>Je t'aurai, crie t-il à la souris.

 

Il se releva et alla finir sa bouillie voulant oublier cette humiliation. Il pénétra dans la chambre avec le balaie en main, se disant prêt pour un autre round. Pas de souris, tant mieux pour elle. Il s'allonge sur le lit, ouvre le livre et remarque qu'il a lui aussi été rongé sur un côté. La colère commençait à le gagner quand ses yeux rencontrèrent un sujet intéressant. Il se calma aussitôt et se mit à lire.

Après trois bonnes heures de sommeil, Richard fut réveillée par Rachelle qui posa la tête sur son torse et fit mine de dormir.

 

>Rachelle !? Grogne Richard en sortant de son sommeil.

 

Il comprit le jeu de sa sœur et la chatouilla les côtes pour qu'elle réagisse. Elle rit et se retourna les mains sur le visage, faisant toujours semblant de dormir. Richard continuait de la chatouiller en s'attaquant à son ventre. Elle éclata de rire en suppliant son grand frère d'arrêter. Richard n'était pas prêt de l'écouter. Elle roule sur le côté en espérant échapper à ses doigts de torture.

 

>Hey, dit-il en la retenant par l'épaule pour qu'elle ne roule pas sur le sol. Tu vas salir ton kaki.

 

Rachelle : Nous sommes déjà vendredi, dit-elle en pensant être plus maligne.

 

Richard : Et donc ? Ce n'est pas une raison pour salir ta tenue. Tu vas laver tes habits ?

 

Elle fronce aussitôt la mine.

 

Richard : Je plaisante, dit-il en la taquinant. Mais il va falloir que tu fasses la lessive un jour, quand tu seras grande.

 

Rachelle : Je suis déjà grande, en se levant spontanément avec fierté

 

Richard : Donc tu peux faire la lessive.

 

Rachelle : Je ne suis pas grande, dit-elle en effaçant sa mine fière.

 

Richard : Haha okay. Où sont tes frères ?

 

Rachelle : Rachid fait caca. Les autres sont entrain de jouer avec leurs amis dehors.

 

Richard : Pourquoi tu ne joues pas ?

 

Rachelle : Je veux rester avec toiii, la mine triste.

 

Richard : Je vais bientôt aller travailler avec des amis...

 

Rachelle : S'il te plaît s'il te plaît s'il plaîiiit Richard, mon grand frère adoré, en feignant de pleurer.

 

Richard : D'accord d'accord, ne fait pas cette tête. Juste cinq minutes.

 

Rachelle : Dix

 

Richard : Sept

 

Rachelle : Youpii, en sautant sur le lit.

 

Rachelle se coucha et posa sa tête sur le torse de son grand frère. Au bout de sep minutes, Richard voulut se lever et remarqua qu'elle était endormie, poings fermés. Il la fit coucher calmement et s'éclipsa sous la douche. Conscient de son retard, il prit une douche éclair et s'empressa de rejoindre les autres, en priant de pouvoir concourir demain.

 

Il retrouve Arthur, Romuald et Eugénie concentrés autour d'un exercice de biologie.

 

Romuald : Enfin, tu daignes te pointer.

 

Richard : Désolé pour le retard - fit-il avec un sourire gêné.

 

Arthur : Tu tombes bien. Viens nous éclairer.

 

Richard : Vôtre journée s'est bien passée ?

 

Arthur : La routine.

 

Romuald : Tout est prêt pour notre projet. On a une liste de cents élèves.

 

Arthur : On en a parlé à trente élèves de chaque classe d'examen, la troisième, la première et la Terminal. Vu que tu ne commences l'école que mardi donc on a programmé la première séance sur mardi. 

 

Eugénie : De quoi vous parlez ?

 

Romuald : Richard va donner des TD.

 

Eugénie : Tu comptais m'en parler un jour ? Dit-elle au bord de la colère

 

Richard : Comment ça Mardi ? - Dit-il étonné.

 

Eugénie : Ils ont accepté que tu participes au concours, en échange ta punition de demain est reportée sur lundi.

 

Richard : Ah, excuse-moi Eugénie. Je t'avais un peu oublié.

 

Eugénie : C'est pas grave, dit-elle la mine triste.

 

Richard : C'est pas ce que tu crois, dit-il en se rapprochant.

 

Eugénie : C'est pas grave, dit-elle de nouveau en lui faisant halte de la main. Dès qu'on parle d'argent, tu fais abstraction de tout.

 

Romuald : C'est normal, c'est un homme après tout.

 

Romuald comprit qu'il avait blagué au mauvais moment et envers la mauvaise personne. Il plaque sa main sur sa bouche comme pour l'empêcher de déblatérer de nouvelles bêtises.

Eugénie, se retourna lentement et fixa Romuald d'un regard noir. Il sentait comme son cœur venait d'être transpercé. Des frissons lui parcours le corps tout entier et une goutte de sueur froide naquit sur son front. Il avait l'impression qu'il était nu devant un millier de personnes. Le regard de son amie était à la fois vide, froid et glaçant. C'est trois secondes lui parurent une éternité.

 

 

>Je-je me suis rendu compte de la bêtise seulement après l'avoir dite, finit t-il par articuler les lèvres tremblantes.

 

Eugénie posa un regard tendre sur Richard et lui sourit. Ouf, se disait intérieurement Romuald. Elle est bipolaire celle là, se dit-il avec ironie en essayant de se concentrer sur autre chose.

 

>Tu as faim ? - Lui demande-t-elle en souriant.

 

Elle sort de son sac un sachet plus gros que celui de la veille. Cette fois finie la honte. Richard avait trop faim. Il déballe contenu et avale deux croissants en moins de cinq minutes. Ses amis le regardent, amusés. Eugénie encore plus.

 

>Bien, décortiquons la complexité de l'anatomie humaine, dit-il après avoir fini la canette de coca.

 

>Eh voilà maintenant il a mangé, il va nous parler chinois, s'esclaffa Romuald

 

Richard avait marché pendant plus d'une heure trente minutes avant d'atterrir dans l'enceinte du centre où se déroulerait le concours. Il retrouve Eugénie, présente depuis plus d'une heure. Richard était trop égocentrique pour accepter montrer dans la voiture du père de son amie.

 

>Ça va ? Dit-elle en se rapprochant de lui. Tout le monde est déjà là. Tu arrives à temps. On va commencer dans dix minutes.

 

Elle lui redresse le col et ils se dirigent tous deux vers les autres.

 

Mme ALLAS : Bonjour Richard, en le voyant venir à moitié trempé

 

Richard : Bonjour madame.

 

Mme ALLAS : J'espère que les deux jours passés à la maison t'ont aidé à réfléchir sur ta condition.

 

Richard : Je serai au terme de ma réflexion le troisième jour. Je vous en ferai part.

 

Mme ALLAS : Avant de me servir ta tasse d'insolence, n'oublie pas que c'est grâce à moi tu es ici. Tâche de remporter ce concours de dictée.

 

Richard : Excusez-moi.

 

Eugénie fut étonnée de voir Richard s'excuser. Il lui voue un si profond respect ? Se demandait-elle intérieurement.

 

Un dizaine de minutes plus tard, les élèves étaient tous installés. Au total cinquante élèves de terminale et première, venus de vingt cinq différentes écoles. Richard pouvait clairement lire dans le regard de certains, la vanité et l'autosuffisance.

 

>BIEN ! Cria l'examinateur. BIENVENU À TOUS CHERS ÉLÈVES POUR CETTE PREMIÈRE PARTIE DU CONCOURS INTER-ECOLE DE DICTÉE. J'ESPÈRE POUR VOUS QUE VOUS AVEZ DES DICTIONNAIRES DANS LA TÊTE ET DES PLUMES AIGUISÉES AU BOUT DES DOIGTS.

 

Le stress commençait à gagner l'assistance. Richard, confiant, demeurait naturel comme d'habitude.

 

>JE FERAI D'ABORD UNE PREMIÈRE LECTURE, LA DICTÉE SERA FAITE PAR MON COLLÈGUE QUE VOICI (en le montrant de la main) ET ENFIN UNE DERNIÈRE LECTURE SERA FAITE PAR MOI. UNE DICTÉE DE CINQ PARAGRAPHES. BIEN, COMMENÇONS !

 

>…O-Zeus,  BYZANTINS PERSONNAGES, FURENT DOTÉS D' ALACRITÉ ET D'UN DON D'APOCATASTASE. NOUS BÛMES CHACUN UNE GORGÉE D'ÉLIXIR PUIS CONTINUÂMES À RACONTER LE MYTHE AUX ENFANTS QUI S'IMAGINAIENT CETTE ODYSSÉE….

 

Bon nombre d'élèves commencèrent à se regarder les uns et les autres, le doute s'emparait d'eux. Richard, s'en moquait, concentré sur ce texte, qui jusqu'à la fin ne contenait aucun nouveau mot pour lui.

 

>BIEN ! DÉPOSEZ VOS STYLOS, DEMEUREZ IMMOBILES COMME SI LE SOUFFLE VOUS AVAIT ÉTÉ RETIRÉ ET LAISSEZ LES SURVEILLANTS RAMASSER VOS OPUSCULES, cria l'examinateur après la dernière lecture.

 

Richard attendit que la classe fut vidée avant de se décider à sortir.

 

>Ça s'est bien passé ? Demande de leur professeur de français qui se tenait à côté de la proviseure adjointe.

 

>Oui, répondit Richard.

 

>J'ai butté sur quelques mots. C'était quoi déjà ?! Anachorète, Thymalle et idi…quelque chose finit-elle par dire après avoir essayé en vain de se rappeler

 

>Idiosyncrasie qui veut dire personnalité ou tempérament. Thymalle provient du latin thymallus qui signifie ombre. Anachorète vient du latin anachoreta qui signifie se retirer et idiosyncrasie, récita Richard comme une leçon.

 

Le professeur de français resta stupéfait, ébahi.

 

>D'où ont-ils sorti ces mots. Si les éliminatoires sont comme ça, j'imagine la finale. Lâcha le professeur intrigué.

 

Mme ALLAS : Bien ! Je pense que c'est finit pour aujourd'hui. Dès que les résultats seront sortis, on vous en informera. Eugénie, tu as cours actuellement ?

 

Eugénie : oui, le cours termine à treize heures trente. Je vais suivre les deux dernières heures.

 

Mme ALLAS : Ok, tu montes avec moi, je vais à l'école. Et toi Rich…

 

Richard : Je vais rentrer à la marche, coupa t'il.

 

Mme ALLAS : Ok. N'oublie pas de venir avec ta mère le mardi, ou tu retourneras chez toi, dit-elle avant de s'en aller, la clé de voiture accrochée au bout de l'index.

 

 Le week-end détala aussi vite qu'il était venu. Le mardi pointa son nez avec le soleil qui envoya ses rayons plutôt que d'habitude comme pour crier aux êtres vivants : Recevez ma douce chaleur.

 

Richard patientait devant le bureau du proviseur principal pendant que sa mère, vêtue d'une robe dont les couleurs avaient fuit depuis longtemps, discutait avec le proviseur principal, l'adjointe et leur professeur principal. Une trentaine de minutes plus tard, la proviseure adjointe tourna le poignet de la porte et sortit demander Richard.

 

>Tu peux entrer, dit-elle la mine noire, en lui faisant place au bord de l'énorme poutre vieille de plus d'une génération.

 

Proviseur : Nous avons longuement discuté avec ta mère concernant le sujet de ton exclusion temporaire. Elle a insisté pour qu'on te punisse doublement. Tu auras donc à sarcler toutes les herbes du terrain de foot même si ça te prendra toute la semaine. Ça dépend de ta rapidité.

 

Richard, silencieux, en voulait à sa mère. Elle savait quel point il déteste tout ce qui est poussière et insalubrité. Madame GALLE toujours furieuse contre son fils, fut libérée et s'en alla sans lui adresser la moindre syllabe.

 Madame ALLAS demanda à Richard de la suivre dans son bureau. Une fois assise, elle l'autorisa à faire pareil.

 

Mme ALLAS : Comment tu vas Richard ?

 

Richard : J'ai connu mieux et vous ?

 

Mme ALLAS : Bien merci. Les résultats du concours sortiront d'ici demain, et on en saura un peu plus sur la nouvelle date.

 

Richard : D'accord, répondit-il en scrutant les bouquins sur l'étagère.

 

Mme ALLAS : Le Trouble Explosif Intermittent, communément appelé TEI est un trouble pathologie qui….

 

Richard : …Est un trouble comportemental caractérisé par des expressions extrêmes de colère, avec une violence disproportionnée par rapport à la situation. Les accès de colère sont brefs, avec une variété de symptômes, sueurs, palpitations, tension, déprime... Les agissements sont dans certains cas accompagnés de plaisir, mais par la suite de remords. En cas de perte de contrôle total, de colère extrême, s'en suit des maux de tête sournois et atroces, une forte douleur dans la poitrine et une douleur oculaire ou yeux rouges parfois menant à la mort. Une question ?

 

Mme ALLAS : Je vois que je n'ai rien à t'apprendre, dit elle. Comme d'habitude, finit-elle désolée pour elle même en murmure. Tu ressens quoi comme symptômes ?

 

Richard : Des palpitations cardiaques de courtes durées et de rares fois des mots de têtes, répondit-il la tête baissée

 

Mme ALLAS : Prends-tu des psychotropes ?

 

Richard : Cette question n'a pas lieu d'être madame. Faudrait d'abord qu'on mange trois fois par jour comme la moyenne, répondit-il les yeux fixés sur la pièce d'argent entre ses mains.

 

Mme ALLAS : En tant que psychologue scolaire, mon rôle est d'intervenir dans l’apprentissage, la motivation, les comportements, les aspects émotionnels, le développement mental des apprenants et aussi les relations entre eux et avec leurs professeurs. Ton cas est délicat, dans le sens que le travail à faire est sur le plan émotionnel…

 

Richard : … Silencieux et concentré sur la pièce qu'il faisait mouvoir dans le creux de sa main.

 

Mme ALLAS : Tu fais quoi au point de faire abstraction de mes propos ? Demande la proviseure en levant la tête pour voir ce qu'il faisait, ou précisément ce qu'il avait en main. Fais voir, dit-elle

 

Richard lui tend la pièce et lui fait savoir qu'elle appartenait à son père.

 

Mme ALLAS : Il est étonnant de voir que tu as changé l'image que tu te faisais de ton père. As-tu eu des remords ?

 

Richard : Oui, afin peut-être plus que ça.

 

Mme ALLAS : Je vois qu'elle a pour toi une valeur sentimentale qui prend de l'ampleur puisque tu ne l'as pas quitté pas des yeux depuis ton entrée dans mon bureau. Sais-tu ce qu'est un mantra ? Demande la proviseure en espérant lui apporter quelque chose de nouveau pour une fois

 

A SUIVRE…

ECRIT PAR PRIVAS_WINNER

 

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