SURVIVANT (Ep 33)

SURVIVANT (Ep 33) | AfroRaise

 

Il arrivèrent au domicile de Richard, qui dans son délire comportementale s'accrocha à son ancien ennemi par le cou. Ils remarquèrent que la grille servant de porte fut entrouverte.

 

>Sûrement qu'il y a un membre de ta famille à la maison - dit Sylvestre - le mieux qu'ils puissent faire est d'appeler un pasteur ou un prêtre avant qu'il ne soit trop tard - il termina en le laissant s'écrouler dans le vieux canapé.

 

Par moment, Richard pouffa de rire sans raison, et se mit à se gratter de partout, arrachant, au moyen de ses ongles, par mégarde quelques boutons  d'où s'échappèrent des lamelles de sang. Il se débarrassa de sa chemise puis de son pantalon. Son corps tout entier fut désormais recouvert d'immondes boutons et rougeurs. Sa peau commença à s'effriter. Sylvestre l'orbserva avec mélancolie sans prononcer mot. Il revint à lui quelques secondes plus tard.

 

> Il Y A QUELQU'UN ? - fit-il en frappant des mains.

 

Raïssa tiqua et, terrifiée, sortit précipitamment de la chambre de Richard.

 

>Bonjour petite. Je suis un camarade de classe de ton grand frère...

 

>Tu sors d'où comme ça petite fouine ? - Demanda Richard furieux, tout en se grattant l'entrecuisse.

 

>Je-Je…- se mit-elle à bredouiller sans suite.

 

>Je ne vous avais pas défendu de vous approcher du pagne noir dans ma chambre ? - dit-il avec une colère grossissante.

 

>Je voulais voir l'expérience de la photosynthèse dont tu avais parlé. Tu as quoi sur le corps ?

 

>Ne me dit pas que…

 

 

Il ne termina pas qu'il se précipita vers sa chambre d'une démarche ivre. Il découvrit que le pagne recouvrant le fétiche avait été légèrement remonté et que ce dernier fut renversé. Il posa les mains sur sa tête.

 

 

>Je suis foutu - dit-il avant de pouffer de rire sans raison.

 

 

Une violente colère s'empara de lui. Il s'approcha du fétiche, se gratta l'intérieur des aisselles, s'accroupit, se gratta les genoux arrachant quelques boutons puis redressa le fétiche. Il voulut se relever quand il aperçut le cube en bois et à côté, un papier froissé. Il rampa à quatre pattes vers le cube, les ramassa et déplia le papier.

 

<<Peu importe les difficultés que tu traverseras dans la vie, ils seront tous temporaires. N'arrête pas d'avancer. Je suis persuadé que tu tu as montré le premier papier à ta mère, si oui, tu as réussi mon test, ça prouve à quel point tu lui fais confiance. Si tu le lui as caché, ne te blâme pas, la loyauté est une qualité rare. Mireille est la seule qui pourra être ton parapluie pendant la saison pluvieuse, ta barque pendant les inondations. Elle seule donnera sa vie pour toi, sois reconnaissant. GALLE ton père.>>

 

 

 

###Pendant ce temps, au salon###

 

 

Raïssa : Grand frère a quoi ?

 

Sylvestre : Il est très malade. Où est votre mère ?

 

Raïssa : Au bord de la route. Elle vend. C'est grave ? Richard aussi va mourir ? - demanda la petite au bord des larmes.

 

Sylvestre : Non, il ne va pas mourir. - dit-il en se penchant sur elle. Il est juste très malade. Tu peux faire venir votre mère ? Dis lui que c'est urgent, Richard est très malade.

 

Raïssa : D'accord.

 

 

 

Richard émergea de la chambre. Aussitôt qu'il vit sa sœur, sa colère refit surface.

 

 

 

>C'est à cause de toi tout ça - il gronda - Je vais te casser la tête.

 

 

Il leva le cube dans le cliquetis métallique habituel et s'apprêta à l'abattre sur la tête de sa sœur quand ses pieds s'entremêlèrent et le firent s'écrouler violemment de tout son long sur le sol. La chute fut si violente que cube en bois se brisa en petits morceaux, libérant une clé, un médaillon métallique et un bout de papier de cahier. Plusieurs boutons éclatèrent au passage, libérant un liquide visqueux jaunâtre et du sang.

 

 

 

Raïssa : GRAND FRÈRE - hurla la petite en pleurant.

 

Sylvestre : TU ATTENDS QUOI POUR ALLER APPELER TA MÈRE ? - gronda le métis qui s'accroupit près de son camarade.

 

>Mi-Mi-reille bredouilla Richard allongé.

 

Sylvestre : C'est qui Mireille ? - demanda-t-il a Raïssa avant qu'elle ne referme la grille.

 

Raïssa : C'est maman.

 

 

 

Elle se dirigea vers la sortie au pas de course. Elle heurta un vieillard qui psalmodiait et chantait le nom de Dieu, une Bible à la main. Son visage lui fut étrangement familier. Elle s'excusa puis continua sa course.

 

 

 

>TU VAS OÙ PETITE ? - lança le vieillard sans recevoir de réponse.

 

 

Sylvestre ramassa les débris du cube, le médaillon métallique, la clé et le papier et les posèrent sur le buffet. Il perçu de façon brève qu'un numéro de téléphone était écrit sur le papier.

 

 

>Bouge pas, je reviens. Je dois encore avoir des gants dans ma caisse.

 

 

Il sortit et revint avec des mains gantelées. Il le fit lever avec difficulté et le conduisit dans la chambre d'où avait émergé.  Raïssa, quelques minutes plus tôt. Il le fit allonger sur le matelas et le recouvrit entièrement de pagne. Il se redressa et se boucha le nez avec le coude. Marchant à reculons, il s'adossa contre l'un des mur, observant avec souffrance son camarade en souffrance.

 

 

>Je crois que je viens de comprendre pourquoi mon père m'a envoyé dans un lycée public - dit Sylvestre - Je croyais qu'il voulait me punir, me priver de mes amis, d'un enseignement de qualité et du luxe d'une école prestigieuse. C'est plutôt le contraire. Il voulait plutôt me donner une leçon, me faire comprendre qu'il y autre chose que l'aisance. J'ai eu du mal à croire que tu vies ici dans ce trou, pourtant tu es toujours le connard qui rafle les bonnes notes. C'est là que j'ai compris. Mon père voulait que je vois la situation des autres, que je vois que tout le monde n'est pas riche et ne peut pas envoyer son enfant dans de grandes écoles. Moi j'ai une chance immense que tu n'as pas pourtant tu es meilleur que moi en tout. J'espère sincèrement que tu te rétabliras. Peut-être que nous deviendront amis. Oui peut-être - finit-il en murmure.

 

>Action - marmonna Richard.

 

>Pardon ?

 

>AFEHOU demande du sang - haleta Richard en se débarrassant de sa couverture.

 

>Bien sûr - fit Sylvestre en tapant du pied contre le ciment - Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt. Un sacrifice pourra calmer le fétiche et tu auras encore un peu de temps. Attends je t'aide.

 

 

 

Il se précipita vers son camarade.

 

 

>Ne faites surtout pas ça - gronda le vieil homme qu'avait bousculé Raïssa.

 

 

Sylvestre se stoppa, se retourna et vit l'homme à l'entrée de la chambre.

 

 

Sylvestre : Tu le connais ? - s'adressant à Richard.

 

Richard : C'est mon sauveur - dit-il en pouffant de rire.

 

Sylvestre : De quoi tu parles ?

 

Richard : C'est lui - en se grattant la main - qui m'avait sauvé - se grattant le cou - quand tu avais envoyé des gens me tabasser.

 

 

 

Richard éclata de rire. Le vieil homme fustigea Sylvestre d'un regard sévère et blâmeur.

 

 

 

>Tu devrais avoir honte mon fils. Ce que tu as fait est indigne d'un fils de Dieu.

 

>Je sais - il avoua avec un air de chien battu - Je vous prie de m'excuser.

 

>Garde tes excuses pour ton jeune ami.

 

>Je vais finir par croire que vous êtes un ange - dit Richard en riant.

 

>Je suis pasteur, mon fils. Appelle moi pasteur Malcom. Dieu a entendu tes cris et il m'envoie te délivrer des mains de ce qui n'a pas pû être défait. Tu as offensé Dieu, mais il est prêt à te pardonner et te combler de sa miséricorde si tu l'acceptes en tant que l'UNIQUE.

 

 

 

Il éclata de rire. Il rit longuement sans pouvoir s'arrêter.

 

 

 

>C'est pas de la blague, abruti - gronda Sylvestre.

 

 

Madame GALLE apparut tourmentée, accompagnée de Raïssa en pleures. Elle dépassa les deux hommes sans les considérer puis se jeta près de son fils étendu.

 

 

 

Mme GALLE : Mon fils - pleurant - Pourquoi ? Pourquoi tu as fait une chose pareille ?

 

 

 

Sylvestre se mit à verser des larmes de tristesse à son insu.

 

 

 

Mme GALLE : On doit appeler un prête. Dit-elle en se tournant vers le vieil homme qui lui sourit.

 

Pasteur Malcom : Bonjour madame.

 

Mme GALLE : Vous êtes là ? Toujours au bon moment. Vous pouvez joindre un prêtre pour moi ? Je vous en supplie.

 

Sylvestre : Il est pasteur madame. C'est le pasteur Malcom

 

Mme GALLE : Ah - fit-elle surprise.

 

Pasteur Malcom : Croyez-vous en Dieu ?

 

Mme GALLE : Oui pasteur - répondit-elle avec vigueur.

 

Richard : Maman, je ne vois plus rien. Maman s'il te plaît tu es où ? Maman, maman.

 

 

Madame GALLE éclata en sanglots. N'en pouvant plus de retenir ses larmes, Sylvestre sortit de la chambre et se dirigea vers la terrasse où il vit Arthur Émilie et Romuald venir.

 

 

Mme GALLE : Faite quelque chose pasteur Malcom.

 

Pasteur Malcom : Dieu permet tout ceci afin que vous voyiez la grandeur de l'Éternel - dit-il en souriant avec tendresse - Faites confiance à Dieu et sortez. Ce sera long mais il vivra. Son heure n'a pas encore sonné. Il faut lui faire une délivrance. Priez pour lui depuis le salon.

 

 

 

Elle obtempéra, amenant avec elle Raïssa en pleures.

 

 

 

Mme GALLE : Où est ton frère ?

 

Raïssa : Il est toujours à l'école.

 

Mme GALLE : Et pourquoi tu es rentrée si tôt ?

 

Raïssa : Les professeurs sont absents.

 

Mme GALLE : D'accord. T'inquiète pas pour ton grand frère, il va guérir - lui nettoyant les larmes.

 

 

 

Rolland fit irruption dans le salon en dansant, tout excité. Il tournoya sur lui-même et pivota sur le côté.

 

 

 

Rolland : Vous avez devant vous le nouvel assistant du chargé de communication régionale de IMEX Internationale. Je…

 

 

 

Il ne termina pas sa phrase quand il remarqua la mine chargrinée de sa mère et le visage larmoyant de sa sœur.

 

 

 

>Que se passe-t-il ? - il demanda inquiet - J'ai vu les camarades de Richard dehors mais je n'ai pas vraiment fait attention à eux. Il se passe quoi maman ?

 

>C'est ton frère.

 

>Il a quoi ? - reprit-il.

 

>Je ne sais pas comment te le dire, il est actuellement dans la chambre avec le pasteur Malcom.

 

>Il y avait un grigri dans votre chambre - dit Raïssa.

 

>Un grigri ? - reprit Rolland.

 

>Tu l'as vu ? - questionna sa mère.

 

>Oui, c'était sous le pagne noir.

 

>Donc il nous avait menti. Hum Richard - fit-elle déçue.

 

 

 

La joie de Rolland s'évapora à l'annonce de ce malheur. Il se laissa tomber dans le fauteuil aux côtés de sa mère.

 

 

 

Rolland : Vous avez fini par ouvrir le cube ? - il demanda en voyant les morceaux de bois et la clé sur le buffet.

 

 

 

Il se leva et les ramassa. Il vit le papier comportant le numéro. Il se mit à le composer par curiosité et lança l'appel.

 

 

 

Mme GALLE : Lâche ce téléphone Rolland. Nous devons prier pour la guérison de ton frère.

 

Rolland : Je sais maman mais dans ces cas tu sais très bien que je ne peux rester assis sans rien faire. Je risque de devenir fou

 

 

 

Le téléphone sonna et l'appel fut décroché.

 

 

 

>Notaire Herman POFI, à l'appareil. Bonjour.

 

>Bonjour - répondit Rolland

 

>Que puis-je pour vous, monsieur ?

 

A SUIVRE…

ECRIT PAR PRIVAS_WINNER

 

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