SURVIVANT ? (Ep 11)

SURVIVANT ? (Ep 11) | AfroRaise

Elle se mit à se demander de qui pouvait-il bien parlé.

 

<<À peine deux heures et une fille lui plaît déjà>> pensa-t-elle intérieurement.

 

Eugénie : Ça ne peut être que Mirabelle, à part elle je ne vois pas qui d'autre. Je t'informe que c'est la petite amie de Sylvestre MERLOT.

 

Carlos : Non, une autre fille plus belle, plus douce à mes yeux. Elle s'appelle Eugénie.

 

Eugénie : Et tu es sûre qu'elle est dans la même classe que nous ? Demanda-t-elle curieuse et pensive. Non, ne me dit pas que…reprit-elle après avoir compris où il en venait.

 

Carlos : Oui, c'est bien toi. Dès mon entrée dans la classe. Et le simple fait de discuter là avec toi représente beaucoup pour moi.

 

Eugénie : C'est impossible toi et moi. J'aime déjà Richard, tu le sais.

 

Carlos : L'impossible n'est pas nous deux mais vous deux. Je n'ai aucunement l'intention de te briser le cœur mais il va falloir que tu t'y fasses Eugénie. Tu veux indéfiniment rester là à l'attendre pendant qu'il joue à l'aveugle ? Et qui sait peut-être qu'il a déjà une vue sur une autre fille - en lui faisant face.

 

Eugénie : Je le saurai si c'est le cas.

 

Carlos : Ça se sent que tu n'es pas convaincue de ce que tu viens de dire. Je peux t'offrir tout ce que tu veux Eugénie. Amour, tendresse, affection, respect, considération, patience. Je te donnerai tout, je te couvrirai de cadeaux. On dînera dans les meilleurs restaurants du pays, je te ferai vivre le paradis sur terre. Ce que je doute que Richard pourra t'offrir.

 

Eugénie : C'est facile à dire. Je l'avoue, tu es charmant, mignon...

 

Carlos : Je suis certain d'être le plus beau mec de l'école et le plus beau que tu n'aies jamais rencontré. Accepte seulement de me laisser faire mes preuves, reprit-il en lui coupant la parole.

 

Eugénie : ...mais J'aime déjà quelqu'un d'autre

 

Carlos : Je n'abonnerai pas. - une minute de silence plus tard, il reprit- Dis moi ce que tu vois autour de nous.

 

Eugénie : De grands arbres verts et des feuilles mortes ?

 

Carlos : Moi je vois la beauté qu'à la nature. Ces arbres qui s'offrent au caresses des rayons du soleil. Un vert pur de leurs feuilles, des troncs qui renferment des milliers d'histoires et sur le sol des feuilles qui fatiguées de s'accrocher à un espoir vain, fatigué d'avoir pendant toutes leurs existences cherché un seul rayon de soleil, se sont lassés et se sont abandonné au désespoir, perdant ainsi leurs éclats.

 

Eugénie : Je ne voyais pas les choses de cette façon.

 

Carlos : Ainsi sera mon cœur si mes sentiments pour toi sont rejetés, dit-il en montrant du doigt les feuilles mortes.

 

Eugénie : Tu sais les manier, les mots. C'est comme ça tu arrives à conquérir les filles ? Demanda-t-elle en levant les yeux vers le ciel bleu sans nuage.

 

Carlos : À vrai dire, j'ai un peu de mal avec les filles. Il est vrai que je m'attache vite aux gens et souvent ça finit en déception. Un jour je me fais des amis, le jour suivant on décolle pour un autre pays. Je n'ai jamais eu une longue amitié ou relation amoureuse. Chaque fois que je pensais trouver mon bonheur, il partait en miette quelques temps après. Mon quotidien n'est que routine, solitude, désolation.

 

Eugénie : Je suis sincèrement désolée.

 

Carlos : Tu ne devrais pas. Après tout, on se connait depuis combien ? Une heure, deux heures ? J'ai toujours voulu avoir des amis avec qui discuter, un ami qui me comprendrait, une fille qui m'aimerait, dit-il les yeux mouillés de larmes. Tu es chez nous maintenant. Tu as Richard, tu m'as moi, dit-elle en lui passant le doigt sur la joue pour lui essuyer une larme qui venait de s'échapper.

 

<<Pauvre Carlos, malgré qu'il a tout comme avantage, le côté émotionnel n'est pas vraiment ça>> pensa intérieurement Eugénie.

 

Carlos : Je suppose que tout s'explique mieux pour toi.

 

Eugénie : Je ne te suis pas.

 

Carlos : Ma taille, mes muscles, ma barbe. Tu dois te demander quel âge j'ai.

 

Eugénie : … silencieuse.

 

Carlos : J'ai vingt-deux ans. Pourtant je suis toujours en Terminal malgré mon QI, dit-il en éclatant tristement de rire. À vrai dire, je rate toujours les examens de fin d'année, toujours à voyager avec mon père dans tous les pays du monde. Au point où il m'arrive de me demander s'il faut que je continue l'école.

 

Eugénie : Pourquoi pas ?!

 

Carlos : Regarde toi-même. Je n'apprends rien de nouveau à l'école. Je suis un génie, dit-il avec fierté. Je fais passer les professeurs pour des crétins, peu importe qu'ils soient enseignants au lycée où à l'université, j'ai raflé tous les prix des concours auxquels j'ai participé. J'ai eu a contredire des professeurs chercheurs  sur la théorie de l'élasticité du flux temporel, l'existence d'un monde parallèle, le magnétisme. J'ai trouvé une faille dans les travaux physico-mathématiques d'Anton Zeilinger sur la théorie de la téléportation...

 

Elle l'écouta se vanter de son intelligence pendant des minutes et des minutes.

 

Carlos : … Regarde-moi Eugénie, qu'ai-je encore à apprendre à l'école ? Même Richard ne m'arrive pas à la cheville.

 

Eugénie : Tu pourrais peut-être apprendre à être moins pervers pour commencer.

 

Carlos : Tu as probablement raison, dit-il en se grattant la nuque dans un sourire gêné.

 

Eugénie : À t'entendre parler, j'ai l'impression que tu as déjà une idée de ce que tu veux.

 

Carlos : Une idée ? Non une vision. Mon père va bientôt laisser les commandes de l'avion, il faut que je sois prêt le moment venu pour le piloter.

 

Eugénie : Tu veux faire de l'urbanisme aussi ?

 

Carlos : Oui, si on peut dire. Au fait, comment est Richard ? Il ne parle pas beaucoup, j'ai l'impression.

 

Eugénie : Il est un peu réservé mais il est quelqu'un de gentil et plus sympathique que tu ne le penses. Malgré sa condition financière, il essaie de faire le bien qu'il peut.

 

Carlos :Sa condition financière ?

 

Eugénie : Oui. Sa famille et lui traversent une profonde crise financière. Il essaie de le cacher en plongeant tout le temps dans des bouquins mais nous ses amis le savons. Il refuse toute aide, sauf de la nourriture. Et ses crises de colère n'arrangent pas les choses.

 

Carlos : Il est violent ?

 

Eugénie : Non. Mais il est très sensible à la colère et il n'arrive pas à se contrôler dès fois, ce n'est pas bon à voir quand il est dans cet état. Il en a fait baver à Sylvestre, l'autre métis, malgré qu'il soit plus grand et mieux bâti que lui.

 

Carlos : Intéressant, un TEI, sursura-t-il à lui-même.

 

Eugénie : Pardon ?

 

Carlos : Non rien, continue

 

>C'est mon cousin, voulut-il faire entendre avant de se raviser.

La fin de la pause sonna. Les élèves rentrèrent dans leurs salles respectives. Richard voyant Carlos et son amie venir ensemble, leva les yeux quelques secondes puis les plongea aussitôt dans le nouveau bouquin qu'il prit à la bibliothèque quelques minutes plus tôt.

 

Eugénie : Ça va toi ? Dit-elle en s'asseyant.

 

Richard : Oui, répondit-il sur un ton froid.

 

Eugénie : Tu lis quoi ?

 

Richard : Je ne pense pas que tu puisses comprendre même si je te l'explique, lâcha t-il sans lui jeter un regard

 

Eugénie : Tu as quoi ? S'enquit-elle

 

Richard : Rien. À part le simple fait que tu sois en colère pour je ne sais quelle raison, dit-il en fermant brusquement le gros livre.

 

Eugénie : Oublie ça, c'est déjà passé.

 

<<Tss, je vais lui montrer moi, à ce connard affamé. Il se pique la grosse tête depuis qu'il participe à ce concours et que le proviseur l'a présenté au mât comme le représentant et l'espoir de l'établissement. Mon œil. Par chance  Carlos est là, à nous deux on pourra le finir plus vite que ce que je pensais. Je m'en réjouis déjà>> pensa Sylvestre qui s'évada quelques instants pendant la causerie avec ses amis.

 

Carlos : Tu rumines quoi cousin? À quoi tu penses ? Questionna le nouveau métis en se rapprochant de son cousin

 

Sylvestre : À comment finir ce pauvre crétin de surdoué, répondit-il en pointant son menton en direction de Richard.

 

Il s'assit dans son nouveau banc, sortir un petit carnet  de sa poche.

 

>Deuxième phase : Gagner la confiance de ses amis, enclenchée se murmura Carlos en barrant la deuxième ligne des cinq écrites dans le carnet.

 

<<Je devais commencer par lui mais Eugénie a été plus facile à cuire que prévu>> pensa-t-il intérieurement en rangeant son carnet.

 

Sylvestre : Tu m'as toujours pas dit ce que tu fais dans ce lycée.

 

Carlos : Je suis en mission pour le daron. Il faut qu'on rappelle à un fils de pute qui est le Boss. Dit-il en souriant le plus naturellement possible

 

Sylvestre : Tu as repris le flambeau ? S'étonna-t-il

 

Carlos : Pas encore, je suis encore en initiation. Il a un nouveau marché à conquérir dans le pays, mais le problème est qu'il y a déjà un occupant, donc on fera d'une pierre deux coups, il négociera et moi je me chargerai de faire peur.

 

Sylvestre : Du vin coulera ?

 

Carlos : S'il le faut. Ça dépendra de la capacité du chef de l'organisation actuelle à comprendre, dit-il en souriant toutes dents dehors.

 

Sylvestre : C'est qui ?

 

Carlos : On ne peut pas en parler ici, dit-il la mine soudainement sérieuse. Tu connais un certain professeur nommé RODE ?

 

Sylvestre : Oui, RODE Anderson, le prof d'histoire-géographie. C'est lui, dit-il en montrant le professeur qui venait d'entrer dans la salle.

 

 

Richard demeura silencieux pendant les heures restantes. Il ne voulut plus se prêter au jeu de Carlos qui prenait plaisir à lever la main à chaque question et à contredire le professeur chaque fois que l'occasion lui était servie sur un plateau.

 

La journée tira à sa fin, aussitôt le professeur sortit, le nouvel élève disparu à sa suite.

Monsieur RODE Anderson héla un taxi et monta à bord. Carlos, à bord de sa Mercedes, modèle fait sur commande à la maison, le prit en filature pendant tout l'après-midi, notant ses moindres faits et gestes, le temps qu'il prenait, qui il rencontrait, où il allait, ce qu'il faisait... Son objectif était d'établir le programme routinier de sa vie, il voulait le connaître plus que lui-même, même si pour cela il doit rester cloîtré des heures dans sa bagnole.

 

>Prochainement je prendrai une caisse moins tape à l'œil. Je devrais être entrain de me taper une belle gonzesse, au lieu de ça je suis là à suivre un putain de professeur de pacotille, comme son toutou, lâcha t-il à lui-même exaspéré.

 

Il détacha sa queue de cheval, s'ébouriffa les cheveux en se mirant dans le rétroviseur intérieur, il sourit en montrant sa parfaite dentition blanche.

 

>C'est qui le beau gosse ? C'est moi bien-sûr, dit-il en faisant un clin d'œil au miroir.

Il se passa les mains sur les cheveux pour les remettre en place puis les attacha. Il ouvrit le coffre, vit un gros cigare puis le referma en disant : gardons ça pour la victoire. Il saisit un paquet de cigarettes sur le siège passager à côté. Il sortit une, fit claquer le briquet, et inspira profondément sur la cigarette que le feu dévora. Il expira profondément la fumée et afficha un sourire béat.

 

*

 

Pendant ce temps, Richard et ses amis attendaient patiemment l'heure pour la deuxième séance de Travaux Dirigés. Richard, troqua son uniforme scolaire pour un habit maison.

 

>Je ne le sens pas ce Carlos, finit par lâcher Romuald qui remarqua que tout le monde évitait le sujet

 

Arthur : Je l'aime bien moi.

 

Romuald : Tu aimes tous ceux qui sont hyper intelligents, ça n'a rien d'étonnant.

 

Richard : Quelque chose ne te plaît pas chez lui ? Questionna-t-il en posant son regard sur lui.

 

Romuald : Je sais pas comment le dire mais il y a un truc qui me chiffonne chez lui. Comme s'il était quelqu'un d'autre. Je l'aime pas. Je ne lui fais pas confiance

 

Eugénie : Il est plus sympathique que vous le pensez. Il est aussi doué que Richard et il veut juste se faire des amis, finit-elle pensive.

 

Richard : Il s'est bien comment s'y prendre, pour se faire des amis. Rien de mieux que de tripoter une ou deux poitrines - lâcha Richard.

 

Eugénie : Il a présenté ses excuses, c'est une mauvaise habitude qui lui est restée.

 

Romuald se retint d'éclater de rire.

 

La collecte faite, le TD terminé, le compte fait par Eugénie, le groupe se dispersa après avoir fait un bref résumé de la bonne marche de l'entreprise. Mirabelle attendait de voir Richard passer, il lui avait dit de l'attendre jusqu'à dix-sept heures.

 

Eugénie : Encore toi ? Dit-elle en la voyant debout à la sortie de l'établissement.

 

Mirabelle : Richard m'a dit de l'attendre à dix-sept heures pour qu'on travaille ensemble.

 

Richard : A..

 

Eugénie : Ça ne pourra pas être possible, je t'avais dit qu'on avait déjà quelque chose de prévu.

 

Richard : Oui mais on peut faire une exception pour aujourd'hui ? Dit-il en s'adressant à Eugénie mécontente.

 

Eugénie : Non, il n'en est pas question. On doit aller à la bibliothèque nationale ce soir, on en avait parlé. Il ne reste que douze jours pour la deuxième partie du concours.

 

Richard : Elle a besoin d'aide.

 

Eugénie : Il va falloir que tu choisisses entre l'aider ou m'accompagner à la bibliothèque.

 

<<Autrement dit choisir entre vous deux>> pensa intérieurement Richard.

 

Ils restèrent plantés en attendant la réponse de Richard qui se demandait comment sortir sa tête de cette guillotine. Elles, elles attendaient impatiemment qu'il se décide.

 

Eugénie : Parfait, je vois que tu n'arrives pas à te décider, je m'en vais.

 

Mirabelle : Non, non. Je pars. Tu as raison vous l'aviez déjà prévu. Je vais demander l'aide de Carlos.

 

Eugénie : Tant mieux.

 

Richard : Désolé, s'excusa-t-il auprès de la Miss.

 

La tension fut presque palpable entre eux deux jusqu'à l'arrivée à la bibliothèque où Richard brisa le silence.

 

Richard : Je te donnerai des mots, tu me donneras leurs variantes, significations et origines en latin s'il y en a. Nous terminerons par un jeu où je te donnerai des voyelles et consonnes et tu me formeras des mots de différentes manières, dit-il en prenant un gros dictionnaire posé sur la grande étagère

 

Eugénie : Ok

 

Richard : Quand je rentrerai, je mettrai au point un programme pour notre entraînement.  Épellation de Abaies, verbe et origine en latin

 

Eugénie : A quoi ?  Jamais entendu parler.

 

Richard : Abaies, tirer de Abayer qui est en réalité un synonyme du verbe aboyer. Il n'est plus utilisé de nos jours. Dit-il en ouvrant le dictionnaire tout poussiéreux

 

Eugénie : Tu commences fort.

 

Richard : On aurait dit qu'il n'a plus été ouvert pendant des années, dit-il en tapotant légèrement le livre pour le débarrasser de sa poussière.

 

Il s'assit à côté de sa camarade, sur la chaise en bois peinte  d'un vernis neutre. Il enleva son sac de la longue table rectangulaire et le posa à ses pieds. Après avoir scruté la bibliothèque et ses grandes étagères remplies de livres vieux et recents, il débuta

 

*

 

Le téléphone de Carlos vibra. Il cracha la dernière bouffée de fumée et jeta le mégot encore incandescent hors du véhicule avant de décrocher.

 

>Le train est sur les rails ? Demanda la voix grave à l'autre bout du téléphone.

 

Carlos : Oui p'pa.

 

>Ne te fais pas griller. Ils doivent pas nous sentir venir.

 

Carlos : Reste cool p'pa, je gère. Ils ont accepté ?

 

>Non, je leur ai donné un ultimatum. Ils ont goûté à la marchandise, elle est plus pure que la leur qui est coupée avec une connerie. Quelqu'un les tient en laisse et je vais découvrir qui c'est.

 

Carlos : Et cet abruti de professeur ? Nous devons envoyer un message fort, reprit-il tout agité

 

>Ne fais rien sans mon autorisation. On peut pas débarquer et commencer à foutre le bordel.

 

Carlos : D'accord p'pa.

 

>Et le recrutement ? Reprit la voix

 

Carlos : Comme sur le cul lisse d'une blondinette

 

>Arrête de coucher de gauche à droite, tu vas finir par chopper une merde.

 

Carlos : P'pa - il marqua une courte pause - J'ai revu Sylvestre.

 

>Qui ?

 

Carlos : Sylvestre MERLOT le fils de tante Alicia. Il…

 

La voix lui raccrocha au nez.

 

A SUIVRE…

ECRIT PAR PRIVAS_WINNER

 

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