CONFESSION D'UNE INSATIABLE (Ep 5)

CONFESSION D'UNE INSATIABLE (Ep 5) | AfroRaise

*Jour 5 : Un souhait contre un viol*

 

 

```L'envie m'est venue de décrire l'émotion et le ressenti que dégageait Queen, convaincu que penché sur mon téléphone à prendre des notes, je ratais la partie émotive de son récit. J'ai donc troqué avec empressement mon bloc note instantanné Jotter Pad contre le magnétophone de mon téléphone triple caméra.  19h25, est l'heure de début de l'enregistrement.

 

Un soir, à la fin des cours, je causais avec Dominique, un des meilleurs potes de Remi, en attendant qu'il arrive. J'avais eu envie de regarder l'heure qu'il faisait et à l'arrivée de Remi, je lui avais demandé son téléphone. Ce qu'il m'avait remi sans bouder. Comme je m'ennuyais, j'étais allée dans son WhatsApp et je voilà je tombe sur sa conversation avec Kerissa en premier plan. Je n'étais pas entrée dans la conversation mais j'avais appuyé sur "info" pour voir les photos, vidéos, documents et liens. C'est là que j'étais tombée sur quelque chose d'incroyable et d'effroyable. J'avais un goût amer dans la bouche et j'avais l'impression que mon cœur ralentissait. J'avais vu une photo que Kerissa lui avait envoyée la veille. Elle était dans une chemisette moulante et fine sans manche, transparente, ce qui laissait parfaitement voir à travers, ses seins et leurs bouts. Presque une nude. J'avais mal au coeur, j'étais devenu glaciale. J'étais pas loin d'un AVC. J'avais mal, je me disais que c'est parce que 3 ans de relation c'est pas rien donc de lui laisser le temps. J'essayais de me convaincre. J'avais juste demandé à rentrer et il m'avait même déposée sans faire d'histoire et sans se douter de quelque chose.

 J'étais devenu distante et sèche avec lui par WhatsApp.

 

J'ai, en écoutant ses mots, en analysant leur débit, l'impression de la voir revivre cette épouvante. Les lignes de son beau et fin visage revêtent une couverture de rage et d'amertume. Les boules de glace aux saveurs fraises et menthes dans son pot d'aluminium, témoignent de cette lueur sombre dans son regard. Je le sais, queen a les yeux baissés sur mes doigts croisés, mais elle ne les voit pas, elle revoit cette photo, se la ressasse, la reconsidère. Cette poitrine gigantesque et ces tétons pointés vers elle comme des armes, vues sous transparence, lui narguaient les yeux et lui disaient qu'elle n'avait aucun contrôle sur sa relation,  encore moins sur Remi.

 

Peu après, toujours dans la même période Dominique s'est mis à se comporter bizarrementavec moi. Il était plus doux et plus attentionné. Il m'invitait à sortir mais je refusais. Il me draguait. Une amie à nous deux lui avait demandé pourquoi il me draguait alors qu'il sait que son ami sort avec moi. Dominique a répondu qu'il avait dit à Rémi que je lui plaisais et Rémi l'a autorisé à me draguer. C'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase.

 

Je vois ses doigts se resserrer autour de la petite cuillère métallique, essayant de la tordre. Comme si cela lui permet d'évacuer  cette fureur.

 

 On avait commencé à se disputer pour tout et pour rien. Des querelles interminables et on faisait deux jours, trois jours voire une semaine sans s'écrire. On était devenus très distants, même à l'école. On se dépassaient même. Il m'avait appelé un jour et  il m'avait demandée de l'attendre à la sortie. Il s'était excusé et on avait discuté. Je lui avais dit que soit c'est elle soit c'est moi. Il avait répondu que l'autre n'est qu'une amie et qu'il ne pouvait pas la laisser parce qu'elle était seule. Mais qu'il n'y avait plus rien entre eux. J'avais dit qu'il n'avait pas fait de choix sinon ce serait clair pour lui. Il a dit que voilà qu'il est un gars qui aime sortir alors que quand il m'invite je refuse à chaque fois. Or Kerissa, l'invite souvent. Tu veux qu'on sorte non ? Okay on va sortir. Voilà ce que j'avais pensé.

Il a passé presque 9 mois à jouer au double jeu, il traînait toujours Kerissa et était avec moi. Je le savais mais je l’aimais donc je suis restée, juste que c’était devenue bizarre entre nous car arrivé à un moment, même un petit salut de lui par sms ou sur WhatsApp m’irritait au plus haut point. Tout ce qu’il faisait m’irritait grave. Voir son nom s’afficher sur mon écran (appel) m’énervait tellement mais ça ne m’empêchait pas de bien me comporter envers lui devant ses amis surtout en présence de ce Dominique. On pouvait ne pas se parler pendant des jours mais suffit qu’il y ait une tierce personne autour de nous pour qu’on le fasse et c’est lui qui engageait toujours la discussion à ces moments là. Il savait que c’était peut-être les seuls momants où je pouvais..., ou on pouvait faire une trêve.

 Deux raisons me poussaient à malgré moi faire cela : je ne voulais pas répondre aux questions comme : pourquoi vous ne vous parlez pas? Y’a t-il un problème ? Ou peut-être juste parce que je l’aimais trop pour lui mettre un vent en public.

Je ne suis le genre de go qui boude ou zappe son gars en public, préserver les apparences était ma première règle et puis je me disais aujourd’hui je le zappe en public et demain on se parle comment les gens allaient prendre ça ? Je ne qualifie pas une eau que j’ai bu ou que je bois de sale, jamais ce n’est pas moi. Même si dans mon cœur en ce moment je savais qu’il était une eau vraiment infectée, pourrie et je ne sais plus quoi...

 

Elle arrête de passer sa douleur sur la cuillère, prends un gros morceau de glace, comme si retracer cette partie de son passé lui avait profondément asséché la gorge, puis me fixe avec une intensité déconcertante.

 

- En te racontant cette partie ce soir (commence-t-elle) m’a fait replonger dans de mauvais souvenirs, genre tu sais que ton gars n’est pas sérieux, tu sais qu’il te trompe mais tu es là. En tout cas, ça me permet de comprendre beaucoup de personnes aujourd’hui quand elles me disent "je l’aime malgré tout". Mais bref ce qui compte c’est que j’ai eu une belle vengeance digne de ce nom, comme quoi quand ton gars te trompe avec 100 filles toi calme toi ma sœur et trompe le avec son meilleur pote ou bien si tu peux ou tu ne veux plus de lui alors ma go fonce, fonce sur son daron et il saura ce qu’on appelle tromper.

 

Son regard s'illumine un instant. Pétillant,  vivant. J'ai la désagréable impression d'avoir déchiré les coutures d'un passé que le temps et sa mémoire avaient doucement enseveli dans dans bas d'éléphant gris.

 

Bref, arrivé à un moment il ne me trompait pas qu’avec cette Kerissa mais d’autres. Je voyais des messages dans son téléphone mais que faire ? que dire quand vous ne pouvez pas donner à quelqu’un ce qu’il veut de vous ? Tu comprends déjà où je veux en venir. C’est comme ça on parle français là non ?

 

Je souris en guise de réponse.

 

Un jour on s’écrivait et il m’avait dit qu’il avait envie de moi, j’avais carrément zappé ça et il avait continué hein qu’il avait envie qu’on "ken" voilà même le mot. Haha j’ai dit "ooo ah bon toi aussi tu ken ??" À la base c’était pas le froisser hein, c’était pour qu’il se calme mais il avait très mal pris ça et c'est normal. Aujourd’hui quand j’y repense ça me fait rire

 

Elle glousse légèrement de rire.

 

 Il s’était vraiment énervé, j’avais essayé de le calmer mais rien. Ahaaa une précision pendant ses 9 mois y’avait rien de spécial entre nous. J’explique, j’allais chez lui c’est vrai mais pas pour me donner au plaisir de la chair. Moi je passais juste du temps avec mon gars, j’y allais on jouait aux jeux, on s’amusait vraiment, on ne s’ennuyait jamais, peut-être c’est parce que la base de notre union était l’amitié ou Ohooo (en patois  : Je ne sais pas).

Pendant ces 9 mois si on comptait le nombre de fois où on s’est embrassé je ne pense même pas que ça atteindra les 5-6 fois, malgré qu’on se voyait presque chaque jour. En vrai je le repoussais, pas méchamment heun mais calmement. Bref une chose m’est arrivée uhum mais que presque personne ne sait.

 

Elle rallonge sur moi le même regard qu'il y a quelques minutes, comme pour dire : Privas, à ce niveau tu es plus qu'un confident.

 

Quand j’étais dans mon premier lycée, j’avais un groupe d’amis, on était 4 filles et 1 garçon, haha le gars et moi s’entendait trop bien. Bref il a commencé par aimer une autre dans le groupe. Or il me plaisait. Apparemment il était parti en France pour les études mais c’est comme si les choses ne se sont pas bien passées ou ohoo il est rentré actuellement. Bref, je rentrais un soir de l'université, j’avais pris un taxi donc je devais descendre au niveau de limousine et prendre un zed pour aller chez moi et c’est là qu’on s’est recroisé.

On a un peu papoté et il m’a remi son numéro . je suis rentrée, on a commencé à parler par WhatsApp et tout et il m’a dit que c’était demain son anniversaire j’ai fait genre : comment j’allais oublier ta date d’anniversaire Samuel chéri ?

Alors que what the f*ck, j’allais pas garder date d’anniversaire d’un gars qui m’a laissé pour une amie.

Bref, il m’a demandé si j’étais en couple. Ah oui, j’ai vite dit oui heun avec un tas de petits mensonges, que c’était beau l’amour alors que j’étais la seule à savoir l’enfer et la rivière d’angoisse dans lesquels j’étais. Moi je ne lui ai rien demandé en retour, ce ne sont pas mes affaires, je ne voulais pas qu’il m’expose en pleine face son grand bonheur avec mon ex amie ou une autre. La journée qui a suivi j'étais allée en cours normalement. Le soir y’a votre pote là, Rémi, qui s’était pointé avec sa mine d’enfant que je veux qu’on rentre ensemble. Comme si on était potes. Haha j’avais dit non que j’avais un truc de prévu. Pour une première fois il a insisté. Ah oui le gars était trop fier. Je te dis il n’insistait jamais, mais bizarrement ce soir il l’a fait. Peut-être qu’il sentait quelque chose ou peut-être il est enfin sorti de l’emprise de toutes ses petites là. Bref, j’avais dit non et j'étais partie direction la maison de mon ex ami. Bon, j'voulais lui souhaiter un joyeux anniversaire en personne.

 

Je sens sa voix se tendre, perdre de sa finesse et de sa vitesse. Elle a ce regard qui dit clairement quelle vient d'ouvrir un sombre album de son passé et que lui reviennent tels des flashs d'un clips de rappeur américain, les faits. Maussades,  lugubre, mornes.

 

J'étais allée, je connaissais bien la maison même si son aspect avait changé. ils sont nantis donc imagine un peu. J’avais sonné, sa grande sœur était venue m’ouvrir. elle sortait. Elle avait crié de joie, les blablablas des retrouvailles. Elle m’avait dit que son petit frère était dans sa chambre puis était partie. Moi j'étais allée au salon, je l’appelais mais gars là répondais pas. je m'étais permise de rentrer dans le couloir qui menait aux chambres, ne sachant pas que j’étais entrain de me jeter dans la gueule du loup. Je l’appelais toujours, après il a répondu et m’avait indiqué qu’il était dans la chambre, de venir. J’avais suivi le son de sa voix puis j'étais entrée. Y avait un petit salon avant de rentrer dans la chambre.

 Privas, je m'étais assise dans l’une des chaises façon là bas il n’était pas venu. Je criais seulement son nom il avait lancé de venir mais pas d’un ton méchant ou obligeant, rien de méchant dans sa voix. J’avais voulu lui montrer que cette Mary peureuse...qu’il avait connu avait disparu face à la nouvelle qui étaient "ouverte" voilà le mot. J'étais entrée, il était sur son lit, portatif sur les cuisses. La chambre n’avait pas de canapé ou chaise mais une table. J’étais debout, on s’était salué. Joyeux anniversaire et consorts... mais j’avais remarqué que le gars était un peu bizarre, il avait bu. Je m'étais approchée pour lui faire un câlin de joyeux anniversaire et c’est là que j’ai senti l’alcool uhum et puis je me suis assise sur le lit sans soucis. On discutait, c’était là que j’avais su qu’il avait perdu sa mère. Sa maman était trop belle et très gentille avec nous quand on venait travailler. Il avait les larmes aux yeux, j’avais essayé de lui parler, j’avais demandé d’après le père, que le vieux a voyagé. Ah donc on est seul dans cette grande maison, m'étais-je dite intérieurement.

 Il s’était levé après, m’avait demandé ce que je voulais. J'avais répondu rien. Il était parti se servir, toujours de l’alcool, et était revenu avec un verre pour moi. j’en ai un peu pris, après il s’était assis en face de moi sur le lit et m’avais demandé de lui parler un peu de mon gars. Haha j’avais commencé par raconter, il s’était levé pour s'asseoir sur la table et m’avait dit avec un ton vraiment effroyable : Donc tu m’as repoussé le soir de la soirée jump pour te mettre en couple avec un autre à qui tu te donnes en aussi peu de temps ? Je n’avais rien compris. À ce que moi je savais, on était des amis pas des ex petits-amis. j’avais juste souri. Il m'avait lâché : ah tu souris !?

 Comme si j’en avais pas le droit.

 Il était venu s’assoir à côté de moi et m’avait dit qu’il aurait voulu être à la place de mon gars, qu’il avait de la chance etc...

(Il m’avait tenu la main droite, pas méchamment)

 ...mais qu’il n'en pouvait plus et devrait faire un truc. Il s’était mis à m’approcher.

Woooo le gars veut quoi ? m'étais-je demandée.

En gros il voulait m’embrasser. Ouchhhh pardon bouche que tu vois là c’est pour Rémi mon frère, et même si je ne le lui donne pas assez ce n’est pas toi qui va en profiter connard,  avais-je pensé  interrieurement. J’ai voulu me rétracter en douceur, erreur le gars m’avait serré fort la main. j’ai fait genre j’approche ma grosse tête là pour lui faire un câlin

 

- Tu vois un peu les câlins avec une seule main où vos têtes retombent sur le dos de l’autre. je raconte du n’importe quoi.

 

Je souris à nouveau cherchant mes mots.

 

C’est là j’avais compris qu’il voulait abuser de moi. Il voulait s’allonger sur moi, heureusement la position n’était pas confortable, je l’ai repoussé et j'ai encore essayé de retirer ma main. Bref le gars voulait coucher avec moi de force. Je ne vais pas trop donner de détails, ce n’est pas un truc joyeux

 

- Je te comprend (ai-je dit avec la voix nouée de compassion et d'empathie).

 

D'empathie ? Je me pose la question question de savoir si ce sentiment ou cet ahurissement profond que j'éprouve est de l'empathie.

 

Ce que je peux dire (reprit Queen) est que sans être la go d’un gars ou qu’on soit en flirt, je m'étais faite la promesse qu'à partir de ce jour de ne plus jamais mettre les pieds chez un gars, plus jamais.

 

- Mais tu sais que je l’ai encore fait humm je suis trop têtue.

 

Y’avait un couteau de table qui m’avait sauvé, mais vraiment ce n’était pas une expérience joyeuse. je ne le souhaite à personne. Samuel pleurait de rage, de honte de...(cherchant du regard un mot, comme si tout autour de nous dansaient des mots sortis droits d'un dictionnaire) je ne sais pas mais moi j'étais partie en tout cas. J’étais dans un sal état, chemise déboutonnée, ceinture ouverte. Je pleurais bref, je ne pouvais pas rentrer comme ça. Il faisait déjà noir genre 19h30. Je ne me rappelle plus trop de l’heure. J’avais cherché mon téléphone mais qui appeler ? J’avais lancé le numéro de Rémi avant de me rappeler de ce que j’allais lui dire une fois qu’il me verrait dans cet état. J’avais vite stoppé l’appel, heureusement qu’il n’avait pas eu le temps de décrocher.

Je m'étais rappelée qu'un gars avec qui j’avais flirté genre en Terminal était aussi dans le même quartier je l’avais appelé. Le gars avait décroché et je lui avais juste dit que j’étais non loin du college...que j’avais besoins d’un pull.

J’avais essayé de me mettre dans un bon état, essuyer mes larmes, remettre mes cheveux naturels en place, ajuster mon pantalon, faire en sorte que ma chemise ne laisse  rien paraître. Voulant toujours sauver les apparences. Que c’est tristement comique.

 

TRISTEMENT COMIQUE. Je n'aurai pas trouvé mieux comme descriptif. Ma glace fond. J'approche ma coupe de mes lèvres et j'avale une bonne quantité des boules liquéfiées de saveur tropicale et pistache, sentant la fraîcheur du doux liquide me descendre dans la gorge. Je me lèche les lèvres en y appliquant une rotation avec ma langue. Queen me regarde, amusée. Elle me sourit avec toute la triste tendresse qu'elle pouvait. Coi, je la regarde sans placer un mot.

 

- Quoi ? (Je demande, pour comprendre la raison de son regard insistant )

- J'ai l'impression que tu es plus secouée que moi par ce que je viens de te raconter (dit-elle en calant son poignet sous son menton effilé, penchantlégèrementsa têtesur le côté)

- Hum. J'ai l'impression qu'en fait je ne te connaîs pas du tout. Je me sens tout d'un coup ridicule.

- Pourquoi ? (Demande-t-elle avec sincérité)

- J'avais une fausse idée de toi. Je n'avais jamais pensé que tu avais traversé ce marrais de trahison,  d'abus, de-de...(plus aucun mot suffisant ne me vient à l'esprit). j'ai l'impression de faire comme ces gens qui, sans connaître une personne, sans connaître sa vie, s'autorisent à la juger ou à se faire des idées préconçues.

- Tu n'as pas à t'en vouloir. Tout le monde le fait. Nous sommes tous doués pour sauver les apparences et montrer aux autres ce qu'on veut qu'ils voient.

- Tu as probablement raison (dis-je après un profond et léger soupir) Jacintha peut confirmer les faits ?

- Je ne comprends pas ta question. Tu veux dire que j'ai inventé cette histoire ? (Demande-t-elle remontée)

- Non. Du tout pas. Je veux juste savoir si elle sait tout ça (Dis-je avec douceur).

- Par après, oui. J'avais bu et j'étais saoule, j'avais donc tout déversé. Vous êtes les seuls à savoir. Et bientôt, les milliers de personnes qui liront cette histoire.

 

*

 

Il sonnait 19h03 quand je vis une SUV Nissan bleue nuit de 2020 stationner devant la crèmerie, projetant horizontalement les spots à travers la baie vitrée encastrée dans le mur devant des rangées de tringles métalliques. Queen en émergea, son sac Chanel au creux du coude, montée sur des talons luisants. Fagotée d'une chemise, en nylon, blanche et d'un pantalon bas d'éléphant du même tissu mais en gris, elle traversa toute la salle avec sa démarche à l'habitude royale et s'assit en face de moi. Abasourdi, bouche entrouverte, j'enlèvai mes écouteurs, mettant ainsi en pause une musique de John Legend, pour mieux cerner la réalité. Instinctivement mon regard sur déposa sur le pare-chocs arrière du véhicule qui s'éloignait et je le reposai sur Queen qui semblait surprise de ma réaction.

Après un court papotage, elle m'expliqua que ce n'était personne d'autre que son supérieur hiérarchique. Nous passions notre commande une dizaine de minutes plus tard avant d'entamer la suite de son récit.

 

- Privas, si tu me dis NON alors tu peux dire adieu à la suite de ton histoire.

 

Sa voix était douce, le ton calme, serein et profondément glaciale. Son visage ne témoignait d'aucune once de plaisanterie ni d'ironie. Telle une menace déguisée.

Cette douce menace est la dernière chose qui m'est venu à l'esprit avant de fermer les yeux sur mon lit que je trouve soudain moins doux.```

 

A SUIVRE…

 

Ecrit par PRIVAS_WINNER

 

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