CONFESSION D'UNE INSATIABLE (Ep 15) FIN

CONFESSION D'UNE INSATIABLE (Ep 15) FIN | AfroRaise

*Jour 13, Dernière Partie : Tout arrêter*

 

 

```Les hommes sont attirés par ce qu'ils voient. Prends possession de leur vues et tu prendras possession de leurs désirs...

 

Tels étaient mes mots à l'endroit de Queen il y a plus de dix-huit mois.

 

- ...J'ai l'impression que quand je commence à t'écrire, je ferme la porte derrière moi sur mes problèmes (m'avait-elle écrit)

- Que se passe-t-il darling ?

- Rémi. On est plus ensemble.

- Donc ?

- comment ça donc ? Je te dis que mon mec m'a quitté et tu me dis donc ? Je m'attendais à des paroles réconfortantes de ta part.

- Hum. Tu as mal aux pieds ?

- Non.

- Tes os craquent ?

- Non, pourquoi ?

- Tu as perdu un doigt ?

- Je vais bien Priv

- Super ! Puisque tu vas bien. Je sais que tu as mal, tu as l'impression qu'une partie de toi s'est brisée, tu as envie de crier et tout mais quelqu'un m'a une fois dit que le passé est derrière nous, on ne peut plus le changer; le futur, il est devant, on sait pas de quoi il est fait, mais nous avons le pouvoir sur une chose, une seule chose, maintenant. Donc tu as le droit de continuer de pleurer commeune petite fille, de laisser ta chambre dans le désordre et de faire comme si le monde t'était tombé sur la tête ou de te lever, de faire ce que tu as et de penser à autre chose.

- Ça se voit que tu ne sais pas ce que tu dis. C'est pas facile Priv.

- Ai-je dit que ça sera facile ? Tu es la première à avoir le cœur brisé ?

- Tu as raison. Je vais montrer à ce connard qu'il ne me mérite pas. Je vais devenir une autre. Il pense qu'il est le seul après qui les filles courent ? Je vais lui montrer que les hommes peuvent me courir après.

- Inh... tu dis ça mais s'il revient, tu vas l'accepter et lui sourire avec tes 64 dents.

- Awoo priv, comment tu sais ?

 

C'est ainsi que Queen avait changé sa garde robe et avais commencé à marcher dix minutes chaque soir avant de rentrer à moto quand aucun poisson ne prenait dans les filet. Et chaque soir, une ou deux voitures, pendant ces dix minutes, s'arrêtaient.

Quand on joue avec une allumette et des feuilles sèches, on peut allumer un brasier. Et quand le feu brûlait, j'étais l'extincteur. Tantôt je l'appelais que la tante avait été hospitalisée, tantôt c'était le petit frère qui s'était brisé la jambe droite, toujours à des moments cruciaux. Un seul sms avec une lettre et quelques minutes après j'appelais feignant une urgence, elle avait son alibi et laissait en stand-by le monsieur qui quelques dizaines de minutes plus tard,  lui aurait proposé d'aller se reposer.

 

Si tu veux que le rendez-vous dure, sourit,  fais l'intéressée et parle de choses intéressantes. Su tu en fais de trop, ils le sentiront. Si au contraire,  tu ne veux pas qu'il dure, fais le contraire, mets le dans l'embarras, désoriente le en fixant longtemps quelque chose sur lui ou en lui faisant remarquer une tâche. Le plus petit défaut peut troubler un homme qui veut impressionner au premier rendez-vous, au deuxième et autres...

 

Peu à peu Queen changeait. Rentrer dans les voitures et accepter tous les rendez-vous n'était, pour elle, plus un moyen d'oublier sa peine de cœur mais un plaisir.

Quelques mois après, les examens nous ont sauté à la gorge et le maître a perdu de vue l'élève.

 

*

 

Un sourire inhabituel s'était dessiné sur mon visage. Le téléphone collé à mon oreille, j'avais écouté d'une attention particulière, son récit.

 

On a directement commencé dans sa chambre. Il m'embrassait et me caressait. Plus je sentais ses caresses, plus je m'abandonnais et devenais impuissante. Il a commencé à enlever ma robe, lentement. Je n'avais pas porté de soutien-gorge donc c'était plus facile pour lui de me posséder. Il s'est goulûment servi de mes seins et nous nous sommes retrouvés sur son lit. Ses mains ont parcouru tout mon corps, mon cou, ma poitrine, mon ventre, mes fesses, pour se retrouver dans ma culotte et en moi. J'ai gémi comme jamais. J'étais terriblement excitée. Il a commencé à me rassurer que tout se passera bien. Il m'a fixée avec une telle intensité que je n'ai pu qu'hocher la tête pour dire oui.

Tout était prêt, le moment tant attendu était là. Il avait lubrifié son sexe et j'ai senti une vive chaleur et douleur en moi. Il avançait très lentement. Déjà, il en a une grosse donc imagine. Il s'est arrêté pendant une minute tout en m'embrassant avant de commencer à jouer de ses reins. Très vite la douleur s'est changée en plaisir, un plaisir indescriptible.

Je ne pense pas avoir joui mais Priv, j'ai eu mon compte. C'était trop bien. Quand il m'a raccompagnée chez moi, j'étais certaine d'une chose. Je ne voulais que Rémi dans ma vie.

 

- Tu n'as rien oublié apparemment (me dis Queen en jouant avec ses orteils sur le sable)

 

Si mes souvenirs sont bons, ce soir là, j'avais légèrement souris àla fin de l'audio. . Aussi douloureux que ce fut pour lui, karl fut obligé de comprendre qu'il avait perdu la partie et de se retirer.

 

Je termine le deuxième cheeseburger, me nettoie la main puis je m'allonge de nouveau. Elle demeure silencieuse depuis quelques moments. Mes tentatives de deviner ce que cache ses pensées, derrière ce sourire fade, demeurent vaines. Il est plus de 18h. Le soleil s'est complètement évanoui, l'air est plus frais et sur l'eau, au loin, se laissent contempler, les bateaux et leurs lumières pour la plus part jaunes et blanches.

 

- Ça va ? Lui ai-je demandé sans me redresser.

- Oui.

- Il va falloir qu'on parte. Ce n'est pas sûr ici, la nuit.

- Ok.

- Comment es-tu arrivée à sortir avec d'autres personnes, des hommes mariés et tout ? Je pensais que tu avais arrêté quand Rémi et toi étiez de nouveau ensemble.

- Bah... l'argent. Tout va très bien entre Rémi et moi maintenant, mais je pense que ce qui a déclenché toutes ces nouvelles relations de l'ombre c'est le vide qu'il a laissé. Son boulot lui prend tout son temps, je comprends, j'ai aussi commencé un stage et voilà un riche client m'avait fait la cours. J'avais besoin d'affection, je crois. Le fait d'être le centre de l'attention des hommes, comme je l'était pendant l'école, me manquait. Donc je m'étais dite : Pourquoi pas ? Et c'est comme ça j'ai recommencé à enchaîner relation sur relation jusqu'à maintenant, j'ai ma propre boutique.

- Tu regrettes quelque chose ?

- Non. Même pas. Si tout était à refaire,  je voudrais que les choses se passent encore de la même manière, sauf que j'aurais libéré Karl plus vite pour lui éviter plus de souffrance. Après mon premier rapport, je ne dirai pas que j'ai découvert la vérité mais j'avais l'impression d'avoir grandi d'un coup, d'être au même niveau que mes autres copines. Je comprenais mieux certaines choses. Je me suis éloigné de Karl, c'était difficile mais il le fallait. J'étais radicale là-dessus. Puis quatre mois après, il m'a dit qu'il s'était mis en couple. Priv, suis pas jolie hein, sa nouvelle go était une déesse avec tous les attributs qu'il faut. Ça m'avait fait un peu mal mais il fallait l'accepter. Je pense que ce qui m'a le plus poussé à couper cette relation, c'est que j'avais l'impression de me servir de lui, j'étais toxique. Les autres hommes qui étaient venus après, je me servait d'eux pour passer du temps.

- Tu l'as reconnu, c'est l'essentiel.

 

Toujours allongé, je ferme les yeux et j'inspire profondément, profitant une dernière fois de ce vent gratuit avant de me lever. Une douce chaleur semble prendre naissance près de ma figure, un souffle chaud caresse les lignes de mon visage. Une respiration. Je sens des lèvres se poser avec délicatesse sur les miennes puis se retirer. Mes yeux s'ouvrent, le visage de Queen se trouve juste à quelques centimètres du mien, à l'envers. Je n'ai pas eu conscience du moment où elle s'est levée pour se mettre à quatre pattes, la tête vers la mer et le reste du corps vers l'autoroute.

Je souris légèrement et elle me renvoya mon sourire.

 

- J'ai gagné (dit-elle)

- Je te laisse m'embrasser...

 

Elle ne se le fait pas répéter. Comme sur une douce mélodie passant au ralenti, son visage s'approche à nouveau du mien. Les mèches de sa coiffure me caressent les joues, le vent frais nous étreint. L'atmosphère vira au chaud, dans ses yeux se lisait le désir.

 

- Tu as déjà pensé à quitter Rémi pour moi ? (Ai-je lâché soudain)

 

Elle se stoppe systématiquement. Son sourire disparaît, la chaude tension s'évapore et sa mine se décompose. Je lis dans son regard de l'étonnement et de l'incertitude.

Déconcertée, elle recule.

 

- Je ne comprends pas (dit-elle, en espérant avoir mal entendu)

- C'est clair pourtant (dis-je avec un ton serein)

- Non, j'ai jamais envisagé ça. Je... je... (balbutie-t-elle)

- Je veux bien t'appartenir, être totalement à toi mais cela doit être réciproque.

- Je ne te demande pas de quitter Martine pour moi.

 

Je me mets sur mes jambes, débarrasse mes mains des grains de sable et les enfouis dans mes poches. La confusion profonde de Queen me parvient bien qu'elle soit derrière moi. Elle me voit me retourner, s'attendant à plus d'explications de ma part.

 

- J'ai des sentiments pour toi Mary (dis-je comme libéré)

 

Elle fût secouée par un violent rire soudain. Dans ce rire crispé, dénué de toute originalité, je comprends tacitement : Non, c'est impossible. La mine ferme, je la regarde rire puis elle s'arrête.

 

- Non tu blagues ou bien ?! Tu me fais marcher, avoue.

- ...

- Oh Privas !! Pas toi. (Fait-elle désolée)

- J'ai pas le droit d'aimer ?

- Si mais pas moi. Tu fais quoi de Martine et de Rémi ?

- Je veux juste un oui de ta part. Depuis l'autre fois que je t'avais revue, j'ai été fasciné et depuis tu n'as pas quitté mon esprit, à chacune de nos rencontres j'avais l'impression de te découvrir à nouveau. Je me faisais violence mais je n'ai pas réussi. Tu es ambitieuse, confiante et tu sais ce que tu veux, c'est sans parler de ta beauté et de tes autres qualités. Même tes défauts te rendent particulière à mes yeux. Ce sont ces choses qui m'ont plu chez toi.

- ...

- Je veux que tu sois ma reine, Queen.

- Faut voir ta tête (dit-elle avec un rire forcé et bruyant)

- APRÈS TOUT CE QUE J'AI FAIT pour TOI ? (Dis-je terriblement dessus de sa dernière phrase) APRÈS  TOUS  MES SACRIFICES, TU ME RÉPONDS AVEC FAUT VOIR TA TÊTE ?

 

Une grande colère m'envahit, mon cœur se serre, mon sang bous à l'intérieur de mon corps, comme si à l'intérieur dansait les feux rougeoyant d'un abîme sombre et profond. Queen devient aussitôt sérieuse, plus confuse qu'il y a cinq secondes. La mine cristallisée, elle essaie de placer un mot mais je ne lui laisse pas le temps.

Après tout ce que j'ai fait pour elle... pff.

 

- Faut voir ma tête ? (Je commence mon laïus de remontrance) J'étais là quand tu avais besoin d'une épaule pour pleurer, un pilier sur lequel t'appuyer, les problèmes avec les garces que tu considérais comme amies, mais qui parlaient dans ton dos, je les ai résolus. Je t'ai appris à voir ta valeur, à draguer, à séduire ; quand tu ne savais pas quel choix faire entre Rémi et Karl, je t'ai ouvert les yeux. J'ai répondu présent chaque fois que tu avais besoin de moi. Je me suis plusieurs fois fait passer pour ton mec. J'ai assisté à la dédicace d'un livre dans une autre ville à cause de toi, dédicace pendant laquelle, je te rappelle, j'ai pris une droite de Rémi... J'avais fais tout ça pour quoi selon toi ? Je n'ai jamais refusé aucune de tes demandes ni caprices.

 

Furieux, je parle avec rage. Mes bras fendent le vent, ma voix repousse les vagues, mes mots la pénètrent et la traversent. Je déverse toute ma colère, sans retenue, sans empathie. La frénésie des sons qui sortent de ma bouche, se mêle à celle du vent qui fait virevolter ses cheveux et ma cravate. Je hurle ma douleur,  je crie mon amertume, ma frustration. Elle demeure silencieuse, elle écoute, elle subit.

Aucun répit.

 

- Tu penses que tu as tout ? Tu penses que tu as réussi ? Que tu peux avoir tous les hommes à tes pieds, c'est peut-être vrai, mais laisse moi te dire ce que tu es réellement Mary Queen. Tu n'es au fond, qu'une petite-fille gâtée en quête de réconfort, en manque d'affection. Tu cours après ceux qui n'ont rien à faire de toi, tu te voile le visage, tu te promènes avec à l'esprit l'idée que tu es séduisante, que tu fais tourner la tête aux hommes mais au fond tu cherches désespérément de l'attention, de l'affection, de l'amour. Tu es toujours la petite-fille d'il y a quatre ans. Celle qui avait pleuré, celle qui avait crié quand Rémi l'avait larguée, celle qui quémande le plus petit amour. C'est ce que tu es.

Après tout, qui suis-je n'est-ce pas ?! Karl et moi on est pareil. Nous sommes là quand tu as besoin de nous, quand tout va mal et dès que ça s'améliore, dès que tu vois le bout du tunnel sombre, tu nous jetes comme de vulgaires lampes à pétrole. Tu n'as plus besoin de nous.

Je t'avoue mes sentiments et la première réponse que tu me donnes c'est de voir ma tête. Si c'est le cas. Tu ne vaux peut-être la peine.

 

Sans perdre une seconde, je prends mon sac et mes chaussures puis je me dirige vers l'autoroute. Une larme avait coulé de ses yeux rougis. Ses émotions à cet instant... troublés je suppose. Le sable et le vent de la mer l'ont clouée au sol. Son regard, droit devant, ne se dérobe du vide.

 

- Privas ! (Fait-elle avec une voix rauque)

 

Comme sur commande, mon corps se fige une seconde. Je déglutis et soupire bruyamment. Nous nous retournons et nos regards, frustration et tristesse, se croisent.

 

- Quoi ? Tu as encore besoin de quelque chose ?

- Pardonne-moi...(dit-elle avantde faire silence pendant plusieurs secondes) Pardonne-moi, Je ne me suis jamais rendue compte que je te plaisais, ma réponse est déplacée. Tu n'étais pour moi qu'un confident, un meilleur pote. Si j'ai voulu qu'on fasse un truc ensemble, c'était pour être plus près de toi et te défier, nous amuser. T'es un mec bien mais ce que je voulais c'est juste qu'on passe du temps ensemble, qu'on se mette bien. Et tu as peut-être raison, tu as enlevé un voile que je m'étais toujours mise.

Si je séduis, c'est peut-être pour combler un vide et non parce-que je suis insatiable. Je n'ai jamais imaginé que nous deux ça finirait, encore moins de cette façon. Si ça doit être ainsi, alors j'accepte. Ce vide je dois le combler toute seule, moi seule peut travailler sur moi. Je ne te mérite pas, je n'avais pas mérité Karl et je l'ai fait fuir. Toi aussi je te pousse à m'abandonner. Pardonne-moi Priv.

 

Une profonde tristesse s'installe en elle. Ses cheveux, il y a quelques minutes, vivaces, sont maintenant endormis, sans mouvement. Ma frustration se dissipe soudain.

 

- J'ai été un peu trop loin, désolé de m'être emporté. Ta réponse m'a mise sur les nerfs.

- Non, tu as tout à fait raison. (Dit-elle en souriant lugubrement) Alors à un de ces quatre ?!

 

J'ai sentie de l'incertitude dans ses derniers mots. Je demeure interdit un court instant puis je soupire. Mon empathie prend le dessus.

 

- Aller, viens ! Allons manger un truc pour calmer les choses.

 

Elle sourit gracieusement et s'empresse de ramasser ses effets.

 

*

 

On ne force pas les sentiments, dit-on.

 

Nous pénétrons le festival des glaces après un lavage minutieux des mains. Nous dépassons l'aquarium, à l'intérieur duquel se baladent cinq poissons multicolores de différentes espèces, pour nous installer un peu plus au fond, sur la partie élevée du restaurant. Les longs bancs capitonnés, marron et pas mal confortables nous accueillent. Je lis de l'excitation dans le regard de Queen qui ne cesse de dévorer du regard, les plats posés sur les tables voisines. C'est à croire qu'elle a déjà tout oublié.

 

- Après tout (commence-t-elle avec calme) tu as tout à fait raison. Tu as lu en moi comme dans un livre. J'ai toujours su la raison profonde de tous ces flirts et ces relations mais je me suis voilée la face, voilà. Et fidèle à toi-même, tu m'as fait voir la vérité en déchirant le voilà avec force. Ça fait mal de l'avouer mais ça fait mal de savoir ce qu'on est quand on s'est prise longtemps pour une autre personne.

- Oublie ce que je viens de dire... (ai-je commencé sans pouvoir terminer)

- Non, tu as totalement raison. Je pensais te défier en te proposant qu'on se mette ensemble mais je ne savais pas que je créais autre chose.

 

Une horde de personnes pénètre le restaurant sans discrétion, attirant mon attention. Trois d'entre d'entre-eux ont des lunettes de soleil, en pleine nuit. Certains sont vêtus de basins riches sur lesquels ils ont porté des tennis ou baskets. Je suis si aspiré que je n'entends que les derniers mots de Queen.

 

- ... tout arrêter.

- Tu penses faire quoi ?

- Je viens de le dire, tout arrêter. Être à fond dans ma relation avec Rémi. Même s'il fait encore quelques gaffes, il a beaucoup changé et il fait tout pour me prendre heureuse. Je dois faire de même (reprend-t-elle en me fixant). Je suis désolé Priv.

- Ils ne vont pas se dire que tu as profité de leur argent et que maintenant que tu as ta boutique, tu les jetes ?

- Sûrement, surtout qu'ils essaient désespérément de coucher avec moi. C'est pour ça je choisi des hommes mariés. Ils ne peuvent pas quitter leurs femmes et enfants donc il me suffit de demander le mariage pour qu'ils se mettent à courir d'eux-mêmes. Voilà.

 

Un sourire s'affiche sur son visage. Le hurlement du commentateur du match que retranscrit l'écran accroché sur le mur se démarque du lots de bourdonnement qui flotte au-dessus chaque table.

L'odeur d'un poulet braisé nargue avec imprudence mon odorat. Je vois notre serveur venir avec un plateau en main et me mets à saliver. Il pose nos boissons sur notre table, les décapsule et s'éloigne.

 

- Tu peux m'aider à changer ? (Demande Queen)

 

Dix minutes après, je vois Rémi qui monte les marches dans notre direction. Dans notre direction. Queen se fige, abasourdie, comme n'en croyant pas sa vue.

 

- Je croyais que tu allais rentrer demain (dit-elle à son homme)

- Oui je suis bien rentré, la route a été longue. Merci de t'inquièter.

 

Je me lève et le salut comme de vieux amis sous le regard stupéfait de Queen. Rémi prend place aux côtés de Queen et ils commencent une discussion interminable.

 

- Tu connais Privas ?

- C'est mon gars sûr. Il m'a branché sur un boulot pour son patron. Je dois lui reprogrammer un logiciel. Apparemment il a un problème avec son fichier système. Je vais aller demain pour essayer de récupérer une sauvegarde et régler le problème...

 

Faîtes comme si j'étais pas là, ai-je pensé en prenant mon téléphone.

 

Quelques minutes se sont écoulées quand une main pousse la grande vitre qui sert de porte au restaurant. De sa démarche gracieuse, une jeune femme rayonnante, sac accroché au creu du coude, mèches enroulées à l'arrière du crâne, un nez droit, des yeux fin, marche dans l'allée entre les tables. Son pantalon noir épouse avec perfection ses jambes et mettent en valeur son chemisier blanc.

 

- Bonsoir (dis Martine)

 

À cet instant un regard foudroyant s'abbat sur ma personne. Queen me dévisage avec une rage tacite qui, je suppose, se dit : tu t'es moqué de moi.

Plus rien n'a d'importance à mes yeux que le visage angélique de l'auteur du doux bonsoir.

Oui, mon soir à moi vient d'être éclairé. Le soir est bon.

On se salue chaleureusement et Martine prend place. Nous commandons deux autres boissons et nos plats.

 

*

 

David, mon ami depuis le lycée, me regarde stupéfait, un sourire niais aux lèvres. Un liquide rouge repose au fond nos verres à vin. Je prends le mien, le fait pencher légèrement sur les cotés et contemple la danse du vin contre les parois du verre avant de l'approcher de vers mes lèvres.

 

- Elle a su que tu avais tout planifié ? (Me demande David)

- À la seconde qu'elle a vu Martine, oui. Elle n'est pas bête. Mais elle n'a pas su comment je suis entré en contact avec Rémi.

- Je pensais que vous vous connaissiez.

- Non. Sa demande était audacieuse. Qu'on se mette ensemble pour s'amuser, mais je savais déjà comment ça finirait. Dans le pire des cas, chacun perdrait son partenaire et nous deux nous nous haïrions en s'accusant mutuellement d'avoir gâché le couple de l'autre. Au mieux, ce qui pouvait se passer était la fin de notre amitié, je me connais. J'ai juste anticipé.

Pendant une de nos rencontres, j'ai pris son téléphone. Elle pensait que c'était juste pour prendre des photos, j'en ai profité pour m'envoyer le numéro de Rémi et j'ai supprimé le contact de nos discussions. Dans la nuit même, je lui ai écrit et je l'ai mis en relation avec mon chef. C'est comme ça on a gardé contact. Ça n'a pas été difficile de lui dire de tenir tout ça au secret et de faire en sorte qu'il rentre plutôt en lui disant qu'on pourrait prendre les filles par surprise. C'était un belle soirée quand même. (Dis-je en vidant mon verre)

- Queen ne t'a pas fait la tête ?

- Oh si, pendant deux jours. C'était à prévoir. Je lui ai écrit hier et elle  ma dit qu'elle avait fini par comprendre que je gagnais du temps, que je savais qu'elle refuserait de quitter Rémi pour moi. Mais ce qui lui avait fait mal et qu'en fait,  je lui ai dit ces choses méchamment, que j'aurai pu faire autrement que de la faire se sentir ridicule.

 

David se lève sans vider son verre et prend la bouteille de vin JP.Chenet à moitié pleine.

 

- Je pense aussi que tu es allé un peu loin. Tu l'as fait pleurer.

- Tu as peut-être raison. (Ai-je reconnu en le voyant se diriger vers le gérant de la cave à vin) Mais, avais-je le choix ?

 

Cette dernière interrogation ne dépasse pas ma pensée.Nous sortons de la cave et nous prenons place à l'intérieur de son véhicule. Chacun se demande où cette année nouvelle nous conduira.

 

- Alors mon frère, une confession à me faire ? (Ai-je demandé)

 

Je boucle ma ceinture sur ces mots, et David me jette un dernier regard avant de tourner la clé et de descendre le frein à main.```

 

 

*FIN*

 

Ecrit par PRIVAS_WINNER

 

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