AU PRIX DE MON ÂME (Ep 8)

AU PRIX DE MON ÂME (Ep 8) | AfroRaise

 

ANITA

 

J’étais devant cet homme pour qui j’ai passé des années à préparer la vengeance, je le vois se tortiller, se croupir mais il n’a vraiment pas le choix, il ne peut même pas se lever, c’est ce qui est bon dans cette affaire sinon il m’aurait déjà tué.

 

-Christophe : une fois encore, j’implore ton pardon.

 

-Moi : non, tu devras implorer le pardon de toutes ces bonnes personnes que tu as changées en démon, ces gens qui ne t’ont rien fait mais tu as décidé de les ruiner.

 

-Christophe : je n’ai pas décidé de les ruiner. Elles l’ont décidé elles-mêmes.

 

-Moi : tu les as forcés, tu les as proposés des sommes qu’elles n’ont jamais touché dans toute leur vie, tu as fait en sorte qu’elles se sentent obligé de revenir vers toi.

 

-Christophe : toute décision doit être prise fermement. Si elles étaient fermes dans leurs décisions, elles ne devraient plus jamais revenir pour quoi que ce soit.

 

-Moi : laisse les cours de morale pour toi-même parce qu’en ce moment, tu en as besoin.

 

-Christophe : je n’ai besoin de rien.

 

-Moi : quel genre de démon es-tu ? Si jusqu’à ce temps, tu n’es pas capable de voir toutes les mauvaises choses que tu as faites, c’est que tu devrais être pire que Satan. Bon séjour à toi. Oublie la vie et oublies tes amis. Juste en sortant d’ici, je les enverrai un message anonyme « Christophe n’est plus. » rires…

 

Il me regardait sans rien dire. Je voulais au fond de moi qu’il ressente cette douleur, celle que j’ai ressenti durant toutes années, celle que ma meilleure amie a ressenti, et finalement celle que j’ai eue en la perdant. J’espère au fond de moi qu’un jour je la rencontrerai encore.

 

Je suis sortie malgré ses cris. On n’a plus rien à se dire, je pars tout de suite à l’aéroport, oui, oui tout était prévu, je n’ai pas le temps.

 

J’ai fait tout ce que j’avais à faire, j’ai appelé les médecins pour leur dire qu’on avait déménager, j’ai également envoyé un message anonyme aux numéros les plus influents du portable de Christophe, c’est fait ! presque tout le monde est au courant de sa mort et personne ne peut rien, personne ne trouvera son corps. C’est ainsi fini pour Christophe.

 

 

 

   M. JULIEN

 

Je ne suis pas du genre à lire les sms ou encore moins à répondre mais celui-ci attira mon attention depuis la barre de notification. Il disait que Christophe était mort. Mort comment ? c’est une blague. Mon bras droit ne peut pas mourir sans que je ne le sache. Je compose son premier numéro et je tombe directement sur le répondeur, j’essaie de même avec les autres numéros mais c’est toujours le cas. Ah non, non. Je ne vais quand même pas croire à cette information. Deux gars pour ne pas dire deux bandits servent de bras droits à Christophe, j’appelle l’un deux immédiatement.

 

-Moi : est-ce Mike à l’appareil ?

 

-Lui : oui chef Julien, c’est bien moi.

 

-Moi : et votre patron ?

 

-Mike : patron Christophe ??

 

-Moi : oui, oui

 

-Mike : à vrai dire chef, on ne sait pas où il est.

 

-Moi : comment ça ?

 

-Mike : euh, il a eu un accident

 

-Moi (surpris) : comment ça ? Depuis quand ? Suis toute surprise.

 

-Mike : euh je pensais que vous étiez au courant

 

-Moi : non, non. Je suis au courant de rien.

 

-Mike : okay. On devrait faire une opération incluant Cynthia et sa famille là-dedans.

 

-Moi : c’est qui Cynthia ?

 

-Mike : une fille que le patron Christophe voulait recruter pour les petits tours. L’opération s’est mal passée et Christophe a été aussi touché par l’accident.

 

-Moi : pourquoi ne m’avoir pas informé de cette opération ?

 

-Mike : il disait que c’est une opération qui devrait être réglé entre nous.

 

-Moi : quand vous, vous faites les choses seuls, il y a toujours des conséquences négatives. La Cynthia dont vous parlez même, je ne sais pas qui elle est.

 

-Mike : nous ne l’avons jamais vu non plus. C’est le patron seul qui la connait.

 

-Moi : c’est bizarre. Pourquoi Christophe s’est-il ainsi obstiné ?

 

-Mike : nous n’en savons rien chef.

 

-Moi : cherchez-moi où il est

 

-Mike : mais vous venez de dire qu’il est mort.

 

-Moi : cherchez-moi où il est, je ne vais plus me répéter et s’il est mort, retrouvez-moi le corps. Je vous donne 48h.

 

Et j’ai raccroché. Je n’ai pas envie d’y croire, d’ailleurs je n’y croirai pas jusqu’à ce que je retrouve son corps face à face. Assez de gens veulent du mal à Christophe parce qu’il est le cerveau de beaucoup de choses dans notre domaine : les enlèvements, les viols, tous les trucs machins possibles, c’est lui qui est le chef là-dedans. Je lui ai toujours dit qu’il devrait beaucoup faire attention à là où il met les pieds et surtout à quoi il raconte quand il n’est pas avec nous. Le malheur n’est jamais loin, peut-être même que son bras droit a quelque chose à avoir dedans. Le mal, c’est que je ne suis pas au pays.

 

 

 

   CYNTHIA

 

Couchée sur mon lit et pensant à mon père, je découvris que ces dernières années, nous n’avons pas été trop proches, il manquait quelque chose, cette chaleur-là, l’amour là entre père et fille. C’est en ce moment précis que tout devient souvenir. Les petits moments agréables que nous avons passé ensemble refirent surface.

 

Depuis ma chambre, j’écoute ma maman pleurer de douleur, je ne peux pas non plus la consoler parce qu’on souffre de la même chose. Je me retourne sur moi-même et je commence aussi par pleurer, après tout nous n’avions pas d’autres options. Nos cœurs sont meurtris au-dedans nous, on n’a pas de secours. Tout ce que j’ai comme dernier abri maintenant, c’est mon nouveau patron que je vais rencontrer demain. Latishia m’a belle et bien dit de respecter ses consignes, c’est juste avec ça que je serai promue. Le seul problème, c’est que je viens tout juste d’être recrue, je ne sais pas s’il acceptera me faire un prêt ou devrais-je m’adresser à Latishia elle-même ? Pfff, la nuit porte conseil.

 

 

Le lendemain…

 

Je me réveillai avec une forte migraine. Ce genre de migraine ne m’était jamais arrivé, elle est sûrement dûe aux pleurs de la veille. J’ai vite fait et je suis passée à l’hôpital avant mon boulot.

 

On était dans le bureau du médecin quand quelqu’un vint l’appeler, il revient quelque seconde plus tard.

 

-Médecin : votre papa est réveillé.

 

Un ouf de soulagement est sorti de nos bouches, on se serre dans nos bras, ma mère et moi. On sait que ce n’est pas le plus important, il y a encore du chemin à faire devant mais on va quand même se contenter de ce petit miracle « papa s’est réveillé »

 

-Médecin : et il cherche à vous voir.

 

-Da-féli : d’accord.

 

-Médecin : et aussi je n’aimerais pas qu’il dure dans cet état. Payez pour l’opération et on essayera de vite le sauver. Plus ça dure, plus ça se complique.

 

-Da-féli : d’accord. On va chercher de l’argent.

 

-Médecin : vous avez trois jours pour ça svp. Dans ces jours-là, on pourra faire quelque chose de potable.

 

-Da-féli : d’accord. C’est bien noté.

 

Nous rentrions dans cette chambre avec le médecin. Mon père était là devant moi, un peu souriant. Au travers mes larmes, je lui ai aussi souris. Je n’ai rien dit, lui non plus mais nos cœurs se communiquent quand même.

 

-Diallo : je suis heureux d’être en vie.

 

Il a tellement mal prononcé ces phrases, sa voix était pleine de difficultés mais je suis tellement heureuse qu’il ait au moins parlé. Après quelques minutes, je demande à partir, contrairement à maman qui va rester.

 

Une fois arrivée au boulot, je passe chez la secrétaire. Après toutes les politesses possibles, elle demanda d’après mon père.

 

-Moi : ça ne va vraiment pas mais je te raconterai plus tard.

 

-Latishia : d’accord, pas de problème. Moi je suis là.

 

-Moi : le DG est là ?

 

-Latishia : oui, attends que je t’annonce.

 

Dès qu’elle m’a annoncé, il a dit qu’il était prêt à me recevoir. De toutes mes forces, je me lève et je vais me pointer devant le bureau. Après avoir arranger mes cheveux et tout, je toque la porte et on me dit d’entrer.

 

J’ouvre petitement la porte, je fais entrer mon petit corps et … non, je rêve !

 

-Moi : toi ici ???

 

-Lui : la vie nous joue de sales tours n’est-ce pas ?

 

-Moi : je pensais que je ne te recroiserais plus jamais.

 

-Lui : tu n’es pas Dieu.

 

-Moi : hum

 

-Lui : d’ailleurs tu dois me vouvoyer, je suis ton patron

 

-Moi : wesh, je vois ça .

 

-Lui : pour commencer, tu devras me dire le pourquoi tu n’étais pas là hier alors que tu savais que je serai là pour te rencontrer.

 

Et oui ! la vie quand tu es sous quelqu’un. Ça commence.

 

   CYNTHIA

 

Le sentiment de surprise, cet effet que ça me produit d’être en face de mon ancien camarade, celui qui me traitait de tous les noms, celui qui me dénigrait, celui qui m’a dit que je ne pourrais jamais réussir dans cette vie. C’est lui qui avait raison, voilà que je suis devenue gestionnaire dans son entreprise.

 

-Lui : je t’ai posé une question.

 

-Moi : Kennedy, en fait…

 

-Kennedy (en m’arrêtant) : quoi ? Tu viens vraiment de m’appeler par mon nom ? Quel culot ? Quel embêtement ?

 

-Moi : toutes mes excuses, patron.

 

Oui, comme vous l’aviez deviné, Kennedy est mon nouveau patron. Kennedy, celui qui ne m’a jamais aimé. Comment pourrais-je vivre avec cet homme comme mon patron ?

 

-Kennedy : bon et si tu me donnais la raison de ton absence d’hier.

 

-Moi : euh mon père était malade.

 

-Kennedy : donc à chaque fois que ton père sera malade, tu ne viendras pas au boulot.

 

-Moi : non, ce n’est pas ça. Il avait eu un accident grave.

 

-Kennedy : bon, pour cette première erreur, je vais faire comme si de rien n’était.

 

-Moi : merci.

 

Au moins, pour ça, je le suis reconnaissant. Dans une autre vie, le Kennedy que je connais m’aurait fait tout un tas de choses mais Dieu merci.

 

-Kennedy : ici, nous sommes au bureau et ce que nous avons vécu à l’Université, ce que nous avions fait les uns contre les autres n’ont plus d’importance. Entre toi et moi, c’est le boulot ou rien. Que du professionnalisme.

 

J’ai eu envie de lui demander s’il a changé mais je ne peux même pas parce qu’il est désormais mon patron.

 

-Moi : d’accord, j’ai tout compris.

 

-Kennedy : nous entretenions une bonne relation ici, on se dit tout, on s’aide et tout le monde est content en fin de compte.

 

-Moi : d’accord patron.

 

-Kennedy : y a-t-il un problème ?

 

-Moi : non, non

 

-Kennedy : y a-t-il une question ?

 

-Moi : non, non

 

-Kennedy : on dirait que quelque chose te tracasse

 

-Moi : non, non. Ce n’est rien

 

-Kennedy : tu t’entends bien avec tous les employés ?

 

-Moi : oui, oui je m’entends bien avec tout un chacun. Latishia est la plus gentille.

 

-Kennedy : tu sais, j’ai fait trois bonnes années avec toi et actuellement je sais que tu es triste et déprimée. Même si on jouait aux grands et aux moqueurs, on a quand même un cœur. Avant que je ne commence ici, mon père m’a tellement parlé. Il m’a dit des choses qui m’ont marquées, il m’a dit des choses qui m’ont fait regrettées la manière dont je t’ai toujours traité. D’autre part, j’ai compris que si tu es pauvre, ce n’est pas de ta faute. J’imagine seulement si mes parents étaient pauvres, actuellement je serai en train de rechercher du boulot aussi. C’est l’effort de mon père qui m’a amené ici donc je dois faire pareil pour mes fils.

 

« C’est l’effort de mon père qui m’a amené ici » ... j’ai versé une et deux larmes que j’ai rapidement effacées.

 

-Kennedy : après l’effort, le réconfort. Il est couché à la maison actuellement parce qu’il a fait en sorte que tout marche bien pour nous ses enfants. Tes parents n’ont pas pu le faire mais toi, fais-le pour tes enfants.

 

Le Kennedy que je connais ? que les gens changent ! il parle tellement bien. Mon père aurait fait quelque chose lui aussi mais il n’a pas eu l’occasion.

 

-Kennedy : tu peux tout me raconter voir si ce serait possible de t’aider.

 

Comme un robot, je lui détaille tout ce qui est arrivé à mon père, je lui dis clairement que nous sommes incapables de payer les 500.000f car la boutique de ma mère ne fonctionne pas comme il faut. Il a été ému, ça se faisait voir.

 

-Kennedy : sans te mentir, je n’ai pas 500.000f à te donner. Je viens tout juste de commencer dans cette entreprise et je n’aimerais pas gâcher la confiance que mon père a eu en moi en touchant à son argent mais…

 

Il tire son tiroir en bas de son bureau et sort des liasses de billets.

 

-Kennedy : c’est combien ? Comptes voir.

 

Avec précipitation, j’ai compté tout ce qu’il a laissé sur la table

 

-Moi : 105.000f

 

-Kennedy : donne-moi les 5000f

 

Ce que je fis aussi rapidement que possible.

 

-Kennedy : donc voilà, le reste, c’est-à-dire les 100.000f sont ma contribution dans les 500.000.

 

-Moi : dis vrai !!!

 

-Kennedy (air sérieux) : la santé est primordiale, elle est essentielle et si je dois faire quelque chose à part les moyens financiers, je le ferai volontiers.

 

Je me suis levé pour me jeter à son cou mais il me refoula.

 

-Kennedy : je suis ton patron, tu es mon employée.

 

Dans mes larmes, j’ai souri, il a fait pareil. Cet homme a changé.

 

-Moi : je ne sais vraiment pas comment te remercier. Je ne m’étais jamais imaginé que tu pouvais me donner cette somme pour rien au monde.

 

-Kennedy : mais je t’ai prouvé le contraire.

 

-Moi : c’est ce que je viens de constater.

 

-Kennedy : bonne journée !

 

-Moi : merci patron ! pareil à vous.

 

Je suis sortie le sourire aux lèvres en étant sûre d’avoir mis tout l’argent au bas de mon sac à main.

 

-Latishia : ça s’est bien passé ?

 

-Moi : oui oui, il est aussi gentil que toi.

 

-Latishia : je te l’avais dit.

 

Toute ma journée de travail s’était bien passée. J’étais aussi dans la joie à cause de ce que vous savez. L’argent concourt vraiment au bonheur. Il suffit seulement de trouver quatre personnes qui vont donner 100.000 chacun et le tour est joué mais où les trouver ? Existe-t-il encore des gens comme Kennedy qui sont prêts à aider sans attendre rien en retour ? Des gens qui ont compassion de leurs amis ? Ils sont où ? Je n’en connais pas ou peut-être que c’est parce que je suis pauvre qu’ils ne sont pas amis avec moi. Ils le font entre eux peut-être.

 

Je suis arrivée à la maison toute fatiguée étant donné que je ne voulais pas prendre du taxi moto, bref la marche est aussi du sport et on sait que le sport contribue aussi à la bonne santé, rires.

 

Aussitôt que j’ouvris le portail, je vois Da-féli qui s’empresse d’effacer ses yeux pour ne pas dire ses larmes, je soupire difficilement.

 

-Moi : maman !!

 

-Da-féli : bonne arrivée ma fille chérie

 

-Moi : maman, jusqu’à quand ?

 

-Da-féli : quoi ?

 

-Moi : ne joues pas à ça avec moi, tu sais de quoi je parle. Je t’ai vu pleurer juste en entrant.

 

-Da-féli : ce n’est rien.

 

-Moi : maman, je sais que tu aimes jouer aux femmes fortes. Je sais aussi que tu aimes faire les choses toute seule mais rappelle-toi que je suis là. Que tu le veuilles ou pas, je ferai tout pour vous sortir de cette situation. Si les parents n’ont pas pu le faire, l’enfant le fera.

 

-Da-féli : hum

 

-Moi : arrêtes de pleurer stp

 

-Da-féli : comment ferons-nous ? Que ferons-nous ? as-tu quelqu’un quelque part ?

 

-Moi : mais pleurer ne va rien changer. Si ça peut te soulager en tout cas, pleure mais relève-toi ma maman. Tu as été toujours la forte ici

 

-Da-féli :il y a quelques secondes tu me disais de ne pas pleurer.

 

Je m’assieds par terre juste à côté d’elle.

 

-Moi : je suis confuse. Je veux faire comme toi, je veux t’encourager sans paraître triste mais je n’y arrive pas.

 

-Da-féli : tu es petite chérie.

 

Après trois ou quatre choses réglées, on partit à l’hôpital au chevet de papa.

 

-Diallo : je suis content que vous soyez là, merci de vivre ce moment avec moi.

 

-Moi : sinon on partira où ?

 

Il sourit, je leur demande la permission et je vais voir le docteur dans son bureau.

 

-Moi : donc voilà ce que je disais. Je laisserai 100.000f chez vous en attendant

 

-Médecin : êtes-vous sûr que dans trois jours vous trouverez le reste ?

 

-Moi : oui je le trouverai

 

-Médecin : si vous le dites

 

Il prit alors l’argent et le met dans son tiroir

 

-Moi : s’il vous plait, je n’aimerais pas que mes parents soient mis au courant.

 

-Médecin : comme vous voulez jeune fille.

 

-Moi : merci.

 

A SUIVRE


Ecrit par Esther AMETONOU

 

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