AU PRIX DE MON ÂME (Ep 4)

AU PRIX DE MON ÂME (Ep 4) | AfroRaise

   CYNTHIA

 

Je sors de chez Elvire la tête chaude. Elle a raison de me parler ainsi, je sais qu’elle sait ce qui est bon pour moi parce que nous avons passé tellement de temps ensemble mais là actuellement, je suis perdue, je suis confuse et tout ce qui va avec. Malgré tout ce que Elvire m’a récité, je suis toujours divisée en deux parties égales, la première partie pour mon bien-être que ce soit physique, social etc. et la deuxième partie pour mon bien être financier, on se comprends.

 

Je me mets en cours de route pour aller chez le directeur Christophe. Devant son bureau, je réfléchis encore et encore. J’avais les mots, je savais quoi lui dire mais c’était du genre difficile pour mon esprit et mon âme.

 

J’étais toujours devant quand la porte s’ouvrit toute seule, j’étais surprise.

 

-Christophe : tu faisais quoi toute seule ici ?

 

-Moi (un peu tremblante) : j’allais cogner comme cela.

 

-Christophe : bon, viens, entre… je n’ai pas assez de temps. J’ai un rendez-vous d’affaire.

 

Rendez-vous d’affaire, mon œil ; me suis-je dit. Quel genre de rendez-vous ? Rien que pour livrer les filles ? Rendez-vous pour faire des filles des prostituées ? Vraiment ce directeur m’a vraiment déçu. Moi qui voyais en lui un père ou un grand frère. Carrément…

 

-Christophe : assieds-toi ou bien ?

 

-Moi : je préfère rester debout. Si je suis là, c’est par rapport à votre proposition

 

-Christophe : je sais alors va tout droit au but. J’espère que tu as bien réfléchis

 

-Moi : oui, j’ai très bien réfléchi et je pense que je ne peux pas faire ce travail. Je mérite plus que ça. Avec mon intelligence, je n’ai pas besoin de vendre mon corps pour quoi que ce soit.

 

-Christophe : tu parles d’intelligence, ça va t’amener où ?

 

-Moi : ça m’amènera où ça peut, j’y crois. Si je me laisse coucher par six Diablo hommes la semaine, ça m’amènera où ?

 

-Christophe : nulle part mais au moins tu auras assez d’argent pour les petites dépenses. Deux millions par mois, je sais que même ton papa n’a jamais compté cet argent. Tu sais ce que ça veut dire de gagner cette somme où tu as déjà assez d’argent ? en plus Tu ne vas pas coucher avec n’importe qui. Ce sont de grands ministres, de grands docteurs… là tu pourras aussi tisser une bonne relation et qui sait ? Ton mari peut peut-être sortir de là. J’espère que tu vois le genre.

 

Je tire la chaise devant moi et je m’assieds, je regarde le directeur encore et encore.

 

-Christophe : la vie est un choix, je ne peux pas te forcer mais je sais aussi que tu as besoin de cet argent, tu as besoin d’espace, tu vas rester chez tes parents jusqu’à quand ? Ils seront là à t’imposer leurs règles, ne veux-tu pas être indépendante ou encore autonome ?

 

-Moi : que voulez-vous de moi ?

 

« Cynthia, qui es-tu » me dit ma conscience

 

-Christophe : tu connais ma proposition, je n’ai pas besoin de me répéter.

 

-Moi : avez-vous honte de me le dire encore une fois ? Avez-vous honte de me demander de coucher avec mes grands-parents ? Je pensais que ça vous plaisait.

 

-Christophe : contrôle ton langage jeune fille

 

-Moi : non, non. Je ne vais pas contrôler mon langage. Vous n’êtes qu’un pervers, un lâche. Vous ne méritez pas ce poste de directeur mais soyez rassurés, un jour, je vous ferai descendre de ce trône. Vous ne serez plus appelé DG mais prisonnier.

 

Je me levai et je le regardai tout droit dans les yeux avant de lui lancer ma dernière phrase qui a eu don de me libérer.

 

-Moi : JAMAIS, je dis jamais, je n’accepterai votre proposition. Que ce soit bien clair dans votre tête.

 

-Christophe : tu reviendras ici, accroupie par terre et je serai le seul qui pourra t’aider, crois-moi.

 

-Moi : allez vous Faire voir, des imbéciles comme ça.

 

Je sors encore une fois de ce bureau et je promets de ne jamais revenir. Je vais me chercher du boulot, un vrai boulot, c’est mon objectif. J’arrive à la maison toute fatiguée, je prends aussi le soin de faire signe à ma co de tous les temps, je l’ai remercié pour ses conseils et autres. Moi-même j’ai été ravie de cette grande décision que je venais de prendre parce que ça ne m’a pas du tout été facile. Je ne sais pas si quelqu’un me comprend ou essayera de me comprendre, ce qui est sûre, je me comprends moi-même.

 

Mon père me fait sortir de ma chambre parce qu’apparemment, il avait quelque chose à me dire.

 

-Diallo : ce matin, avant que tu ne partes, on s’est vu toi et moi ?

 

-Moi : non, tu dormais

 

-Diallo : t’ai-je dit que je dormais ?

 

-Moi : non mais je me disais que tu seras fatigué donc pas la peine de te déranger.

 

-Diallo : un bon enfant viendra cogner à ma porte pour demander comment a été ma première nuit de travail après six ans de chômage mais toi, non.

 

Je le regardais du coin de l’œil et je me demandais c’est quoi tout ces blablablas en ce moment ou rien ne va dans ma vie, ce moment où je sens vraiment nulle, ce moment où je me considère comme une orpheline.

 

-Diallo ( me faisant sortir de mes pensées) : tu m’écoutes ?

 

-Moi : oui oui.

 

-Diallo : tu en es où avec la recherche d’un boulot ?

 

-Moi : je suis en train, je suis en train, quoi qu’il n’y ait pas grande chose ces temps ci mais dans peu de temps, ça va venir.

 

-Diallo : ça passera où pour venir ma fille ? Pourquoi ne veux-tu toujours pas commencer au bas de l’échelle ?

 

-Moi : ça ne correspond pas à mon domaine, papa. Je pensais qu’on avait déjà discuté de ça, je pensais que c’était fini et que vous m’aviez laissé dans mon propre choix.

 

-Diallo : on t’a donné du temps juste pour que tu réalises toi-même l’importance de tout. D’ailleurs tu as une opportunité à saisir au niveau du fils de mon employeur.

 

-Moi : les opportunités maintenant ont de très grandes conséquences.

 

-Diallo : il y aura toujours des conséquences, négatives ou positives. C’est à toi de faire le tri, c’est à toi de choisir ce qui est bien pour toi. Si tu es assise soit disant qu’il y a conséquence, quand est-ce que tu vas débuter ? C’est une aide que le fils de M. Julien veut t’accorder.

 

-Moi : je ne veux pas t’aide, je n’en veux pas. Je veux voler de mes propres ailes. Depuis que j’étais petite, si on veut manger, on doit demander de l’aide, si on veut boire, on doit demander de l’aide, même si on veut chier, ce sera par l’aide de quelqu’un mais papa !!! jusqu’à quand ? Non mais soyons sérieux ! Je sais de tout mon cœur que tu es encore allé t’incliner là-bas pour qu’on trouve un petit boulot et qui sait ce qu’on va me trouver.

 

-Diallo : si j’incline ma tête pour qu’on te trouve un petit boulot, c’est mieux que tu inclines tes fesses pour un grand boulot.

 

Là je deviens toute rouge. Commet les parents font pour sortir ce genre d’expressions, j’espère qu’il n’a eu aucun écho quelque part.

 

-Diallo : certes, tu gagneras le boulot, tu auras de l’argent mais auras-tu une vie paisible, une vie stable en toute tranquillité et honnêteté ? Les gens pourront-ils te pointer du doigt pour dire à leurs enfants : « il faut ressembler à cette femme » ou ils diront plutôt du mal de toi ?

 

Silence absolu..

 

Diallo : Cynthia, je n’ai pas d’autre enfant que toi. Ton avenir dépend de moi alors s’il me faut ramper pour t’obtenir de l’aide, je le ferai. Plus rien ne me fait honte aujourd’hui, tout ce dont je suis passé constitue la petite force que j’ai ce matin en te parlant.

 

-Moi : ce boulot que tu vas ramper pour m’obtenir papa Diallo, je ne le ferai pas. En aucun cas ! je ne le ferai pas. Laisse moi faire moi-même, laisse moi m’essayer.

 

-Diallo (surpris par mes propos) : je ne te reconnais plus. Dis-moi, que t’arrive-t-il ? Ne vois-tu pas qu’il n’ y a pas une autre option que celle-ci actuellement.

 

-Moi : non, il y a d’autres options.

 

-Diallo : CYNTHIA !!!

 

-Moi : non, j’ai dit non et ça sera non..

 

Je me lève en même temps…

 

-Diallo : reviens ici.

 

-Moi : non !

 

Je rentre dans ma chambre. Partout aider aider aider, mes parents ne vont jamais se lever pour faire les choses seules, il faut toujours une main pour les aider. Je vais me trouver un boulot toute seule. Point bar !

 

   CYNTHIA

 

Soyons aussi des personnes qui aident les gens, on ne va pas toujours s’accrocher aux gens. Et si le fils de monsieur Julien aussi demande un service en retour, comment ferions-nous ? Il faut aussi que mes parents commencent par savoir que ma priorité est de trouver l’emploi mais sans l’aide de quelqu’un. Comment vais-je arriver ? C’est là, la question.

 

Je sors et je me dirige vers la boutique d’ELVIRE, on a toujours à dire là-bas.

 

-Elvire : ma formation débute dans quelques jours

 

-Moi : ah oui, je te souhaite beaucoup de courage. Tu y arriveras

 

-Elvire : ce sera aussi merveilleux de t’avoir à mes côtés.

 

-Moi : impossible, j’aurai un boulot bientôt. A partir de demain, je dépose mes dossiers où je peux.

 

-Elvire : à propos, j’ai été ravie pour ta décision par rapport à ton directeur. Je sais que ça a été difficile

 

-Moi : c’est déjà passé Sister et c’est aussi grâce à toi.

 

-Elvire : revenons alors à la formation, toute entreprise a besoin d’une secrétaire

 

-Moi : rires, c’est quel cours tu veux me faire ?

 

-Elvire : non, je suis sérieuse. Tant que tu as encore la force, tu peux faire mille et une formation si tu veux, tout cela va contribuer à quelque chose un jour. Peut-être que ce n’est pas ce que tu veux réellement faire, c’est juste un truc de « en attendant ». Rien ne t’empêche de t’inscrire.

 

-Moi : rien ne m’empêche bien sûre mais rien ne m’oblige non plus. Je pense que quand je dis que je suis fatiguée de tout, tu ne me comprends pas sur ce point.

 

-Elvire : si je ne te comprends pas, qui va le faire ? Je connais tout de toi, je sais que ton objectif c’est d’être le messie de la famille, tu veux être celle par qui les choses vont passer pour changer. C’est possible mais il faut de grandes résolutions Cynthia.

 

-Moi : d’accord. J’ai compris mais je ne suis vraiment pas prête pour me faire former en autre chose.

 

-Elvire : d’accord, penses à autre chose alors

 

-Moi : d’accord, je le ferai.

 

 

 

DIALLO

 

J’ai passé toute cette journée en réfléchissant sur le cas de ma fille. Si elle est comme cela, c’est à cause de la manière dont nous l’avons éduqué depuis toute petite, ce n’est vraiment pas sa faute. L’éducation dépend que des parents, si tu veux que ton enfant soit comme toi-même, alors éduque le comme on t’a éduqué, c’est simple. Elle a grandi, elle a poussé des cornes, elle est au dessus de tout le monde et on ne peut rien dire parce que tout ça, c’est grâce à nous.

 

Je me prépare et je décide de faire un tour chez ma femme avant d’aller au boulot. Arrivé, je vis M. Julien chez lui, il est venu faire ses achats comme d’habitude.

 

-M. Julien : j’avais dit à mon fils de te le dire Diallo, je voyage ce soir, tout de suite même pour revenir dans un mois.

 

-Moi: ah d’accord. Bon voyage patron.

 

-M. Julien : merci beaucoup. Mais tu vas toujours garder la maison. A la fin du mois, Stéphane va te régler.

 

-Moi : aucun problème patron.

 

Il est parti juste après…

 

-Da-féli : il est tellement gentil ton patron.

 

-Moi : je l’avoue aussi. Bon, si je suis arrivé, c’est surtout pour parler de Cynthia.

 

-Da-féli : hum sa situation est de plus en plus inquiétante.

 

-Moi : pour être plus sérieux, Cynthia n’est pas en forme.

 

-Da-féli : à part les problèmes de boulot, je ne pense pas que Cynthia ait quelque chose.

 

-Moi : et finalement, si elle a quelque chose, à nous de le découvrir parce qu’elle ne nous le dira jamais.

 

-Da-féli : oui, je comprends puisque ça fait toujours partie des devoirs des parents envers leurs enfants. Je m’inquiète aussi pour elle mais si elle ne veut pas se confier, ce n’est pas la peine de la forcer aussi. J’ai été jeune fille et je sais ce que s’est.

 

-Moi : bon, d’accord. Une fois à la maison, on va penser à tout ceci.

 

-Da-féli : d’accord cher mari. Bonne garde !

 

-Moi : merci et surtout rentre tôt.

 

-Da-féli : d’accord.

 

Je suis parti juste après.

 

 

 

   M. JULIEN

 

Devant l’aéroport, je passe un dernier coup de fil… à la cinquième sonnerie, il décroche enfin.

 

-Moi : vous ne m’avez plus refait signe

 

-Lui : c’est parce que je ne vous ai trouvé personne pour le moment

 

-Moi : au moins vous aurez pu m’appeler mais vous avez carrément décider de ne pas répondre à mes appels

 

-Lui : je pensais sérieusement que j’allais pouvoir vous trouver quelqu’un avant aujourd’hui mais non.

 

-Moi : et mon argent ?

 

-Lui : je l’ai toujours sur moi monsieur. Ne vous inquiétez pas, vous aurez la fille à votre retour. Le problème maintenant, c’est comment la convaincre sinon elle était pratiquement prise au piège. Je la referai appel voir ce que ça va donner.

 

-Moi : que ça soit vite fait. Je veux entendre une bonne nouvelle d’ici demain même si je ne suis pas au pays. Elle sera utile pour le réseau.

 

-Lui : d’accord, je vais retenter ma chance.

 

-Moi : faut pas tenter, faut faire. On a besoin d’une nouvelle personne chaque semaine. C’est comme cela qu’on va faire développer le réseau petit à petit.

 

-Lui : d’accord patron, considérez que c’est fait.

 

-Moi : je compte sur toi

 

-Lui : d’accord, bon voyage patron.

 

Je raccroche immédiatement. Oui, partout où je passe, je suis patron, je travaille à mon propre compte que ce soit dans mes entreprises ou dans mes réseaux. Si je voyage actuellement, c’est toujours pour devenir le patron de quelqu’un. Si les pauvres ne veulent pas entreprendre, on va les embaucher, on n’a pas de temps à perdre. Ils veulent ou pas, ils viendront vers nous parce que le manque d’argent engendre foutaise et maladie, il peut même engendrer la mort. Je vais distribuer mon argent bien sûr mais à chaque action, il faut réaction, rires… bon, mon heure a sonné, je prends ma petite mallette remplie d’argent et je me dirige vers l’avion.

 

 

 

CYNTHIA

 

J’étais tranquillement rentrée, quelques minutes après je reçois un message, je l’ouvris rapidement pensant que c’était Elvire mais non c’était Christophe le directeur.

 

-Christophe : salut

 

-Moi : je devais vous bloquer

 

-Christophe : mais tu ne l’as pas fait.

 

-Moi : ce n’est rien que l’oubli, je vais le faire tout de suite

 

-Christophe : un instant, avant que tu ne le fasses, consulte ton compte Flooz.

 

Je consulte rapidement et je découvre que j’ai reçu 100.000f il y a deux minutes.

 

-Moi : ne vous inquiétez pas, je vais vous renvoyer votre argent.

 

La dernière fois que j’ai touché à 100.000f, c’était pour payer mon écolage, point ! et voilà…

 

-Christophe : non, non. Pour ces 100.000f, je ne demande rien en retour. Mais imagines si tu gagnes 5fois 100.000 par semaine. Bonne soirée.

 

Ah oui et j’ai déjà commencé par réfléchir… je ne vais pas accepter, je dois me le promettre et je me le promets. Je suis une fille de valeur et de principe, je ne vais pas m’humilier à ce point. Non, je suis différente. Je ne vais pas gagner de l’argent à travers la prostitution.

 

A SUIVRE


Ecrit par Esther AMETONOU

 

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