AU PRIX DE MON ÂME (Ep 27)

AU PRIX DE MON ÂME (Ep 27) | AfroRaise

 

   DEUX ANNEES PLUS TARD

 

      Narrateur Externe

 

Plâtre après plâtre,  le pied d'Elvire refusait de prendre sa forme initiale, "on ne peut plus rien faire pour ce pied" avait déclaré le médecin qui prenait soin d'elle. Elle allait désormais se servir d'une béquille jusqu'à la fin de ces jours sauf si un miracle se produisait.

 

-Elvire : Dieu merci, je suis au moins en vie. J'ai eu une possibilité que les autres n'ont pas eu, c'est une deuxième chance que Dieu m'offre et je pense que je dois la saisir de toutes mes forces.

 

C'est ce qu'elle avait déclaré devant une bande de personnes à l'église. Elvire avait 26ans et était désormais l'assistante et la fiancée de l'adjoint du Ministre de la Justice M. Stéphane. Elle faisait également partie de l'église de sa mère ainsi que Da-féli. Depuis deux années, nos trois femmes ne ratèrent plus aucune messe jusqu'à présent.

 

 

       STEPHANE

 

-Moi : M. Kennedy!

 

-Kennedy : M. Stéphane.

 

Depuis deux années, Kennedy a travaillé pour moi, j'ai appris à le connaître. Il est un bon gars et il a besoin d'être boosté. Avec lui et grâce à lui, j'ai construit deux autres entreprises. C'est plus que satisfaisant.

 

Je le vois venir rapidement vers moi.

 

-Kennedy : vous m'avez appelé.

 

-Moi : quand vas-tu arrêter de me vouvoyer?

 

-Kennedy : rires, je ne pourrai pas. D'ailleurs, je ne le ferai pas.

 

-Moi : assieds-toi s'il te plait.

 

Il s'assied et je sors des documents importants.

 

-Moi : tu es un bon gars

 

-Kennedy : vous le dites à chaque fois, maintenant vous en abusez.

 

-Moi : rire. Ces documents sont désormais à toi.

 

Il ne dit rien, il les prend, les fouille, les redépose et les pousse vers moi.

 

-Kennedy : je vais faire quoi avec les documents de votre nouvelle entreprise?

 

-Moi : regardes encore et tu verras que l'entreprise ne m'appartient pas. Elle est en ton nom. Bref, je te la donne et tu es dans l'obligation de ne pas refuser.

 

-Kennedy : Qui êtes-vous au juste? J'ai aimé tout ce que vous m'avez fait. J'ai pas besoin d'entreprise. Je veux vous servir.

 

-Moi : non, va servir la nation. Tu amèneras la secrétaire Célia avec toi, je sais qu'il y a quelque chose entre vous.

 

-Kennedy : patron!

 

-Moi : oui, je vois tout. Commence par préparer tes affaires. Tu pars le Lundi.

 

-Kennedy : merci beaucoup patron, je ne sais vraiment pas comment je dois vous remercier. Même mon père en tant que Directeur n'a jamais été comme ça avec le personnel.

 

-Moi : parlant de ton père, tu dois le contacter. Je m'en vais voir le mien..

 

-Kennedy : allez-y chef.

 

Depuis deux années,  je visite mon père à la prison une fois par mois, je ne peux vraiment pas mieux faire à cause de toutes les charges qui pèsent sur moi. Tantôt il est malade, tantôt il est en bonne santé. Je prie vraiment qu'il vive jusqu'à ce qu'il soit libéré.

 

Dès que je fais mon entrée, tous les policiers se mettent au garde-à-vous jusqu'à ce que mes pieds ne se posent dans la salle de visite. On fait venir mon père aussi vite que possible.

 

-Julien : ah tu es encore là! Je t'ai dit que c'est pas la peine. Je peux bien prendre soin de moi tout seul.

 

-Moi : comment vas tu?

 

-Julien : cette prison est comme une deuxième maison pour moi, je suis habitué et donc je me porte bien.

 

-Moi : je suis ravi de t'écouter. Si tu sors de cette prison et qu'on te demande de créer encore une fois ce réseau et de le diriger, quelle sera  ta décision??

 

-Julien : avant que je ne réponde, laisse-moi te dire ceci : le lundi passé, je me suis retrouvé avec toute ma bande ici. J'avais organisé une petite réunion entre nous. Je leur ai parlé de l'importance de la jeune fille, ce que les filles sont capables de faire dans le monde d'aujourd'hui. Je leur ai fait savoir qu'elles peuvent gouverner, créer et innover. Elles sont des stars dans ce monde. Nous n'avons pas besoin de réduire ou de détruire leurs forces et compétences. Elles méritent de vivre une vie normale aussi bien que nous les hommes et après tout,elles nous donnent la vie; elles doivent être respectées dans tout les cas. Qu'elles soient belles, riches, pauvres, jeunes, un seul mot: RESPECT. Et donc pour notre part, nous ne pourrons plus jamais créer ce genre de réseau.

 

J'étais juste ébloui par ce que mon père venait de dire.

 

- Moi: Qu'est-ce qui t'a changé ?

 

- Julien : je ne saurai quoi te dire en réalité. Quand on prend de l'âge, on devient sage.

 

- Moi: Bref,continuez de faire preuve de civilité et de respect envers tous. Dans une année précisément, vous sortirez.

 

- Julien : Quoi ? Ils ont parlé de 54ans pour moi, n'oublies pas.

 

- Moi: toi aussi, n'oublies pas que c'est l'adjoint du ministre qui te parle.

 

- Julien : N'abuses pas de ton pouvoir pour me faire sortir d'ici.

 

-Moi : je n'ai abusé de rien du tout. Le conseil a tout décidé hier soir à mon insu. J'ai été informé aujourd'hui.

 

-Julien : quel soulagement !

 

-Moi : informes tes amis, continuez de mener votre vie au calme sans chercher des problèmes.

 

-Julien : j'ai tout compris.

 

 

       CYNTHIA

 

C'est bizarre n'est-ce pas ? Au cours de ces deux années passées, j'ai sacrifié plus de huit (8) personnes, je dis bien huit personnes ! Je dois le faire pour la survie de cet enfant qui est dans mon ventre.

 

Oui, je suis à deux ans de grossesse. Les autres femmes font neuf mois, moi je suis à deux ans et le bébé n'a jamais bougé dans mon ventre, je ne l'ai jamais senti pourtant mon ventre est assez long. Je ne sors plus. Je suis devenue un sujet de moquerie dans toute la ville. Si je le fais, c'est juste pour aller chez le grand chef. Marcher même, je n'y arrive plus. Échographie après échographie, j'ai demandé à ce qu'on m'opère mais tous les docteurs fuient en me voyant.

 

-Papa Kennedy : c'est bon? Es-tu prête ?

 

Je respirais à peine, j'étais de plus en plus fatiguée, je ne savais pas quoi faire. J'ai changé de quartier, j'ai changé de numéro, je n'aimerais même pas que ma maman me regarde dans un état pareil, ni Elvire et sa mère. Je sais qu'elles me chercheront par tous les moyens mais impossible de me trouver.

 

-Moi : oui, allons-y

 

-papa Kennedy : t'inquiète pas. Tout ira pour le mieux

 

-Moi : ça fait deux ans que tu le dis.

 

Je monte dans la voiture en faisant des efforts pas possibles. D'ailleurs, je passe tout mon temps à manger. Bon, direction chez le grand chef.

 

Arrivés, ce dernier parlait sans s'arrêter. C'est juste une chose que j'ai pu retenir.

 

-Grand Chef : sacrifies quelqu'un que tu aimes sérieusement, c'est tout ce qui pourra te sauver Cynthia.

 

-Moi : encore? Depuis deux ans, je ne fait que sacrifier des gens et je n'ai jamais eu gain de cause. Jusqu'à quand cette situation prendra-t-elle fin?

 

-Papa Kennedy : jusqu'à ce que tu ne sacrifies quelqu'un de très cher pour toi.

 

-Moi : je n'ai plus personne de très chère dans ce monde à part toi. Tu es ma famille, tu es tout pour moi, tu le sais bien.

 

-papa Kennedy : retourne dans le passé, tu sauras qui sacrifier.

 

-Moi : laisse le passé à sa place.

 

Ah! Je sais désormais qui peut faire l'affaire.

 

-Moi : j'espère que ce serait la dernière personne.

 

-Grand Chef : je l'espère aussi sinon ton cas est un petit peu compliqué.

 

        CYNTHIA

 

-Moi : grand chef, pourrais-je vous voir sans mon mari?

 

-papa Kennedy : jamais ! Je suis et je serai toujours là.

 

-Moi : grand chef, je vous ai posé une question.

 

-Grand Chef : reviens me voir quand tu seras prête pour le sacrifice.

 

-Moi : je suis vraiment fatiguée.

 

-Grand Chef : je ne peux malheureusement rien faire. Tout dépend de toi. On bougera quand tu voudras.

 

-Moi : papa Kennedy, aide-moi à me lever.

 

Il se lève et me tend sa main et je fais pareil. Main dans la main, nous avons rejoint le garage.

 

Une fois dans la voiture, j'appelle Latishia pour lui dire de passer chez moi, elle accepte sans faire d'histoire. A part papa Kennedy et le grand chef, elle est la seule personne qui me reste.

 

Avant même qu'on arrive, je la vois de loin garé devant notre nouvelle maison.

 

-Moi : entres s'il te plait.

 

-Latishia : merci.

 

Papa Kennedy a regagné sa chambre tout de suite.

 

-Latishia : alors? A-t-il commencé par bouger?

 

-Moi : qui?

 

-Latishia : l'enfant dans ton ventre bien sûr

 

-Moi : ah, il n'a jamais bougé.

 

-Latishia : je ne comprends toujours pas.

 

-Moi : comment ça se fait que depuis tout ce temps, tu n'es jamais tombé enceinte de Claude. C'est ce quoi moi je ne comprend pas, tu es pourtant sa femme.

 

-Latishia : je ne peux pas tomber enceinte de ce vieux, quand même ! Je me protège ma chérie.

 

-Moi : pourquoi tu me l'as pas dit au début?

 

-Latishia : nos priorités diffèrent. Je savais que même si je te disais  ça, tu allais t'en moquer. Je te connais très bien. Tu es le genre de personne qui ne prend pas les choses au sérieux depuis le début. Sinon que se passe-t-il encore?

 

-Moi : besoin d'un nouveau sacrifice.

 

-Latishia : ces gens là t'exploitent ou quoi? C'est toi qui dois toujours leur trouver du sang?

 

-Moi : ils ont dit que je dois le faire pour la survie de mon enfant.

 

-Latishia : peut-être même que ton enfant est déjà mort dans ton ventre. Qui sait? C'est juste une supposition de ma part.

 

-Moi : hum, je ne sais vraiment pas à quoi penser et le fait de garder tous ces tourments pour moi seule finira par me rendre dingue, je t'assure.

 

-Latishia : j'essaie d'imaginer et je me rend compte que ce ne sera pas du tout facile.

 

-Moi : on aurait dit que c'est un fardeau que je porte. Je pense que cette fois-ci le grand maître est dépassé.

 

-Latishia : sûrement qu'il l'est. Depuis que moi j'appartiens à ce cercle, j'ai jamais vu une situation pareille à la tienne.

 

-Moi : pourquoi moi alors? Qu'ai-je fait de mal? N'ai-je pas respecter tous Les règles?

 

-Latishia : sûrement que tu ne sacrifies pas la bonne personne. Tu sais, j'ai eu un enfant avant d'intégrer la secte.

 

-Moi : où est-il alors?

 

-Latishia : il a été sacrifié.

 

-Moi : sérieux? Tu as sacrifié ton propre fils Latishia?

 

-Latishia : tu as sacrifié ton père aussi, ne l'oublies pas. Moi, je l'ai fait pour ma survie et je ne regrette rien.

 

-Moi : c'est pareil pour moi, je l'ai aussi fait pour ma survie.

 

-Latishia : non, c'est faux. C'était juste pour ton adhésion. C'est maintenant qu'on te parle de survie, toi et ton enfant. Tu as pris quelle décision? Je sais que tu en as prise.

 

-Moi : Kennedy

 

-Latishia : le fils de Claude??

 

-Moi : je l'ai toujours aimé et je pense qu'il est temps de me débarrasser de son amour, ce qui veut dire que je dois me débarrasser de lui-même.

 

-Latishia : penses-tu que c'est une bonne idée ? D'ailleurs, son père n'acceptera jamais

 

-Moi : c'est pour cela que je le ferai à son insu. Il ne le saura jamais. Ce sera juste entre le grand chef et moi.

 

-Latishia : trouves une autre idée. Je trouve celle-ci très très moche. Une fois que Claude saura que c'est toi qui es la base de la mort de son enfant, il te tuera certainement. Il n'a pas froid aux yeux.

 

-Moi : pourtant, il a une fois dit qu'il pourrait sacrifier son fils s'il lui sert d'obstacle dans une de ses actions.

 

-Latishia : il ne le sacrifiera pas. C'est juste des blablablas. Actuellement,  Kennedy vous sert-il d'obstacle à quoi que ce soit? Non, pas du tout. Cherches une autre personne.

 

-Moi : je n'ai plus personne.

 

-Latishia : entre ton père et ta mère, qui aimes-tu le plus?

 

-Moi : mon père.

 

-Latishia : pourtant tu l'as sacrifié. Ta mère te sert à quoi? Elle ne sait plus rien de toi et toi non plus.

 

-Moi : ma mère ?

 

-Latishia (calme) : tu n'as plus personne, je suis la seule qui peut te conseiller en ces moments. Je suis tout pour toi et tu es tout pour moi Cynthia donc je suis obligée de t'aider. Ta mère est la mieux placée

 

-Moi : tu le penses réellement? Ça fait deux ans que je n'ai pas vu ma mère

 

-Latishia : tu n'as pas besoin de la voir, pas du tout. Elle est déjà vieille. En la sacrifiant, tu sauves ta vie et celle de ton enfant. Deux vies contre une seule, tu préfères quel choix?

 

-Moi : ...

 

-Latishia : je t'aurais dit de sacrifier ton ancienne amie Elvire mais je sais que tu ne l'accepteras jamais.

 

-Moi : son affaire est déjà classée.  Pour ma mère, je pense que tu as raison, je dois y réfléchir.

 

-Latishia : tu veux réfléchir à quoi Cynthia? Sérieusement ? Tu n'es pas fatiguée de ce fardeau que tu ne cesses de porter? Grossesse de deux ans? Quand même !!!

 

-Moi : j'irai voir le grand chef.

 

-Latishia : lève-toi, je conduis.

 

-Moi : je suis fatiguée

 

-Latishia : c'est pour cela j'ai dit que je vais conduire.

 

-Moi : fhumm.. Allons-y

 

J'étais entrée dans la chambre pour avertir Claude mon mari mais il dormait profondément alors nous sommes parties sans lui.

 

En cours de route, je n'ai pas cessé de penser à ma mère. Au cours de ces deux ans, a-t-elle vieilli? A-t-elle changé? Que mange t-elle? Comment vit-elle? Mother...

 

-Moi : penses-tu que c'est une bonne idée?

 

-Latishia : ce n'est pas une question de bonne idée ou pas. La situation qui s'est présentée, il y a qu'une seule option valable Cynthia.

 

-Moi : pas de choix, juste une option.

 

-Latishia : exact, pas de choix. Il faut faire avec. Après le sacrifice, tu auras la force nécessaire pour surmonter ce moment, qu'il soit difficile ou pas.

 

Et puis il y a d'autres personnes qui veulent vivre près de leur maman, il y a des centaines de personnes qui ne cessent de pleurer leur maman chaque jour...

 

-Latishia : arrête de réfléchir. Ça ne fera qu'empirer la situation

 

Moi, je suis prête à sacrifier la mienne. Après tout, c'est pour la survie de son enfant et de son petit-fils.

 

-Moi : fonces!

 

En peu de temps, nous étions arrivés chez le grand chef.

 

-Grand Chef : déjà décidé?

 

-Moi : Da-féli

 

-Grand Chef : qui est-elle?

 

-Moi : appelles-la et tu verras.

 

-Grand Chef : j'espère que c'est quelqu'un d'une aussi grande importance pour toi.

 

-Moi : si ce que je veux ne marche pas cette fois-ci, je sortirai de force ou de gré de votre secte. Avant et après n'importe qui, cette femme est ma meilleure.

 

Il invoque l'âme de ma mère jusqu'à trois fois. Dans notre miroir, on ne voyait personne.

 

-Moi : essaies encore

 

Il lève alors les mains vers le ciel et se met sur ses genoux.

 

-Grand Chef : Da-féliiiiiiiiiiiiii

 

-Moi : la voici, elle est là.

 

Elle était à la maison en train de cuisinier... Maman...

 

A SUIVRE


Ecrit par Esther AMETONOU

 

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