MA VENUE, TA FIN

MA VENUE, TA FIN | AfroRaise

27 Septembre 2020, le jour de mes dix huitième anniversaires. Une journée où l’on souffla une bougie de plus devrait être l’une des plus belles 24heures de nos vies et cela l’était pour moi. Dernière née d’une famille de quatre filles, j’étais le dernier espoir de maman d’avoir un fils, elle était âgée et j'étais l’enfant que personne n’attendait. Malgré tout, j’ai toujours été couverte d’attention et d’amour. Princesse de papa, celle à qui tout le monde pouvait se confier sans être juger, souriante, compréhensive, j’étais la petite sœur parfaite et nous étions une famille soudée sauf qu’il manquait cette petite retouche. Pour parfaire l’ambiance, il nous fallait le IL qui marquerait sa présence en absence de papa. Nous avions des cousins très aimables mais moi, j’ai toujours rêvé avoir un grand frère qui me surprotégerai et pour qui des filles se battraient ou encore mieux un petit frère qui m’accompagnera partout et qui me parlera de ses aventures amoureuses.  Je ne suis qu’une rêveuse qui depuis quelques heures déjà était devenue majeure.

Apres un réveil égayé par un chant en chœur, des présentations de vœux par tous les moyens, des cadeaux... j’ai passé ma matinée au spa puis après, nous étions tous allés déjeuner au restaurant. Bellari était l’un des rares restaurants cinq étoiles de notre pays. Le ménu, un vrai délice. Cétait mon plat préféré ainsi que celui de papa mais ce dernier n’avait pas cet appétit flagrante qu’il avait d’habitude et maman n’afficha qu’un sourire forcé suite aux bonnes blagues d’Aristide mon cousin. Croyant que mes parents étaient anxieux et peinés parce que leur petite fille a bel bien grandis et avec le mariage de ma grande sœur le mois prochain, bientôt la maison sera vide, j’essayais de les convaincre de ne jamais m’éloigner d’eux mais apparemment, c’était le cadet de leurs soucis. C’était mon jour et s’ils devraient être contents pour moi, ce que je ne cessais de leur rappeler sur le chemin de retour.

Déjà surexcité par la soirée qu’ont organisée mes sœurs en mon honneur, il fallait que je me repose si je voudrais en profiter à fond. Il était 14heures quand nous étions rentrés et je regagna ma chambre, notre cadet disait qu’il n’y avait que moi pour vouloir dormir en pleine journée de mon anniversaire mais elle avait tort, j’étais trop émus pour dormir, j’avais juste besoin de me reposer ; besoin de passer soixante seconde toute seule ; besoin de remercier mère nature de m’avoir si bien entouré car pour rien au monde, je ne perdrai ma place dans ma famille ;  besoin de prendre conscience de tout ce qui m’arrivait,  savoir qu’à partir d’aujourd’hui, je répondrais de mes actes devant la loi, que je pouvais avoir un petit ami avec la permission de mes parents et faire toutes ces choses que font les jeunes, c’était vraiment trop pour ces instants d’une seule rotation de la terre sur elle-même. Perdue dans toutes ces émotions, j’écoutais mère nous présenter un petit garçon comme le fils de papa. Elle disait que c’était notre frère et qu’il avait treize ans, papa l’a eu avec une autre femme  et qu’ils attentaient que je ne sois plus mineure pour nous l’annoncer. Papa à son tour nous priait d’accepter cet inconnu comme maman l’a fais et c’était normal, qui pourrait pas craquer face à ses yeux de biches, ce sourire accrocheur, ce visage d’ange et cette innocence que présentait notre nouveau benjamin ? Personne ne pouvait résister à cet désir que nous avons toujours eu, d’avoir un frère, il ressemblait trait pour trait au petit frère de mes rêves et je vis mes sœurs s’approcher de lui, le couvrir de câlin puis mes parents firent de même. Ils étaient bien entourés comme je l’ai toujours été mais cette fois-ci, j’étais hors du cercle familial, toujours sous le choc de la nouvelle mais personne ne remarquait ma présence.

-Hoyé, hoyé !!! Je suis là, c’est mon jour, l’attention devrait être porté sur moi. J'ai toujours été votre Binjamine et ce gamin ne peut pas prendre ma place.

… Je criais mais personne ne semblait écouter, quand je fis un pas pour les toucher, ouf je me réveillai. Ce n’était qu’un cauchemar, c’était loin de la réalité et cela ne pourra jamais se produire me dis-je en me levant de mon lit. J’alla au salon et je vis un petit garçon assis, regardant la télévision. Je ne le voyais que de profile mais il était vraiment mignon, bien avant que je ne dise mot, il se rendit compte que j’étais là. Il se leva, se tourna, me fixa profondément, se rapprocha, me fit un sourire, le plus beaux que j’eu l’occasion de recevoir de toute ma vie puis me dit : Ma venu n’est que ta fin grande sœur.

Andréa MAGNON

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