SURVIVANT (Ep 30)

SURVIVANT (Ep 30) | AfroRaise

 

Richard demeura confus à la vue du fétiche qu’il aperçut dans le sachet. D’intenses frissons lui parcoururent l’échine. À la fois horrible et repoussant, le fétiche, composé de trois morceaux de bois cylindriques et mal taillés, attachés par des fils sur lesquels étaient accrochés des cauris, reposait à coté d’un portefeuille fait de peau d’animal.  Juste à coté, fut un tissu rouge renfermant, visiblement, un papier blanc. Richard, piqué depuis quelques minutes à la même place, tentait d’appréhender le contenu.

Il s’apprêta à y plonger la main quand, passa à coté de lui, la revendeuse de la veille. Il referma le sachet avec précipitation et lui envoya un sourire.

 

>Mon fils, comment tu vas ?

 

>Bien – répondit-il.

 

>Ton frère t’a encore laissé ici ?

 

>Non - dit-il en réprimant un rire - je suis venu remettre ce sachet à un client de ma mère.

 

>D’accord. Tu ne vas rien payer non plus aujourd’hui ? - demande-t-elle ave un grain d’espoir et un léger sourire affectueux.

 

>Non tata. Je n’ai rien sur moi. Encore merci pour hier, il était très en retard mais il était finalement venu

 

>Ce n’est rien, tu me rappelles mon fils quand il avait ton âge. Passe une bonne soirée.

 

>Merci – il répondit avec un visage de marbre.

 

Elle s’éloigna quand Richard l’interpella.

 

>MADAME ?

 

>OUI ? - fit-elle en se retournant, une main sur la bassine en équilibre sur sa tête.

 

>Euh…Non rien. Bonne vente.

 

>Bism ALLAH, elle sera bonne - elle répliqua avec sourire

 

Il fut étonné de sa réponse, car de voile, elle ne portait.

 

<<j’aurai peut-être dû lui demander de me passer à nouveau son téléphone. Ou peut-être pas, ce serait trop demander. Là, il me faut appeler HOUNO d’urgence pour qu’il me donne les consignes. Le mieux serait d’avoir mes premiers cinquante mille aujourd’hui. Maman sera soulagée, elle n’aura plus à se faire tant de soucis pour nous. Même si Dieu n’écoute plus nos prières, on, fera sans lui. >> pensa Richard avec un léger sourire empreint  de peine.

 

Il pénétra un kiosque et demanda à téléphoner. Il composa le numéro qu’il avait mémorisé la veille et maître HOUNO répondit à l’autre bout du téléphone.

 

>Grand maître, c’est Richard GALLE. J’ai reçu votre colis et remis le reste de l’argent à la fille.

 

>D’ACCORD MON FILS, TU AS VU LE PORTEFEUILLE MAGIQUE ?

 

>Oui, mais je ne l’ai pas encore sorti du sachet.

 

>C’EST BIEN MON FILS. IL Y A QUELQUES RÈGLES À RESPECTER, SI TU LES RESPECTES, TU N’AURAS AUCUN PROBLÈME ET TU AURAS TES CINQUANTE MILLE CHAQUE JOUR. LA PREMIÈRE RÈGLE EST DE NE JAMAIS ME MENTIR OU MENTIR AUX GÉNIES. JE T’AVAIS DIT ÇA HIER. MON FILS TU M'ÉCOUTES ? IL NE FAUT JAMAIS MENTIR OU TROMPER LE GÉNIE QUAND IL VA TE VISITER DANS TON SOMMEIL.

 

Richard déglutit

 

>Dans mon sommeil ? - il questionna avec crainte .

 

>OUI, FAUT PAS  AVOIR PEUR, IL VA TE VISITER DE TEMPS EN TEMPS. DANS LE TISSU ROUGE, IL Y A UN PAPIER BLANC ET UNE AMULETTE NOIRE. SUR LE PAPIER, IL Y A  LES PRIÈRES ET LES INCANTATIONS QUE TU VAS FAIRE AU GÉNIE AFEHOU MATIN ET SOIR. POUR LE MATIN, C’EST POUR INVOQUER LE GÉNIE ET LUI DEMANDER L’ARGENT. TU DOIS ÊTRE DANS UN CALEÇON ROUGE ET METTRE DE L’ARGILE BLANCHE SUR LES YEUX ET LA BOUCHE. IL Y A L’ARGILE DANS LE SACHET. APRÈS AVOIR FINI LA PRIÈRE ET L’INCANTATION, TU PRENDS UNE AIGUILLE OU UN COUTEAU ET TU TE PIQUES UN PEU POUR OFFRIR TROIS GOUTTES DE SANG À AFEHOU. PAS PLUS DE TROIS GOUTTES. MON FILS TU ES LÀ ?

 

> Oui maitre - fit Richard d’une faible voix.

 

>TU ES NÉ QUEL JOUR ?

 

>Dimanche.

 

>DONC CHAQUE DIMANCHE TU OFFRIRAS TROIS GOUTTES DE SANG AU GÉNIE. LE FÉTICHE QUI EST DANS LE SAC, C’EST TON GÉNIE, C’EST LUI QUI TE DONNERA L’ARGENT MAGIQUE. POUR LE SACRIFICE TU VERSERAS LE SANG SUR LUI SANS LE TOUCHER. IL NE FAUT JAMAIS OUBLIER DE LUI DONNER LE SANG TOUS LES DIMANCHES SINON TU N’AURAS PAS TON ARGENT. MON FILS TU M’ENTENDS ?

 

>Oui maître

 

> LA DEUXIÈME RÈGLE EST QUE TU DOIS ÊTRE LE SEUL À VOIR ET À AVOIR ACCÈS AU GÉNIE ET LE TOUCHER. FAUT BIEN LE PLACER DANS TA MAISON OU DANS TA CHAMBRE POUR QUE PERSONNE NE LE VOIT. LE GÉNIE EST POUR TOI SEUL. TU M’ENTENDS, MON FILS ?

 

>Oui maitre.

 

>D’ACCORD. LA TROISIÈME RÈGLE EST QUE TU NE DOIS PLUS MANGER DE L’HUILE ROUGE LES JOURS DE TON INVOCATION.

 

>Je ne comprends pas maitre - fit-il de plus en plus intrigué.

 

>LES JOURS QUE TU VAS DEMANDER L’ARGENT À AFEHOU, HEIN, CES JOURS LÀ TU NE DOIS PAS MANGER DES CHOSES PRÉPARÉES AVEC DE L’HUILE ROUGE. L’HUILE ROUGE NE DOIS PAS TOUCHER TA LANGE LES JOURS LÀ ET LE DIMANCHE AUSSI. C’EST TOUT, FAUT BIEN RESPECTER LES CONSIGNES, MON FILS. AVANT L’INCANTATION, N’OUBLIE PAS DE PORTER UN CALEÇON ROUGE ET DE METTRE L’ARGILE QUE J’AI MISE DANS LE SAC SUR TES YEUX ET TA BOUCHE. PRIÈRE DU MATIN, C’EST POUR DEMANDER L’ARGENT AU GÉNIE, POUR LE SOIR C’EST POUR LE REMERCIER. IL NE FAUT PAS ÊTRE INGRAT. ET N’OUBLIE PAS LE SACRIFICE TOUS LES DIMANCHES, TROIS GOUTES DE TON SANG. TU M’AS BIEN ÉCOUTÉ MON FILS ? N’OUBLIE PAS LES TROIS RÈGLES ET LE PROCESSUS. SI TU FINIS LA PRIÈRE, TU VERRAS LE PORTEFEUILLE MAGIQUE VA SE REMPLIR EN MÊME TEMPS AVEC L’ARGENT. TU ENLÈVES TON ARGENT ET TU VAS DÉPENSER ÇA. L'AMULETTE NOIRE, IL FAUT TOUJOURS L'AVOIR DANS LA POCHE OU DANS LE SLIP SI TU N'AS PAS DE POCHE. MON FILS C’EST BIEN CLAIR ?

 

>Oui maitre

 

>TU AS BIEN COMPRIS ?

 

>Oui maitre, c’est clair

 

>D’ACCORD. APRÈS SIX MOIS, IL FAUT M’APPELER SI TU VEUX RENOUVELER LE PORTEFEUILLE. QUE LA RICHESSE SOIT AVEC TOI.

 

>Merci beaucoup grand maître.

 

Richard, dans les abysses du désespoir,  fut de retour en hâte chez lui espérant arriver avant ses frères. Il ferma la porte à double tour. Il installa le fétiche sur le tapis rouge, plaça le portefeuille devant le fétiche et l’argile blanche et l’amulette noire à coté.

Il se mit à poil, porta un de ses vieux caleçons rouges, se passa l’argile sur les paupières et sur les lèvres, se mit sur ses genoux puis récita l’incantation dans son intégralité. Le portefeuille se gonfla légèrement dans la seconde d’après. Tout joyeux et tout excité, il retira son dû magique, il le compta mais ne vit pas la totalité. Seulement quarante mille. Il recompta une première fois, puis une deuxième, puis une troisième. Le montant fut le même. Quarante mille. Il se mit à paniquer. Le surdoué se dirigea vers un kiosque pour recontacter son fournisseur de portefeuille magique quand il se souvint des paroles de ce dernier : << IL NE FAUT JAMAIS ME MENTIR OU MENTIR AUX GENIES>>. Il se ravisa et se rappela avoir enfreint la première règle avant même la réception du portefeuille. Il avait menti sur son âge et sa profession.

Il retourna chez lui soucieux et se mit à s’interroger.

 

Devrait-il contacter le maître et lui dire qu’il avait mentit pour qu’il lui trouve une solution ? Ou continuer d’utiliser le portefeuille en se contentant des quarante mille et en essayant de ne pas enfreindre les dernières règles !?

 

Richard GALLE choisit la deuxième option, la moins stressante.

 

Quelques minutes plus tard Rachid et Raïssa furent de retour, n’ayant pas remarqué l’heure filer, leur grand frère poussa le tapis rouge et son contenu dans un coin  de la chambre, après avoir empoché l'amulette, puis le couvrit d’un vieux pagne noir, priant pour qu’il ne soit découvert.

Madame GALLE revint très tard dans la soirée. Elle se laissa tomber dans le fauteuil aux cotés de son fils puis lâcha un : « Merci seigneur ». Elle remarqua son fils évasif, et s’abstint de prendre la parole quand elle le vit fourrer sa main dans sa poche et sortir deux billets de dix mille. Ses yeux furent exorbités de surprise.

 

 Richard : Maman - il commença  - j’ai trouvé du boulot auprès d’une riche dame, elle m’a donné ceci pour mon premier jour.

 

Elle fut si abasourdie qu’elle perdit ses mots dans les secondes qui suivirent.

 

 Richard : Maman ?

 

 Mme GALLE : Oui mon fils - fit-elle en revenant à elle - c’est une excellente nouvelle. Que cette dame soit bénie et que Dieu soit loué, il entend toujours nos prières. Vingt mille le premier jour, eh merci mon Dieu. Je me demandais ce que vous alliez manger ce soir. Il n’y a plus rien à la maison. Avec ca, on peut payer un kilo de riz et écraser du piment vert pour l’accompagner.

 

 Richard : Oui maman - dit-il en lui tendant les billets

 

Madame GALLE les prit et sentit les billets lui bruler les doigts

 

>SEIGNEUR JÉSUS - clama-t-elle en les laissant tomber

 

Rachid et Raïssa ne comprirent rien à la réaction de leur mère qu’ils fusillèrent avec des regards inondés d’étonnement.

 

Richard : Maman, un problème ? - demanda-t-il surprit et inquiet.

 

Mme GALLE : Non mon fils, je m’étais rappelé d’un truc qui s’est passé au bord de la route. Comment s’appelle la dame pour qui tu travailles ?

 

Richard : Euh euh…Eugénie – finit-il par dire.

 

Mme GALLE : Comme ta camarade de l’école ?

 

Richard : Oui oui

 

Mme GALLE : Tu fais quoi comme travaille ?

 

Richard : Je gère sa caisse et je fais les comptes.

 

Mme GALLE : D’accord.

 

ELLE SE leva, ramassa les billets avec un pan de son pagne en guise de gant puis se dirigea vers Rolland qui fut allongé sur le matelas.

 

>Mon fils, s'il te plait tu peux me passer cinq cent ? Pour pouvoir payer un demi-kilo de riz et préparer.

 

>Je croyais avoir entendu que Richard a trouvé du boulot et t’a remit vingt mille.

 

>Donc tu nous écoutais ?

 

> La pièce n’est pas si grande maman

 

>Oui mais j’ai d’autres projets sur cet argent

 

« Hum richard, où as-tu trouvé cet argent ? Dans quoi tu t’es mis cette fois ci ? » pensa la mère des quatre enfants.

A SUIVRE…

ECRIT PAR PRIVAS_WINNER

 

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