C'ETAIT POUR TOI, PAPA... (Ep 7) FIN

C'ETAIT POUR TOI, PAPA... (Ep 7) FIN | AfroRaise

 

Je venais de lire le Psaume 121 : 8 : « l'Éternel gardera ton départ et ton arrivée dès maintenant et à jamais. »

 

Ce verset ne cessait de résonner dans ma tête. C'était comme s'il s'adressait à moi. Oui, mon exécution marquera mon dernier moment ici sur terre et le commencement d'une nouvelle vie de l'autre côté de la porte.

 

Assise sur mon petit lit, je me laissais immerger par mes pensées.

Peut-être que si j'étais sous d'autres cieux, on m'aurait juste condamné à vie. Mais là, ce n'est pas le cas. Je suis condamnée à mourir, mourir pour avoir sauvé mon père. J'aurais voulu voir le visage de mon père et celui de ma fille avant de commencer ce nouveau voyage.

 

L'agent Nadia et l'agent Éric sont venus me voir. Nous savons nous trois que c'était la dernière fois que nous passons un moment ensemble, mais aucun de nous trois, ne voulait évoquer le sujet de ma mort, jusqu'à ce que je ne le mette moi-même sur tapis.

 

- Vous savez, je voudrais sincèrement vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi. Vous m'avez soutenu et vous avez toujours été présents pour moi. Je ne pourrai vous remercier assez. Que Dieu lui-même vous récompense pour cela. S'il était permis de se serrer dans les bras entre détenus et agents, je l'aurais fait ; néanmoins, je vous porte dans mon cœur. leur dis-je avec un sourire tendre.

 

Aujourd'hui est le jour où je dois m'en aller. Je ne sais si c'était Dieu qui avait organisé ce départ ou si c'était les hommes. Tout ce que je sais, est que je m'en irai dans quelques minutes.

 

C'est Nadia et un autre agent qui étaient venus me sortir de ma cellule. On m'avait cuisiné mon plat préféré qui était du spaghetti. J'aurais voulu  manger ça une dernière fois avec mon père, mais hélas...

J'ai également écouté ma musique préférée pour une dernière fois.

 

 Après cela, on me conduisit dans la pièce où ma vie allait s'arrêter.

 

Sur le chemin, saisie de côté par les deux gendarmes, j'ai entendu quelqu'un m'interpeller.  J'ai cru à un premier moment que c'était mon imagination. Cependant, il y avait effectivement une voix qui venait d'émettre mon nom. Quand je me suis retournée, je l'ai vu ; j'ai vu mon père avec ma lettre en main. Il l'avait reçue et l'avait lue. Je ne sais pas comment il a fait pour pouvoir entrer dans cette partie de la prison, mais j'étais contente de le voir. Pendant qu'il coulait des larmes de tristesse en accourant vers moi,  je souriais de joie. Dieu venait d'exaucer l'une de mes prières.

Il s'approcha de moi et me serra fortement dans ses bras.

- Je suis vraiment désolée Mica. Je n'ai pas été à la hauteur, je n'ai pas été un bon père pour toi. Tout ce que tu as enduré c'est par ma faute ; dit-il.

- Non papa, c'est moi qui t'ai déçu.

- C'est aujourd'hui que je me rends compte que le ciel m'a fait un très beau cadeau que je n'ai pas su reconnaître. Et ce cadeau, c'est toi ma fille.

 

Sa phrase me faisait couler plus de larmes.

 

Après ce bref moment passé avec mon père, on m'amena dans cette pièce qui a été témoin de plusieurs morts. On me fit asseoir dans ce noir siège, puis on mit tout en place pour mon trépas. Pendant toute leur préparation, j'avais le sourire aux lèvres.

 Enfin de compte, c'est peut-être une bonne chose de s'en aller de ce monde aigri et vicieux.

 

La vie est un don du ciel. Mais la vie sans l'amour n'est qu'une remise en question de notre nature humaine ; car celui qui vit sans aimer, ne vit pas. L'homme est créé pour aimer et non pour haïr. Que Dieu ait pitié de l'insignifiance et de la petitesse de notre nature, et nous inculque la notion d'aimer.

 

 Oui, je pars. Mais je pars le sourire aux lèvres. Avant même que la substance qui était destinée à me faire endormir pour toujours, ne fasse un avec mon corps, j'avais fermé mes yeux et je revoyais mes plus beaux souvenirs.

Ce fut sur mon dernier merveilleux souvenir qui est celui de tout de suite,  où mon père m'enlaçait que je rendis l'âme. J'ai eu une putain de vie, mais c'était Ma vie !

 

[ Après la mort de Mica ]

 

Si seulement j'avais mis de côté ma colère et avait écouté la version de ma fille, peut-être que nous n'en serions pas là aujourd'hui.

Dix-sept années sont passées après sa mort. Cependant, je n'arrive pas à l'oublier. Comment d'ailleurs arriverais-je à l'oublier ? C'est impossible. Mica me manque cruellement.

Tout ce qu'elle a fait, elle l'a fait pour moi. Pour que je vive. Elle a donné sa vie à ma place.

 

Tu me demandes de vivre comme avant. Si avant j'étais heureux tout le temps, c'était à cause de ta présence Mica. Maintenant que tu n'es plus là, comment pourrais-je vivre comme cet homme jovial que tu as connu ?

Oh ! Mica ; si seulement tu pouvais savoir que ce jour où tu mourais tu avais pris une très grande partie de moi avec toi...

 

**

 

Je venais de garer mon véhicule dans le parking, et attendait que ta petite Ciara sorte de la classe. Il sonnait déjà l'heure de rentrer à la maison.

En la voyant, je croyais te voir en personne. J'ai dû faire un effort surhumain pour ne pas éclater en larmes devant tout ce monde. Elle ne me connaissait pas. Je l'ai appelé par son nom, et lorsqu'elle s'était approchée de moi, elle m'a salué poliment. Je te revoyais à travers ses magnifiques yeux.

 Je lui ai remis cette enveloppe contenant tout ce que tu m'avais écrit avant ta mort.

 

- Qu'est-ce que c'est Monsieur ? demanda t-elle confuse.

- C'est de la part de quelqu'un pour toi, lui dis-je. Quelqu'un qui t'a énormément aimé et qui t'aime encore.

 

Elle me regarda bizarrement puis hocha la tête.

 

- Ok, merci, dit-elle en s'en allant.

 

Maintenant que tu n'es plus là, il faut néanmoins qu'elle sache la vérité. Sa mère n'était pas une meurtrière, mais plutôt une héroïne ; mon héroïne à moi...

 

Mica avait eu le choix entre tout me dire et voir mon bonheur s'écrouler pendant un petit instant ou me cacher toute la vérité pour pouvoir toujours voir ce petit sourire sur mes lèvres. Aujourd'hui je me sens comme un meurtrier car c'est à cause de moi que ma fille s'en est allée. J'avais finalement compris que ce qui l'avait le plus brisé ce n'était pas le fait d'avoir tué Aaron, mais c'était parce que je n'avais pas pu croire en elle et que je n'avais pas été là pour elle.

Mica avait choisi de donner sa vie pour moi. Pour certains ça paraîtrait pour une folie mais c'est ce qu'elle avait.

 Et vous, qu'auriez-vous fait à sa place ?

 

              ~ FIN ~

ECRIT PAR DEBORA_SYLVANA

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