C'ETAIT POUR TOI, PAPA... (Ep 5)

C'ETAIT POUR TOI, PAPA... (Ep 5) | AfroRaise

 

- Mon père n'avait pas supporté cette situation et a fait une crise cardiaque qui l'a conduit dans la tombe. C'était ton père le responsable de tout cela, Mica !

 

Mon père ? Non je n'arrivais pas à le croire... J'étais confuse. Je savais que tu étais quelqu'un de bien. Ce que je ne comprenais pas  papa, c'était l'acte que tu avais posé vis-à-vis de cet homme.

 

- Non Aaron...tu dois sûrement te tromper..., avais-je dit tristement à voix basse.

 

- Je peux tout oublier mais je ne pourrai jamais oublier l'homme qui a été responsable du déclin de ma famille ! affirma t-il.

 

C'est là que j'ai commencé par comprendre pourquoi il me détestait sans raison.  Tous ces coups, ces insultes, ces viols et ses mauvais traitements pouvaient s'expliquer par cette histoire. Il avait opté de me faire souffrir physiquement et moralement, mais encore plus moralement...

 

- Après la mort de mon père, je me suis battu pour devenir ce que je suis aujourd'hui. Ça a été toujours difficile pour moi mais j'étais déterminé à réussir et à venger mon père. C'est pourquoi j'ai mis tout en œuvre pour faire de toi ma femme...

 

- Donc...tu avais tout prévu ? Même notre rencontre ce soir-là ? demandais-je abasourdie.

 

- Oui, j'avais tout prévu Mica. Te rencontrer ce soir-là faisait partie de mon plan ; gagner ta confiance et celle de ton père faisaient également partie de mon plan ; et même t'épouser aussi. Tu sais, la souffrance et l'amertume qu'un père peut ressentir en voyant sa fille unique dans la souffrance est tellement grande. Il préférerait même mourir que de voir son enfant souffrir. C'est pourquoi j'avais prévu de ne pas l'attaquer directement, car je pouvais le faire aussi.  Mais j'ai préféré le toucher au travers toi.

 

Toute cette histoire commençait à me donner le tournis ; je ne sentais plus mes jambes ; puis mes yeux se sont alourdis...et j'ai fini par m'évanouir.

 

C'était dans le lit que je m'étais réveillée le lendemain matin. J'avais encore des petits maux de tête. L'histoire de la veille ne cessait de tourner dans ma petite tête.

 

Que devais-je faire ? Je ne cessais de me le demander.

 

Pourrais-je convaincre Aaron d'oublier cette histoire de vengeance ?

 

Comprendra t-il si je lui expliquais que c'était une erreur de ta part, papa ?

 

J'étais dans l'inquiétude totale.

 

Pour moi souffrir, n'était plus un calvaire car j'avais appris à vivre avec. Mais je pensais à ce qui pourrait en résulter de cette histoire de vengeance. Il m'est même arrivé de penser à tout te dire, père. Mais je me suis rappelée que c'est ce que Aaron voulait ; te faire souffrir au travers moi. Alors, j'ai préféré gardé tout ça pour moi.

 

J'étais assiégée par mes pensées lorsqu'Aaron entra avec un plateau contenant le petit déjeuner qu'il posa à ma table de chevet. J'étais surprise par son acte.

 

- Le docteur a dit que tu dois prendre des forces. Après avoir mangé, n'oublie pas de prendre les médicaments qui t'ont été prescrits, m'avait-il dit.

 

C'était sur ces mots qu'il avait pris sa veste et son sac et était parti au service.

J'espérais juste que je n'avais rien de grave. J'ai toutefois pris le petit déjeuner et ensuite j'ai pris les produits que j'avais trouvé sur la table. C'est après avoir avalé ces comprimés que je me suis rendue compte qu'il y avait d'autres papiers que l'ordonnance,  sur la table.

Quand j'ai déplié ces papiers et que j'ai lu les contenus, c'est là que je me suis rendue compte que... j'étais enceinte...

 

Je m'attendais à tout mais pas à cette nouvelle là.

Toute la journée je n'avais fait que réfléchir à cette situation. Je n'avais même pas mis pieds au dehors. Même ma belle-mère n'était pas venue me crier dessus ou m'insulter comme à son habitude, ce qui m'avait paru bizarre. Je n'étais pas prête pour avoir un enfant maintenant ; cependant je ne pouvais pas aussi interrompre la grossesse.

 

Aux environs de sept heures du soir, Aaron était de retour à la maison, ce qui m'a le plus encore surprise.

Aaron ne rentrait qu'à l'aube à la maison. Pourquoi alors ce changement si soudain ? m'étais-je demandé.

 

Étonnamment ce soir-là, ma belle-mère m'avait même interpellé pour venir dîner, elle qui ne voulait pas ne serait-ce qu'une seconde, sentir ma présence. Je trouvais leurs attitudes à tous les deux pas claires, mais cela ne m'avait pas empêché de manger ma nourriture et de retourner tranquillement dans ma chambre. Je n'avais rien à leur dire et eux non plus.

 

- Comment tu vas ? me demanda Aaron une fois dans notre chambre.

 

- Je vais bien.

 

- Ok...euh...je suppose que tu dois être très fatiguée. Je te laisse te reposer. Bonne nuit Mica.

 

- Bonne nuit, répondis-je calmement.

 

Je m'endormis mais tout en repensant à la journée qui venait de s'achever. C'était la première fois qu'Aaron m'avait souhaité « une bonne nuit ».

Est-ce que cet enfant que je porte pourrait-il changer quelque chose à ma situation actuelle ?

 

**

 

Ma grossesse évoluait très bien. Aaron avait changé positivement envers moi. Il rentrait tôt, il m'amenait faire des sorties et passait beaucoup de temps avec moi. Je ne manquais de rien. Au cours de cette période, j'ai même fini par l'aimer, en dépit de tout ce qu'il m'avait fait.

 

Puis un beau jour, j'accouchai une magnifique fille, Ciara.

C'était une joie pour nous tous ce jour-là.

 

Ciara grandissait de jour en jour et Aaron assumait parfaitement son rôle de père. Il me traitait mieux par rapport auparavant.

Un soir, nous étions sortis en famille Aaron, Ciara et moi. On avait passé un bon moment, mais je m'inquiétais toujours pour toi papa. J'avais peur de ce que Aaron pouvait te faire. Alors j'ai voulu en discuter avec lui.

 

- Euh...Aaron, tu penses quoi de nous ? lui avais-je demandé inquiète.

 

- Comment ça je pense quoi de nous ? Nous sommes maintenant une famille non ?

 

- Oui c'est vrai. Nous sommes une famille. C'est justement pour cela que nous devons oublier le passé Aaron ; s'il te plaît. Je sais que tu m'en veux et tu en veux également à mon père pour ce qui vous est arrivé ta mère et toi. Cependant, nous avons eu un enfant ensemble. Penses-tu que ce serait une bonne chose si nous vivons ainsi dans l'amertume ? Aaron, s'il te plaît...

 

- Aussi bizarre que ça puisse paraître, sache que je ne t'en veux plus Mica. En réfléchissant, j'ai fini par comprendre que te faire payer pour les erreurs de ton père était une injustice. Mica, je suis prêt à avancer avec toi et avec notre magnifique fille ; mais ne me demande pas de pardonner à ton père, parce que je ne pourrai pas le faire. Chaque nuit, sur ma couche, je ne cesse de revoir mon père fermer à jamais ses beaux yeux. Je suis désolé, mais c'est une promesse que j'ai faite à mon père et que je compte bien honorer.

 

A SUIVRE…

Ecrit par DEBORA_SYLVANA

 

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